Cela fait maintenant un bon bout de temps que l’on entendait parler de Khundalini, formation du Var dont la chanteuse avait notamment collaborée avec Eths pour le titre le plus sombre et atmosphérique de l’album Soma. Déjà seize ans au compteur pour un groupe qui a longuement pensé et mûri ce véritable premier album (deux auto-productions l’ayant précédé), aujourd’hui distribué grâce à la structure Coriace, qui élargi son catalogue avec cette première production radicalement éloignée du milieu metal.
Car Deus In Machina n’a rien de la saturation et des déferlantes de riffs hargneux auxquels nous avaient habitués les autres membres du label marseillais. Certes, Khundalini pourrait s’approcher par certains aspect du rock’n’roll, mais l’ensemble s’avère au final bien plus varié, chaque morceau composant cet opus d’une originalité débordante amenant son lot de variété et de changements d’atmosphères. Subtil et raffiné, le son adopté par le quatuor opère une symbiose parfaite entre rock et sonorités électroniques, voire trip-hop, sans que l’un des genres ne puisse pour autant prendre le dessus sur un autre, rendant presque impossible un catalogage trop précis de la musique proposée. C’est bien là le principal atout de Deus In Machina, évoquer des modèles éclectiques (Portishead en tête, Björk sur certains autres aspects ou Shane Cough pour rester dans le répertoire français) tout en évitant de tomber dans le dangereux piège du « déjà entendu ». Infiniment travaillés, les arrangements se veulent résolument sombres, sentiment grandement renforcé par la présence dominante des ambiances satinées de boucles et samples électroniques, composantes qui amènent un esprit très froid à l’ensemble (« Why », « Worry »).
Les tirades de guitare se voient remplacées dans la composition par une basse très saturée et lourde, laissant le temps à l’auditeur de plonger dans un état quasi-comateux avant d’assener quelques notes assomantes qui amènent les compositions vers un tout autre horizon (« Against », l’excellent « Shaman » qui prend une toute autre tournure passée la première minute ). La section rythmique a également été placée en avant au niveau de l’enregistrement, celle-ci renforçant le tissu des compositions d’un esprit presque robotique pour la batterie, les coups de grosse caisse résonant dans l’infini de façon parfois métronomique (« Why », « Rythme et Abstinence ») et d’une touche groovy pour la basse (« The True Me »). Perchée dans des stratosphères enivrantes, la beauté de la voix de Manoo hypnotise en à peine quelques envolées. Les effets adaptés au chant sont utilisés à bon escient et sans abus, n’influençant en rien le charme du registre vocal de la demoiselle qui parvient avec brio à insuffler une dose de rêve supplémentaire à un ensemble instrumental déjà hautement planant.
Envoûtant, Deus In Machina l’est incontestablement de la première à la dernière seconde. L’espoir placé en Khundalini se veut donc plus que confirmé, reste à espérer qu’il ne nous faille pas attendre autant d’années avant de voir arriver un jour la suite des tribulations musicales de ces quatre musiciens.
.: Tracklist :.
01. Mirroir
02. Against
03. Worry
04. The True Me
05. Childhood
06. Shining
07. Why
08. Rythme et Abstinence
09. Shaman
10. Darkness
11. Could You Learn
12. My Fear