Voici venir une toute nouvelle signature de chez Relapse Records avec un premier opus que l’on imagine sans concession, réputation du label oblige. Coliseum fait donc une entrée remarquée sur le devant de la scène avec treize compositions bien couillues réunies derrière un artwork léché qui pourrait laisser penser une affiliation au mouvement metalcore. Un disque qui n’a au final rien à voir avec cet effet de mode.
S’il reste bien plus agressif dans son ensemble, No Salvation rappelle inévitablement les premiers efforts studios posés sur bandes par un Casey Chaos déchaîné sous le nom d’Amen. Coliseum se fiche bien des ingrédients à inclure dans sa musique pour plaire aux minettes, et accouche d’un ultra-concentré en électricité hautement dévastateur et défouloir, treize morceaux enregistrés avec les tripes et sans préoccupation mercantile aucune. Un véritable clash d’influences, savant mélange de punk old-school simpliste qui balance et de metal hardcore moderne sur-saturé écrasant. Un cocktail relevé, sauvage, détonant et surtout sans aucun temps mort, excepté peut-être une courte introduction de quelques notes qui laisse vite place à une succession de riffs velus en cascade (« Skyline Fucker », tout est dans la finesse du titre) ou encore une petite incartade moins épileptique de ci et là annonciatrice d’une inévitable et savoureuse montée tout en crescendo (« Funeral Line », l’un des meilleurs morceaux de ce No Salvation). Le trio conjugue avec brio le vieux avec le neuf afin de livrer une série de compositions qui misent absolument tout sur l’efficacité. Pour ce qui est de la variété des sentiments évoqués on sera aimablement priés d’aller jeter une oreille chez le voisin.
Coliseum habille uniquement ses morceaux d’une hargne presque salvatrice, qu’il s’agisse des instrumentations ou de la voix de leur frontman sur-excité, qui vient s’égosiller dans tous les sens du termes. Etant donné la vitesse avec laquelle ses petits camarades semblent vouloir mener la barque, le bonhomme avait plutôt intérêt à tenir la cadence et à beugler dans tous les recoins, et c’est heureusement avec un timbre arraché bien adapté à la situation qu’il s’acquitte de la tache. Les structures se voient en conséquence débarrassées de toute longueur inutile : le trio oublie donc les ponts instrumentaux et autres breaks ambiancés à rallonge et saugrenus dans pareille situation, Coliseum fait du pur « in your face » qui reste néanmoins de haute volée. Les riffs incisifs fusent dans tous les sens, accompagnés d’un jeu de batterie mitraillette qui envoie le bois avec insistance à grand renfort de roulements de toms fracassants avec savatage incessant de grosse caisse en prime (« The Fate Of Men », « Interceptor ») ainsi que de malheureusement trop rares backing vocals scandés (le très bon « Defeater »). Les dissonances maîtrisées sont par ailleurs bienvenues et contribuent à l’aspect chaotique de la chose, le groupe n’en abusant pas sur de trop longues durées.
Hautement accrocheur, No Salvation s’engouffre d’une traite et sans effort particulier de compréhension. Ce qui n’est pas synonyme d’un disque vite ingéré vite oublié, puisqu’on repousse bien volontiers la touche play en fin de course.
.: Tracklist :.
01. No Benefit
02. Defeater
03. The Fate Of Men
04. Seven Cities
05. Profetas
06. Shake It Off
07. Skyline Fucker
08. Funeral Line
09. White Religion
10. Interceptor
11. Fall Of The Pigs
12. Believer
13. The Burden