Voilà un retour qui fera bien plaisir à ceux qui avaient eu la chance de découvrir les autrichiens de Core à l'époque de leur très bon et tout aussi méconnu Away. Honteusement catalogué au sein du mouvement néo par les quelques magazines qui avaient daignés leur consacrer un semblant d'attention, la formation n'était pas parvenue à sortir de l'anonymat malgré l'excellence de son premier disque et de son immanquable tube « The Angle ». Contrairement aux apparences qui les laissaient pour morts, les musiciens de Core préparaient depuis le retour du groupe dans l'ombre.
Une extraction du tombeau qui ne se sera pas faite sans mal, puisque nos gaillards auront tout de même laissé filer quatre longues années avant de pouvoir enfin nous proposer ce second jet. Entouré d'un artwork haut en couleurs s'accordant parfaitement avec l'été ensoleillé qui semble déjà pointer le bout de son nez, Perfect Summer rassure très rapidement quant à sa qualité, prouvant que l'inspiration n'a pas quittée un seul instant le trio au cours de cette longue période de silence radio. Certes, les autrichiens semblent avoir légèrement levé le pied de la pédale de saturation, et il s'avérera aujourd'hui véritablement impossible d'établir un quelconque parallèle avec le mouvement néo-metal. Core fait définitivement du rock'n'roll, et le fait toujours aussi bien. Avec Perfect Summer, le trio livre une bonne fournée de compositions qui tapent du pied, débordantes de mélodies ravageuses et d'accords rednecks suintants. Un enfilage de brûlots hard-rock et rythmés, sans écorchage de tympan en option, qui transportent en à peine quelques mesures dans un trou perdu à la nuit tombante. La moiteur d'un été texan semble avoir déteint sur la façon de jouer de l'ami Chris Harras (« Swallow », les sifflements traversant « Mexican Serenade ») lorsque l'électricité daigne traverser sa six-cordes. La production est crade, bien loin du déballage d'effets et de la puissance délivrée par les maîtres des ondes FM. Les musiciens donneraient presque l'impression de se tapir dans le salon, tant les incartades solistiques, loin d'une démonstration de technicité mais tout aussi intéressantes, apportent une impression de proximité.
Si Perfect Summer revêt déjà un aspect très mélodique dans ses compositions les plus lourdes et appuyées (« Hot In Herre », « Trip Enough », « A Million Miles ») Core flirte avec l'acoustique à maintes et maintes reprises, n'hésitant à aucun moment à débrancher le courant le temps des couplets pour le faire revenir quelques secondes plus tard sur le refrain. Les musiciens, libérés de toute obligation puisque distribués grâce à leur propre structure, naviguent astucieusement entre différentes eaux, ouvrant avec toupet ce Perfect Summer d'une ballade langoureuse (« Angel's Eyes ») et déviant à plusieurs occasions vers cet exercice auquel ils aiment se prêter en n'y faisant preuve d'aucun cliché. La voix mélancolique de Chris Harras s'adapte d'ailleurs parfaitement à ces deux variantes, le frontman habillant tout aussi bien les différentes instruments de tirades suaves et écorchées, radiant colère et hargne de son langage. Parfois soutenu par les chœurs chaleureux de ses collègues, le chanteur n'hésite pas à élever la voix qui en devient presque éraillée (le très bon « King's Phone »), mais ne donne à aucun moment dans le hurlement.
Perfect Summer est donc le disque parfait pour commencer l'été, tant celui-ci se montre propice à l'accompagnement des nombreuses soirées qui devraient ponctuer cette période de farniente. Mais au-delà de cette heureuse coïncidence, Core démontre surtout une nouvelle fois toute l'étendue de son talent. Et ce même s'il ne passera malheureusement peut-être pas outre le statut d'outsider.
.: Tracklist :.
01. Angel’s Eyes
02. Trip Enough
03. Don’t Let Us Down
04. Italian Stallion
05. Swallow
06. Perfect Summer
07. Mexican Serenade
08. Hot In Herre
09. Avalanche
10. Drifting
11. A Million Miles
12. King’s Phone