C : Vous avez eu un parcours assez underground avant d'en arriver là, pouvez-vous nous le rappeler brièvement ?
Nico : On a commencé par faire des bœufs devant le magasin de musique de Yves qui est devenu notre sonorisateur. Puis on a fait des 1eres parties, notamment au Jimmy à bordeaux, et de fil en aiguille, on s'est professionnalisés puisqu'on est devenus intermittents du spectacle. Cela a tout de même pris 10 ans. Mais je considère que l'on fait toujours parti du circuit underground si ce mot a encore un sens dans la mesure ou l'on ne fait pas partie d'une major, et ou on a pas un accès privilégié au média du type télé ou grosses radios.
C : Vous avez pris une nouvelle direction avec W.I.C.K.E.D, cela montre-t-il qu'Improvisators Dub ne possède pas qu'une seule méthode pour composer ?
Quand on a commencé, on enregistrait les morceaux quasi finis, le mix ne faisait pas partie de la composition. Ensuite avec l'expérience, on a plus « rempli » les pistes pour s'en servir pour composer au mixage qui donnait la couleur et la structure du morceau. On peut ne garder que 10 secondes de 5 mns enregistrées.
C : Avez-vous eu une démarche artistique particulière pour cet album ?
On avait envie de revenir a un album plus dub après « super vocal… », mais les chants que nous ont proposés Ras I, Humble I et Asney nous ont donné envie de tout mettre, d'où un double album, vu que cela ne rentrait pas sur un simple. On avait aussi envie de séparer les dub des chants sur deux disques pour faire un disque de dub et un autre avec les versions chantées un peu comme un bonus.
C : Pourquoi avoir choisi cette branche « old school » et roots du dub alors qu'avant vous produisiez des sonorités plus modernes ?
Parce que les chants sonnent comme cela. De plus la place qu'ils prennent permet de faire des dub sans rajouter autre chose comme des samples qui font cette sonorité moderne. Ceci dit, je trouve que ce disque a une sonorité moderne, on ne peut pas se dire en l'écoutant qu'il a été fait dans les 70's. C'est un peu comme le dub anglais dit conscious actuel qui reste roots avec des sonorités modernes.
C : Quels sont vos objectifs désormais après la sortie de ce nouvel album ?
De préparer le prochain entre autre.
C : Selon vous, en quoi diffère un morceau d'Improvisators Dub entre la scène et l'album ?
Sur l'album, le morceau est figé, sur la scène, on a la liberté de l'étirer comme on veut, plus ou moins long, et de rajouter des choses que l'on a pas mis sur le disque, ou au contraire d'en retirer. C'est suivant l'envie du moment. {multithumb thumb_width=500 thumb_height=350}
C : La scène représente un moment particulier pour vous, peux-tu me décrire un concert d'Improvisators Dub ?
Cela dépend de l'endroit, du public et de l'humeur, ce qui fait que ce n'est jamais pareil. On a une préférence pour le plein-air ; Sinon on improvise sur nos versions avec tout ces facteurs.
C : Quelles émotions essayez-vous de faire passer à l'auditeur ?
On essaie de recréer une ambiance de sound-system, mais en live, en réagissant au public, en renvoyant la version…
C : Quel regard portez-vous sur votre pays en matière de musique ? Sur votre région ?
D'une manière générale et pour tout style de musique, on a la chance d'avoir plein de groupes de qualité, pas mal de concerts dans des conditions relativement bonnes avec une politique culturelle qui subventionne la culture, même si on peut dire que ce n'est ni assez, ni parfait.
C : La scène dub française est assez originale, on parle souvent de « phénomène français », êtes-vous en accord avec cela ?
La particularité de la scène dub française est d'être live. Il y a aussi beaucoup de dj's mais qui sont moins médiatisés certainement du fait que l'on a une culture plus de concerts que de sound-system.
C : Votre public est assez hétéroclite car très varié, peut-on parler de ça aussi comme un phénomène français ?
Ca, je ne saurais dire …
C : Comment expliquez-vous le fait que chaque groupe de dub même s'il est associé à cette appellation sonne d'une façon tout à fait différente d'un autre ? (la musique d'High Tone ne ressemble pas du tout à celle d'Improvisators Dub ou d'Ez3kiel alors que dans le rock ou le punk on retrouve des similitudes entre chaque groupe …)
Parce qu'aucun groupe ne fait vraiment la même musique. High tone ou Ez3kiel ne font pas vraiment du dub mais plus de l'electro, même s'ils ont des influences dub, ce n'est pas forcément leur influence première. Mais au début de tout ces groupes, tout le monde a été classé comme dub par commodité pour les journalistes qui ne savait pas vraiment quel style pouvait correspondre. Je pense aussi que chaque groupe s'est ensuite affirmé dans son style.
C : Le dub est une musique de studio et d'ingénieurs du son, avez-vous des fonctions dans ce genre de lieux en dehors du groupe ?
Chacun de nous a son petit jardin secret en dehors du groupe qui nous permet de faire autre chose, des projets plus perso. De plus l'expérience et les nouveaux produits comme les home-studio nous permettent d'avoir accès à ces techniques. Mais ce sont plutôt Yves, notre sonorisateur qui sonorise d'autres groupes, et Manutension, le guitariste qui mixe pour lui et remixe pour d'autres, qui correspondent à ta question.
C : Craignez-vous que le dub français prenne la voie du dub Jamaïquain pour devenir une musique de sound system qui se produisent en boite ? Pensez-vous que cela puisse se produire en France ?
Je ne suis déjà pas sûr que le dub soit une musique de boîte en Jamaïque, mais que ce soit plutôt le dance-hall, voire le hip-hop dan
s une forme de crossover, et je ne vois pas du tout ça comme ça en France. Ceci dit je ne pense pas.
C : Le dub est souvent considéré comme une branche musicale située à mi-chemin entre le reggae et l'electro, penses-tu que la notoriété et la créativité des groupes français en vogue actuellement nous écarte de ce stéréotype ?
Pour moi le dub vient exclusivement du reggae, et l'electro utilise certaines techniques et sonorité du dub, comme d'autres styles de musique d'ailleurs. Après il ne faudrait pas appeler dub ce qui ne l'est pas pour éviter les stéréotypes dont tu parles. La notoriété des groupes devrait permettre d'appeler éléctro ce qui l'est et dub ce qui l'est aussi, juste par rigueur, pas pour dire qu'une musique est mieux qu'une autre.
C : Qu'est ce qui fait la force de la scène française selon vous ?
Sa diversité et le fait qu'il y ait beaucoup de concerts …
C : Quel groupe vous a marqué récemment ? (sur scène / sur album)
Je pense à irration steppa qui pour moi est le meilleur de ce qui se fait en dub sur scène. Je les différencie des jah shakka et abba shanti qui ne sont pas des groupes, mais tout aussi excellents dans un autre registre, le sound-system pur et dur. Sur album, j'ai pas d'idées aujourd'hui.
C : Préféreriez-vous que les jeunes filles du premier rang pleurent ou s'évanouissent en vous voyant ?
Qu'elles se mettent au dernier rang, je suis trop sensible pour voir ça !