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Blood Incantation – Absolute Elsewhere

Le quatuor de Denver, Blood Incantation, nous embarque dans une odyssée sonore avec leur nouvel album Absolute Elsewhere, un véritable voyage brutal, psychédélique et métaphysique.

Depuis leurs débuts en 2011, ces pionniers du death metal progressif (et cosmique) n’ont jamais cessé de repousser les frontières du genre. Il faut bien l’admettre : leurs albums Starspawn (2016) et Hidden History of the Human Race (2019) sont désormais des classiques du death, toutes variantes confondues, que l’on aime ou non le groupe.

Avec leur nouvel opus, les américains fusionnent toujours plus leur amour pour les groupes allemands des années 70, à commencer par Tangerine Dream, Popol Vuh ou Amon Düül II, avec la brutalité du death metal américain pur jus. Mélange improbable sur le papier, c’est vrai… mais cette formule a redonné un coup de fouet à un genre, le death, qui supporte d’ailleurs très bien ce genre d’expérimentations. Paul Riedl (chant et guitare), Isaac Faulk (batterie), Morris Kolontyrsky (guitare) et Jeff Barrett (basse) offrent une expérience musicale aussi dense qu’hypnotique, mariant la folie profane du death metal à la splendeur surréaliste des grandes heures du krautrock. Leur effort est magistral, et prouve que le groupe reste le meilleur dans le domaine.

Dès les premières notes, Absolute Elsewhere vous plonge dans une atmosphère où les synthétiseurs new-age côtoient les riffs brutaux, une voie que Blood Incantation a déjà explorée sur ses disques plus expérimentaux, comme Luminescent Bridge (2023) et Timewave Zero (2022). Les influences des années 70 se mêlent à une esthétique rétrofuturiste, créant une œuvre en perpétuelle mutation, à la fois ultra-référencée et complètement unique. L’album, composé de deux titres fleuves subdivisés en « Tablettes » pour plus de lisibilité et pour évoquer dans l’imagination des auditeurs des mystères d’une ancienneté abyssale, atteint des sommets en termes de complexité et d’audace artistique. Ce n’est pas seulement un album, mais une véritable fresque sonore. Enregistré à Berlin, dans les légendaires Hansa Studios, où l’on retrouve encore des traces de Brian Eno et Tangerine Dream, Absolute Elsewhere suppure cette ambiance psychédélique, non-euclidienne, vertige des grands espaces au-delà de la compréhension humaine, tout en restant fermement ancré dans l’univers impitoyable du death metal.

Là où certains groupes cherchent à transcender le metal par une approche plus « haute culture », Blood Incantation préfère s’enfoncer encore plus dans les racines du genre, célébrant avec délectation son essence geek et ésotérique. Il y a un équilibre parfait entre la technicité impressionnante et l’évasion hypnotique. Le groupe alterne passages planants dignes du krautrock ou même de Pink Floyd avec des assauts sonores dignes de Morbid Angel. Les synthés qui traversent l’espace et les percussions envoûtantes nous rappellent que le groupe ne craint pas d’explorer des territoires sonores inconnus.

La virtuosité, certes présente, est ici utilisée au service de l’immersion, et non de la démonstration. Chaque riff, chaque solo semble avoir un but précis, comme un voyageur suivant sa carte stellaire vers un point culminant. Les structures des morceaux sont aussi imprévisibles que maîtrisées : une fausse accalmie nous amène à un déchaînement soudain, tandis que les envolées acoustiques d’un Mellotron nous ramènent à des harmonies cosmiques.

Mais au-delà de l’exploration sonore, c’est la théâtralité qui impressionne. Riedl, avec son growl presque chamanique, incarne une figure de sorcier métallique, hurlant des vérités cosmiques au milieu d’une tempête de riffs. Certaines séquences, presque absurdes dans leur exécution — un solo de synthé ici, un cri d’outre-tombe là — ajoutent une touche d’irrévérence jubilatoire à cet album ambitieux.

Finalement, Absolute Elsewhere parvient à fusionner des références classiques du prog avec la brutalité du death, tout en gardant une identité propre. Chaque note est pensée pour vous plonger dans un autre monde, une autre dimension où l’obscurité et la lumière se mélangent.

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Tracklist

1. »The Stargate »

  • I. « The Stargate [Tablet I] » – 8:20
  • II. « The Stargate [Tablet II] » – 5:08
  • III. « The Stargate [Tablet III] » – 6:50″

2. »The Message »

  • I. « The Message [Tablet I] » – 5:56
  • II. « The Message [Tablet II] » – 5:58
  • III. « The Message [Tablet III] » – 11:27

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