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Interview : Jonathan Jeremiah

S’il faut d’autres preuves que Jonathan Jeremiah ait découvert le monde à travers des cassettes d’occasion et des sessions d’écoute avec ses parents, « Oh, Desire » en est certainement l’argument décisif. Il nous présente une vision unique et raffinée de l’artiste moderne construite sur des fondations traditionnelles et une capacité à assimiler des influences sans se fier au bouton « copie ». Venez vivre la soul authentique de Jonathan Jeremiah quand il fera escale à la Rockhal à Esch/Belval (Luxembourg) le 11 mai 2015.

Tout commence et se termine sur une guitare jouée à la méthode du picking, garnie de cordes, tissant une mélodie qui annonce les richesses à venir et qui finalement se termine dans la satisfaction pure. Entre ces deux mouvements finaux se situe un voyage de treize morceaux qui oscillent entre soul, folk et country, nous présentant le County Tipperary, la géographie du sud de Londres, la volonté de s’évader et de s’échapper, l’amour, la perte, le désespoir et, encore plus cruel, le désir. Voilà « Oh Desire », le second album studio de Jonathan Jeremiah et son troisième disque de longue durée.

Le résultat en est une collection d’objets précieux empruntés qui sont liés par la voix riche et pleine de soul de Jonathan, mais aussi par son excellent jeu de guitare et son sens de l’unité qui parcoure ses sujets musicaux et lyriques, quel que soit le genre des chansons individuelles. Des relations familiales font surface dans « The Devil’s Hillside », une réminiscence aux histoires que sa mère lui racontait du « Devil’s Bit » situé près de sa maison natale dans le County Tipperary, en Irlande, un mont qui manque d’un morceau que le diable aurait mordu et craché sur la ville de Cashel selon une légende locale. Il nous en parle ici :

Bonjour Jonathan ! J’ai beaucoup écouté « Oh Desire » avant de t’appeler et la première chose que j’ai notée est qu’il est assez différent des albums précédents. Premièrement : la couverture qui est très épurée. Pourquoi ce choix ?

Bonjour Nathalie ! L’album en lui-même parle beaucoup de migrations et je pense que le fait d’avoir perdu mes parents y est pour quelque chose. Mon père venait d’Inde et ma mère d’Irlande, j’ai toujours eu l’impression d’être un immigré partout où j’allais à cause ou grâce à cela. C’est très étrange. Cet album est aussi beaucoup né sur la route donc j’avais envie de montrer mon côté peut-être plus aventureux et aussi montrer que j’aimais voyager. Cette couverture avec des oiseaux collait bien à tout ça. Je ne voulais pas mettre ma tête sur la pochette cette fois-ci. Je ne voulais pas que les gens soient distraits par ma grosse tête, mes gros yeux ou mon gros nez. Avec cet album, j’avais un message plus profond et peut-être plus personnel à délivrer cette fois-ci.

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Il y a trois pauses instrumentales sur cet album : au début, au milieu et à la fin. D’où vient cette idée ?

Inconsciemment cela vient peut-être de l’époque où j’étais encore très jeune et où je regardais des films avec mon père en Inde au milieu de la foule. En Inde c’était normal d’avoir de la musique avant, pendant et après un film. Cela permettait de parler avec ses amis, de réfléchir au film ou encore d’aller aux toilettes. Ce n’était pas intentionnel, l’idée m’est venue en composant. Je trouvais ça important d’incorporer des pauses. Peut-être pour permettre aux auditeurs de digérer mes chansons.

Comme tu disais tout à l’heure, quelques titres parlent de tes parents. Peux-tu nous parler de ceux qui parlent de ta mère spécifiquement ?

Oui, il y a « Wild Fire » et surtout « The Devil’s Hillside ». La première chanson parle des gens absents en règle générale, donc je ne parle pas que de ma mère, même si elle a été l’élément déclencheur. Je parle aussi de mon frère et de mes trois sœurs, comme on est un peu en froid en ce moment. Noël dernier a été le premier Noël que je ne fêtais pas en famille mais entre amis. C’était très bizarre. Concernant « The Devil’s Hillside » c’est une légende irlandaise que me racontait ma mère quand j’étais petit avant de m’endormir.

Ça ne te dérange pas de te livrer comme ça, sans tabous, dans tes chansons ?

Non, les morceaux, c’est fait pour ça. Je ne suis pas du genre à beaucoup réfléchir quand j’écris. Tous mes morceaux viennent du cœur et c’est un processus assez instantané. J’ai toujours la même approche que pour mon premier album : je ne chante pas pour un large public, je chante toujours pour une seule personne. J’essaie de m’adresse à chacun du mieux que je peux. Je ne suis pas du genre à diluer une chanson pour qu’elle soit moins personnelle. Je n’en vois pas l’intérêt d’ailleurs.

C’est ta définition du terme « Desire » dans le titre ?

Absolument. « Desire » c’est l’envie de partager des émotions. C’est ma vision de la musique aussi.

D’où te vient ce goût pour la musique ?

Là aussi, je ne peux que supposer, mais c’est sûrement à cause ou grâce à mon père. Il était électricien à la Wembley Arena à Londres. Il m’emmenait voir un peu tout en fait. C’était très éclectique. Lui, il écoutait beaucoup les crooners des années 1950, comme Frank Sinatra ou Dean Martin. C’était les trucs que lui pouvaient chanter aussi. Puis, il s’est mis les weekends à vendre des cassettes et vinyles à l’arrière de sa camionnette pour arrondir ses fins de mois. Souvent je finissais par récupérer les cassettes qui restaient et que personne ne voulait acheter. On écoutait aussi beaucoup de musique dans la voiture de mes parents. C’était des trucs comme du Motown par exemple.

Tu disais tout à l’heure que tu adorais voyager. Partir en tournée, c’est un peu des vacances pour toi alors ?

C’est un mélange de pleins de choses : c’est du boulot, de l’excitation et aussi beaucoup d’appréhension Mais oui, j’adore ça. J’aime rencontrer les gens après le concert et boire un verre avec eux. D’ailleurs il me semble que la dernière fois que j’ai joué au Luxembourg, ça s’est terminé comme ça. J’ai bu quelques verres avec des gens du public, puis on est parti dans un autre bar pas loin pour terminer la soirée.

Y a-t-il une salle que tu apprécies particulièrement ?

J’aime beaucoup le Paradiso à Amsterdam. Il y a toujours une ambiance particulière dans cette salle, je ne saurais pas t’expliquer ce que c’est mais c’est toujours là que je fais des concerts vraiment mémorables.

Pour finir une petite question rituelle : préfères-tu les Beatles ou les Rolling Stones? Et pourquoi ?

J’aime les Stones pour leur côté « je m’en fous ». Par contre j’ai dû apprendre pas mal de chansons des Beatles quand j’ai commencé à jouer de la guitare. Elles étaient très utiles pour apprendre les harmonies. Donc je ne sais pas trop… Aujourd’hui je vais choisir les Stones mais demain je pourrais tout aussi bien choisir autre chose. David Bowie par exemple.

 

 

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa pour Vacarm.net

 

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1 commentaire

legoff.laurent@gmail.com 21 avril 2015 at 15 h 03 min

Ca rejoint ma façon d’aborder la musique. super interview

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