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Chronique : Disiz la Peste – Disizilla

Disiz la Peste est un survivant. Dans un premier temps auteur d’un hip-hop 100% street, ce dernier aura su rebondir en multipliant les projets, en se risquant à l’expérimentation et en évoluant en dehors des sentiers battus. Si son album « cross-over » Dans le ventre du crocodile avait en son temps divisé son public, son récent Pacifique, sur lequel il s’émancipait des codes du rap, se profilait pour sa part comme une belle réussite. Disizilla s’inscrit pour sa part dans le même esprit, et offre à l’artiste l’occasion d’exploser de nouvelles couleurs musicales.

Disiz est définitivement en quête de liberté. Le bonhomme n’a clairement plus rien à prouver. Ses débuts l’ont inscrit aux côtés des cadors du hip-hop made in France, mais la suite de sa carrière tend clairement à prouver qu’il peut y avoir une légitimité à poursuivre une carrière à quarante piges et plus de dix albums au compteur. Inutile de chercher en ce Disizilla l’aspect vénèr et brut des débuts. Si Disiz a su s’illustrer avec brio dans un hip-hop assez classique avec son excellente trilogie Lucide entre 2012 et 2013 – bien que des titres comme « Pour l’homme » et « Complexité française » ne lorgnent clairement vers la pop » –, le trublion d’Evry construit aujourd’hui une identité musicale bien personnelle. La formule Disizilla est clairement décalée, bardée de pop-culture et de sonorités hétéroclites. Disiz s’adresse ici à la génération 2.0, celle capable de rider en écoutant du punk ou le Wu-Tang Clan, de se coltiner un enchaînement Nas / Nine Inch Nails avant d’attaquer le taf en chemise bien repassée ou plus simplement de faire ce qu’elle veut, quand elle veut. Disizilla est à ce titre hybride mais terriblement actuel.

Le disque est riche et foisonnant d’influences. Disiz y fait état d’un rap parfois cinématographique – les rappels à la culture japonaise et à ses kaïjus résonnent de ci et là –, protéiforme et habile. Loops électroniques, synthés rétro instaurant une ambiance à la Stranger Things, rythmiques langoureuses ou gros beats bien appuyés, Disiz n’écarte aucun terrain de jeu et adapte son flow en conséquence. Les éructions speed et furieuses font toujours leur petit effet – « Fuck l’époque » –, mais le MC se défend également plutôt bien lorsqu’il s’agit de verser dans un « hip-pop » nécessitant des phrasés chantés. Malgré la foule d’idées affichées au cours des seize titres qui composent le tracklisting de ce Disizilla, l’artiste parvient à conserver une cohérence, un esprit urbain en guise de fil rouge. Et le gonz’ affiche une aisance demeurée intacte à croquer son époque et ses problèmes sociaux – « Niquer la fac » – comme à s’amuser de sujet légers et fendards à travers ses lyrics. L’utilisation récurrente du vocoder pourra cependant rebuter les oreilles sensibles aux traitements électroniques / bidouillages des voix.

Les puristes appuieront clairement sur le fait que ce Disizilla n’est pas un disque de hip-hop. C’est plus ou moins vrai. Si Disiz poursuit son chemin sans tourner le dos au genre, celui-ci voit plus loin et affiche le souhait de faire de la musique sans s’imposer de barrières. L’album est atypique et hypnotique : laissez tomber l’étiquette et accordez lui sa chance.

Album disponible à compter du 14  septembre prochain via le label Polydor.

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