Il n’aura pas fallu longtemps aux allemands de Jesus On Extasy pour composer et enregistrer le successeur du remarqué Holy Beauty. Un peu moins de douze mois, période de latence durant laquelle Ophelia Dax aura de son côté multipliée les projets (dont un disque plus que réussi publié sous le nom de Leandra), la composition s’articulant de toute façon autour des frères Deveraux. Mais si les sorties aussi rapprochées se font rares et souvent médiocres, Beloved Enemy s’en sort lui avec les honneurs.
Ceux qui avaient accrochés à l’ultra-catchy Holy Beauty se trouveront avec ce nouvel album en terrain connu. Car si ce second opus n’a pas à pâtir d’une quelconque baisse de régime due à une composition opérée dans l’urgence, celui-ci ne présente absolument aucune nouveauté à un style qui ne brillait déjà pas par son originalité. Le quintet reprend simplement les choses là ou il les avait laissées, témoignant jusqu’à dans son artwork (une nouvelle fois superbe) d’un lien plus que significatif avec son premier essai. Et pourtant, Jesus On Extasy parvient à capturer sa proie dans son irrésistible toile en à peine plus d’un morceau (l’excellent titre éponyme d’ouverture), présentant une nouvelle fois un réel talent de composition lorsqu’il s’agit de pondre du hit entraînant à la chaîne. A ce niveau, Beloved Enemy laisserait même presque son grand frère sur le carreau, tant ces treize nouvelles pépites se montrent calibrées et aguicheuses (difficile de résister à des tubes de la trempe de « The Last Day Of My Life » ou « Direct Injection »). Toujours inscrit dans la mouvance rock’n’glam d’un The Birthday Massacre renforcé à grandes louches de Marilyn Manson, Jesus On Extasy parvient à équilibrer sa formule électro-rock dansant à merveille, proposant au passage un mix tout simplement énorme de puissance. Beloved Enemy conserve toute la facilité d’accès dont témoignait Holy Beauty, présentant une dose de riffs explosifs derrière des nappes de samples et claviers hypnotiques (« Break You Apart », le premier single « Stay With Me »), assurant comme à l’accoutumée un calibrage parfait pour les dancefloors gothiques.
Les six-cordes assurées par Chai Deveraux et sa compère Alicia Vayne s’effacent donc afin de laisser les interventions synthétiques d’Ophelia Dax instaurer des ambiances sombres, froides et enivrante, certes parfaitement inscrites dans un mouvement gothique trendy mais néanmoins très efficaces (« Sometimes », unique ballade mid-tempo refermant la marche sur un air mélancolique de piano). Le tout s’avère plus maîtrisé que sur Holy Beauty, la musicienne évitant cette fois-ci de se perdre vers des éléments quasi-technoïdes peu cohérents avec l’esprit Jesus On Extasy. Les riffs ne demeurent cependant pas uniquement anecdotiques, et viennent véritablement dynamiter une brochette de refrains entêtants et mémorisables en à peine plus d’une écoute (« Beloved Enemy », « Lies » et son intro explosive), même si globalement on dénotera une lourdeur revue légèrement à la baisse. Les tirades de Dorian Deveraux sont pour leur part une nouvelle fois très soignées, son timbre satiné passant comme une lettre à la poste. Le gaillard ne se fend une nouvelle fois d’aucune dérive vers les hurlements rageurs, préférant un chant clair mélancolique toujours très juste et parfaitement adapté à la dimension dansante des instrumentations.
Sans faire preuve d’une réelle évolution, Jesus On Extasy se fend d’un second opus entraînant de bout en bout. Le quintet se base sur ses acquis, mais la qualité de l’ensemble n’en pâtit à aucun moment. Etant donné la productivité dont témoignent les Allemands, l’exploit mérite d’être salué.
.: Tracklist :.
01. Beloved Enemy
02. Change The World
03. Direct Injection
04. Stay With Me
05. Stuck
06. Break You Apart
07. Lies
08. The Last Day Of My Life
09. You Don’t Know Anything
10. Dead Presidents
11. Falling
12. Church Of Extasy
13. Sometimes