S’il y a toujours eu en Omnium Gatherum un fort potentiel, l’arrivée d’un nouveau vocaliste sur leur précédent essai Stuck Here On Snakes Way avait partagée les opinions. Bien que les instrumentations n’amènent guère d’évolutions majeures, le timbre rompait avec ce à quoi le groupe avait habitué, marquant un nouveau départ pour la formation Finlandaise après plus de quatre années d’absence. Arrivée dans les rangs de Candlelight Records et line-up remodelé, de nouvelles bases permettant au sextet de relancer sa carrière sous les meilleures auspices. Ces derniers se voyant épaulés par une structure solide, il n’aura cette fois nécessité qu’un peu plus d’une année aux musiciens pour poser sur bandes ce quatrième album, nouvelle livraison qui vient propulser Omnium Gatherum à un niveau supérieur.
Malgré ses quelques petits défauts, Stuck Here On Snakes Way était annonciateur d’une formation sur laquelle il faudrait désormais compter dans les hautes sphères du death mélodique. The Redshift tend à combler toutes les attentes, Omnium Gatherum ayant évolué vers une écriture à l’efficacité redoutable, dangereusement addictive et diablement cohérente. Principal responsable des critiques formulées à l’encontre du groupe, le frontman Jukka Pelkonen témoigne d’ailleurs d’une plus grande expérience, ses lignes vocales s'avèrant mieux maîtrisées et plus variées que par le passé. L’intonation reste certes la même, mais le chant se montre moins hésitant, là ou quelques choix non complètement assumés (notamment sur le plan des rares interventions en clair) laissaient auparavant planer un certain sentiment de questionnement concernant la démarche à adopter. The Redshift n’a pourtant pas fait l’objet d’une révolution en profondeur, la balance vocale restant globalement la même. Pelkonen affiche une nette préférence pour un registre caverneux et puissant, tache pour laquelle il s’acquitte avec un coffre indiscutable (les deux compositions d’ouverture « Nail » et « Shadowkey »), mais donne par ailleurs naissance à des interventions en clair moins forcées. Ce dernier s’approche même à ces quelques occasions d’un registre grave proche du doom mélodique, et si la sur-exploitation du timbre montre vite ses limites à l’occasion d’une bien plate ballade (« Green Eyes »), l’alliance aux échappées teintées d’une sombre violence s’avère particulièrement réussie (« No Breaking Point »).
La dimension mélodique d’Omnium Gatherum gagne de ce fait sur The Redshift un territoire plus marqué, les musiciens ayant conçus des tissus instrumentaux riches et variés, certains morceaux avançant quasiment des envies progressistes aux encornures. Les claviers et les interventions digitales se taillent donc de plus conséquentes incartades (l’excellent « Chameleon Skin », meilleur morceau de l’album), sortant de leur dimension purement anecdotique pour imposer quelques mélodies particulièrement habiles, renforçant de ce fait grandement la propension des guitares à s’aventurer vers des horizons moins saturés. Les embardées en solo aèrent judicieusement The Redshift, qui bien que globalement moins énervé demeure par ailleurs pleinement inscrit dans la continuité des précédents essais d’Omnium Gatherum. Si les Finlandais parviennent en effet à développer avec brio leur goût prononcé pour les mélodies, ce nouvel opus n’en reste pas moins viscéralement poignant et furieusement death. La saturation jouissive se montre toujours au rendez-vous, les deux tenants des six-cordes gardant intacte leur faculté à broder des structures ponctuées de riffs ultra-catchy et efficaces (« The Redshifter », « No Breaking Point »). Seules deux compositions plus moyennes viennent briser le rythme soutenu de The Redshift (« Green Eyes » ainsi que l’instrumental « Song For December »), fait d’autant plus dommageable qu’un unique titre s’insinue entre ces dernières.
Efficace et maîtrisé, The Redshift représente à ce jour la meilleure copie des Finlandais. Un disque riche, qui démontre d’une belle évolution pour Omnium Gatherum. Là ou d’autres se montrent incapables de renouvellement, le sextet a su prendre en compte ses défauts pour livrer un album enivrant et soigné.
.: Tracklist :.
01. Nail
02. Shadowkey
03. Chameleon Skin
04. No breaking Point
05. The Return
06. Shapes on Shades
07. The Redshifter
08. Green Eyes
09. The second Flame
10. Song for December
11. Distant Light Highway