Qui aurait cru, au moment de la sortie d'American Idiot, que les évènements allaient tourner de cette façon là ? Quand, comme Green Day, on a eu le loisir de pondre des albums excellents et d'en vendre des caisses, d'être aussi connu que respecté, bref, d'avoir eu une carrière bien remplie, on était (légitimement) à mille lieues de s'imaginer qu'un tel rebondissement vienne secouer le monde de la musique mainstream. Considéré comme un « suicide commercial », l'album se révélera être un succès aussi massif que les morceaux qui le composent sont excellents. Green Day est revenu au sommet d'une sphère, sommet qu'il aura quitté pendant quelques années au profit d'autres mastodontes du punk-rock, et il ne compte plus le quitter. 21st Century Breakdown, sur le papier, à l'air d'avoir toutes les cartes en main pour réussir ce pari, qu'on est-il à la sortie des enceintes ?
Avec American Idiot, Green Day s'est risqué sur des sentiers qu'il n'avait pas essayé d'arpenter auparavant. Un album concept pour un groupe de punk-rock, peu de personnes se seraient risquées à tenter un coup pareil, mais au final, l'allégorie de lui-même et de la société que Billie Joe Amstrong dépeignait au fil de ces morceaux parfois alambiqués a marché du tonnerre. Premier disque a avoir la tâche plus qu'ardue à succéder à cette ère, 21st Century Breakdown tient le coup, et assure le boulot. Gloria et Christian, deux tourtereaux reflétant la jeunesse américaine et placés en tant que personnages centraux de l'oeuvre, sont donc clairement le reflet des fans du groupe, maintenant taxé de « U2 des jeunes ». Résultat : la sauce prend, mais on perd en désespoir, en intimité, en puissance émotionnelle. Mais on n'apprend pas à un vieux singe à faire la grimace, surtout quand le gorille s'appelle Green Day et qu'il a sorti ce qu'on a fait de mieux en hymnes pop-punk ces vingt dernières années. « Viva La Gloria » détonne sans étonner, mais ce disque recèlera des choses qu'on aurait pas soupçonné chez le trio. Un spectre stylistique élargi, voilà qui rafraîchit considérablement les choses, et impose Green Day non seulement comme un pilier du pop-punk, mais également du rock, au sens le plus classique et noble du terme. Écoutez « Peacemaker » et « Restless Heart Syndrome » (quoi, qui a dit « on diriait les Beatles » ?) et vous comprendrez. Après, bon, des fois, on touche un peu trop à la mièverie mal placée, « Last Night On Earth » en est un exemple parfait, ces moments étant heureusement assez peu nombreux. Et évidemment, les bombes d'énergie punk-rock sont légion, et bien que pas tout le temps convaincantes, elles définissent les racines du groupe, et charpentent la galette très efficacement.
Au final, 21st Century Breakdown est un autre très bon disque de Green Day. Oui, bon, au fond, c'était couru d'avance, après une carrière comme ça, on peut décemment pas se planter. Mais, pour ceux qui attendaient mieux, plus qu'American Idiot, désolé, ça sera pas pour aujourd'hui. Billie Joe et ses deux compères, après avoir hissé le punk-rock de campus à un niveau qu'on ne lui soupçonnait pas, recyclent un peu leur recettes, mais il le font si bien, on peut pas vraiment lui en vouloir. A écouter, sans en attendre trop.
.:Tracklist:.
1. Song Of The Century
2. 21st Century Breakdown
3. Know Your Enemy
4. ¡Viva la Gloria!
5. Before The Lobotomy
6. Christian's Inferno
7. Last Night On Earth
8. East Jesus Nowhere
9. Peacemaker
10. Last of the American Girls
11. Murder City
12. ¿Viva la Gloria? (Little Girl)
13. Restless Heart Syndrome
14. Horseshoes And Handgrenades
15. The Static Age
16. 21 Guns
17. American Eulogy
18. See The Light