D'ordinaire, lorsque un disque arrive en rayonnages tamponné du logo Earache, on peut s'attendre à ce que le contenu se révèle bruyant, voire même très bruyant. Mortiis est un peu l'exception qui confirme la règle. La formation Norvégienne fait bien un beau raffut, mais d'une autre manière, en proposant depuis maintenant six albums une techno metal transe assez spéciale. L'électronique étant déjà plus que présent dans les productions passées du groupe, l'expectative d'un disque de remixes avait de quoi laisser sceptique.
A première vue, celui qui ne connaît pas parfaitement les disques de Mortiis n'y verra guère de grande différence. A contrario des nombreuses relectures proposées par un groupe comme Nine Inch Nails, qui amènent quasi-toutes une vision quasi-différente du morceau, Some Kind Of Heroin demeure pleinement dans la veine de ce que pourrait proposer les quatre zombies sur leur prochain opus. L'électronique se mêle toujours avec habilité avec de gros et velus accords de guitare, le groupe ayant comme habitude de pondre à la chaîne des brûlots aussi bien calibrés pour les dancefloors que pour les fosses virulentes. Le fait de mélanger une dose aussi massive d'électronique avec des éléments rock'n'roll, de bourrer jusqu'à la moelle des instrumentations de samples et d'effets étranges avec un son de guitare qui tache avait déjà de quoi surprendre, voire rebuter. En livrant l'intégralité de son dernier essai en date (The Grudge) à différents savants fous des platines, Mortiis va encore plus loin dans les triturages soniques. Car Some Kind Of Heroin sonne au final bien plus électronique que rock'n'roll, et c'est bien là le véritable intérêt de ce disque. La guitare n'a pas fait que reculer, elle a effectuée un véritable bond en arrière, et se cache le temps de seize relectures largement derrière une pelleté d'effets et de samples.
Malgré la présence de plusieurs remixes d'une même composition, Some Kind Of Heroin ne donne que rarement l'impression de se répéter, chaque invité ayant réussi à instaurer une ambiance propre à chaque morceau. On passe en effet d'un tempo épileptique mené par une batterie bloquée à la vitesse maximum et accompagnée d'un riff bien bourrin (le Therafuck Remix de « Decadent & Desperate » par Dope Stars) à une vision bien plus légère qui supprime presque totalement du menu les instruments de base pour imposer les machines en maître étalon (la relecture par Kubrick de « The Grudge »). Néanmoins, la dimension sombre, nocturne et décadente de Mortiis demeure bien présente, et encore plus particulièrement lorsque le groupe se met à flirter avec un EBM proche de formations comme Hocico ou Amduscia (la version de « Broken Skin » revue et corrigée par XP8). Une plus grande variété d'effets apposés sur les tirades de chant aurait été bienvenue, celles-ci ayant été quasiment conservées dans leurs versions originales ou tout simplement retirées sur certains passages. Quelques assez rares chœurs féminins viendront cependant se greffer de ci et là avec plus ou moins d'intérêt.
Au final, Some Kind Of Heroin est bien loin de l'indispensable, chose presque impensable pour un disque intégralement composé de remixes. Néanmoins, il s'avère bien loin des relectures insupportables bien souvent proposées. Varié et plaisant. Pourquoi pas.
.: Tracklist :.
01. Underdog (Zombie Girl Remix)
02. The Grudge (Gothminister Remix)
03. Twist The Knife (The Gibbering Mix by Implant)
04. Broken Skin feat. Stephan Groth (Septic Wound Mix by XP8)
05. The Grudge (Mental Siege Mix)
06. Gibber (PIG Remix)
07. Way Too Wicked (Psychotic Comatose Mix by The Kovenant)
08. Gibber (Lysergic Club Mix by Velvet Acid Christ)
09. The Worst In Me (Girls Under Glass Mix)
10. The Grudge (David Wallace Remix)
11. Broken Skin feat. Stephan Groth (Funker Vogt Remix)
12. The Grudge (Emotional Heresy by Kubrick)
13. Decadent & Desperate (Therafuck Remix by Dope Stars)
14. Gibber (Gibbering Idiot)
15. Way Too Wicked (Absinthium Mix)
16. The Worst In Me (Extraction Mix by In The Nursery)