Formé au cours de l’année 2000, Homestell aura quand même pris cinq longues années pour donner forme et se lancer dans l’enregistrement de ce tout premier album. La formation n’a cependant pas passée son temps à se tourner les pouces et a déjà à son actif deux démos, un split, ainsi que bon nombre de kilomètres bouffés afin de se produire en live. Des efforts qui payent aujourd’hui, puisqu’en plus d’être distribué sur le territoire Français, ce Désillusions le sera également outre-Atlantique via Malicious Intest Records.
Alors, quid de cette nouvelle production issue de la scène underground de Laval ? Niveau déflagration sonore, quelques secondes suffisent à prouver que Homestell n’aura pas à souffrir la comparaison avec des locomotives de la trempe de Hatebreed. Preuve qu’il n’est pas forcément nécessaire de disposer de gros moyens pour s’offrir une production digne de ce nom, les cinq musiciens posent sur bandes douze compositions témoignant d’un son dopé aux amphétamines (« Zone 0 », l’explosif « Lettre Humaine »). Mieux vaut prendre une bonne bouffée d’oxygène au cours de la brève introduction, car Homestell garde par la suite la tête dans le guidon quarante-cinq minutes durant. On l’aura compris, Désillusions ne fait pas dans la finesse, écrasant l’auditeur sous un bloc de béton deathcore qui rappelle furieusement des formations telles que les regrettés Nostromo ou All Shall Perish, tout en restant néanmoins plus accessible qu’un Inside Conflict. Car si Homestell envoie le boulet sans aucun compromis au niveau de la brutalité de ses instrumentations, Désillusions s’avère très loin de présenter un quelconque sentiment de répétition. Peut-être légèrement moins compact que chez une majeure partie de groupes traditionnels hardcores, les morceaux y gagnent indiscutablement en facilité d’écoute, ceux-ci présentant en général quelques éléments permettant d’aérer leurs structures.
La paire de guitaristes se révèle particulièrement inventive et loin de se limiter au riff de base matraqué sur trois longues minutes, les plans de six-cordes sachant se faire à quelques occasions moins appuyés, sans pour autant calmer la tempête toutes les trente secondes (la conclusion presque aérienne de « Damné », le break de « Feel It »). Techniquement bien rodées, les instrumentations font preuve d’une vélocité à toute épreuve, la batterie cimentant le tout de breaks assassins ainsi que d’une utilisation de double-pédale intempestive. Homestell ne cherche à aucun moment à glisser un quelconque élément plus radiophonique, comme en témoigne les lignes vocales de Yosh. Le chant clair n’ose même pas pointer le bout de son nez à l’horizon, le leader optant pour un aboyage incessant et virulent de textes en Français. Reste que celui-ci maitrise son art à la perfection, à tel point de parfois donner l’impression d’avoir à faire à deux vocalistes différents. Alors lorsqu’un invité vient se greffer à cette bande de joyeux drilles (Kéké de Trepalium sur « Désillusions » et Martin de Kevorkia pour « Feel It »), la fête n’en est que plus folle. Malgré le timbre employé, les voix restent de plus assez claires, on en vient même parfois à saisir des brides de paroles, c’est dire !
Désillusions est donc un premier album hautement abrasif et tout aussi inspiré. Un très bon essai, pour un groupe qui aura patiemment attendu son heure. Il n’en fallait pas plus pour permettre à Homestell l’accès dans la cour des grands du hardcore Français.
.: Tracklist :.
01. Intro
02. Damnés
03. Désillusions
04. Sur La Fin
05. Lettre Humaine
06. Feel It
07. Equilibrium
08. Zone 0
09. Danse Macabre
10. Abhaya
11. Vautours