Baigner dans le milieu musical en tant que chroniqueur depuis quelques années peut engendrer de belles découvertes ou des déceptions. Au gré des concerts, interviews… on est amené à rencontrer des musiciens renommés, signés sur des majors tandis que d’autres ont une vision plus libre de leurs parcours artistique en désirant garder l’étiquette d’indépendance. D’autres groupes, inconnus du grand public essaient de sortir la tête de l’eau face au grand nombre de jeunes formations qui méritent d’être reconnu et apprécier du public en raison de leur talent. Les What About Penguins, jeune duo parisien au nom qui peut faire sourire essaie de battre de ses propres ailes pour se faire un nid dans le paysage musical français. Au lieu de se lancer bec baissé dans la banquise, Alex (guitare/chant) et Ugo (piano) ont décidé d’hiberner pendant quelques mois pour peaufiner leurs compositions pour être un jour prêt d’éclore face au grand public. Interview découverte de ce jeune duo aux compositions pop folk attachantes qui ne laissera surement pas de glace ceux qui écouteront leurs chansons.
Hervé : Il y a des groupes que l’on connaît par les radios, magasines et autres médias tandis que certains artistes sont découverts par le bouche à oreille. Personnellement les What About Penguins je vous connais depuis vos débuts par le biais de votre « ex » manageuse. On s’occupe tous les deux de groupes de musique et c’est ainsi que l’on s’est échangé nos myspaces. Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore pouvez vous expliquer la génèse de What About Penguins ?
Alex : J’étais dans un groupe de variété française avec qui j’écumais la scène bar. Je n’ai pas fait beaucoup de concerts avec ce groupe puis il s’est séparé et je me suis trouvé tout seul à faire de la musique. A ce moment là, j’ai retrouvé Ugo par le biais d’un cours de danse. Ugo m’a annoncé qu’il faisait du piano et m’a proposé de faire ensemble de la musique. Je suis venu faire une répétition avec lui et on a tout de suite accroché. On a joué de plus en plus ensemble. On a acheté du matériel pour faire de l’électro, RnB…on se cherchait un petit peu, on ne savait pas dans quel monde nous allions évoluer. Un jour je suis venu avec des compositions folk…
Ugo : Il est venu avec des compositions folk parce qu’il a connu Laura (ndrl : leur manageuse) et elle avait écouté ce que l’on faisait. Elle n’a pas du tout accroché sur les chansons mais plutôt sur la voix d’Alex. Elle lui a conseillé d’écouter de la folk comme Elliot Smith, Jeff buckley… pour voir si ça lui plaisait et de voir ce qu’il pouvait faire sur ce style musical. Il a écouté et a directement accroché à cette influence. Il a réfléchit et a travaillé sur de nouvelles chansons So Many Times, Life Animals et Ten O’clock. Il est venu à la maison et m’a fait écouter ces titres et de suite j’ai accroché. On a ensuite travaillé comme des malades. C’était du note par note et je n’avais pas vraiment d’expérience en groupe. Je savais jouer pas mal de choses sur des partitions mais la retranscription piano/guitare/voix je n’y arrivais pas trop. On a commencé au départ avec ces trois chansons…
Alex : J’étais autodidacte alors qu’Ugo avait tout une formation musicale. Il avait une technique largement supérieure à la mienne. Lorsque j’arrivais avec mes compositions souvent je jouais mais je ne savais pas ce que je faisais. C’était très bizarre car je jouais de la guitare sans vraiment savoir ce que je faisais. J’ai un peu appris à l’arrache. Du coup, j’ai essayé de rattraper mon retard au niveau du décryptage de partitions. Au départ comme l’a dit Ugo c’était assez laborieux car en trois mois nous avons travaillé que sur trois chansons. C’était vraiment du note par note. On cherchait la note de piano qui correspondait à la corde de guitare. Ensuite, on a crée le myspace avec comme bagage musical nos trois chansons. On a donc créé ce myspace et d’un coup, on est devenu plus productif parce que l’on s’est emporté dans cet univers, cette petite bulle que l’on s’était construite. Alors qu’en trois mois nous n’avions réalisé que trois chansons, là en deux mois on en a composé douze. On se voyait de plus en plus, ça nous a un peu submergé. {multithumb thumb_width=460 thumb_height=320}
Hervé : Vous avez décidé de changer radicalement de style de musique. Comment est venu ce changement ?
Ugo : En gros, on s’est rencontré dans un cours de hip-hop. Nos convergences musicales c’était du hip hop, du Rn’B, de la soul et du jazz.
Alex : Ce changement a mis du temps à venir. C’est par la mélodie que tout est arrivé. On a remarqué que les rythmes, les beats que l’on faisait en hip-hop ne marchaient pas trop dans le sens Rn’B. Ce qui ressortait de cette musique, c’était la mélodie et la recherche constante de celle-ci. Le fait d’écouter de nouveaux artistes m’a permis de lâcher mon clavier et mon ordinateur pour me mettre à la guitare. Ugo à lâcher son clavier maitre et s’est remis sur son piano à queue. D’un coup, ça a tout changé.
Ugo : Par exemple, ce soir nous n’avons pas fait cette version de Sunshine mais à la base, on a une version de Sunshine qui sort de cette musique que l’on faisait avant notre tournant musical. Je l’ai adapté en jazz et ça rend cent fois mieux. C’est vraiment l’exemple de cette transition entre ces deux styles de musique que l’on a fait et que l’on fait de nos jours.
Hervé : Vous avez quelques dates de concert sur Paris à votre actif. Comment s’est passé cette première date à l’extérieure de la capitale ?
Alex : Première date à l’extérieur. C’est très bizarre car on n’a pas réellement d’expérience mais à chaque fois on est très stressé…
Hervé : C’est normal car c’est vos toutes premières dates.
Alex : En général je suis stressé dix secondes avant et Ugo a un bon coup de stress deux heures avant le concert.
Hervé : Pourtant vous alliez l’air pas trop stressé pendant votre set.
Alex : Là, on n’était pas du tout stressé. On était très à l’aise. Je pense que c’est le fait de jouer dans une ville « étrangère » à Paris. On ne connaissait personne à Angers donc on n’avait pas trop de pression.
Hervé : Il n’y a pas un public qui attendait les What About Penguins sur Angers pour cette date ?
Alex : Nous ne sommes pas du tout connu sur Angers. A part par les amis d’Ugo.
Hervé : Au final, vous êtes contents de ce premier concert hors de votre base ?
Alex : Franchement, on a fait de petites erreurs mais je pense que l’on a fait un bon set.
Ugo : Je ne sais pas du tout si c’est le fait de jouer devant des gens inconnus ou peut être l’ambiance « provincial » que je trouve complètement différente de celle de Paris. L’ambiance est assez détendue, on nous laisse faire un peu plus faire ce que l’on veut. On met notre matériel et on balance la sauce.
Alex : A Paris, il commence vraiment à avoir du monde qui se déplace pour nous voir. Même si le concert à l’Abracadabar était seulement notre troisième date où il y avait pas mal d’amis, on a été très surpris qu’il y avait beaucoup de monde que l’on ne connaissait pas. Pour cette date, on était vraiment stressé. Il y a des gens qui viennent parce qu’ils entendent parler d’un concert, par le bouche à oreille… Il y avait vraiment un monde fou, on ne s’attendait pas du tout à avoir autant de monde. Ce soir, il y avait pas mal de monde mais nous avions moins la pression. C’était très détendu et on était plus concerné de savoir si ça allait plaire aux gens.
Ugo : Pour moi, je me sentais comme un outsider. On avait tout à gagner, on avait rien à perdre. Tout simplement. {multithumb thumb_width=460 thumb_height=320}
Hervé : Comment vous est venu l’idée de ce nom de groupe qui peut faire sourire, les What About Penguins ?
Alex : Tout simplement parce que l’on avait nos compositions pop/folk qui venaient de plus en plus et à un moment on s’est dit que l’on devait se trouver un nom pour monter un petit groupe.
Ugo : Il fallait que l’on trouve un nom de groupe pour officialiser notre travail.
Alex : Lorsque l’on a eu cinq, six chansons on a voulu officialiser la chose. J’étais avec ma cousine et on cherchait des noms. On voulait mettre un nom d’animal. On a sorti pleins de mots avec ma cousine… Purple Turtle, Blue Panda, Black Penguins… Et lorsque j’ai prononcé Black Penguins je me suis dit que c’était marrant. Puis j’ai dit What About Penguins ? Le soir même, j’avais rendez vous avec Ugo et je lui ai proposé trois noms. Ugo a directement accroché sur What About Penguins.
Hervé : Blue Panda aurait été trop proche de l’univers de Cocoon.
Alex : Exact mais Blue Panda est aussi une maison de production américaine. On a vérifié les noms sur internet pour être sur de ne pas avoir de problèmes au niveau des droits.
Hervé : Est ce que les What About Penguins est votre première expérience musicale ?
Alex : Au départ, j’étais dans un groupe de variété française qui portait le nom de Sabine.
Ugo : Pour tout ce qui est concert, c’est la première fois. En ce qui concerne la musique j’en ai fais avec Alex mais ce n’était pas grand chose.
Hervé : Comment se passe le travail de composition entre les penguins ?
Ugo : On travaille chacun de son coté. Alexandre par exemple c’est sous la douche. Il a une mélodie dans la tête, il sort de sa douche, il se sèche en speed, il prend ensuite sa guitare et recherche les accords (Rires !). Lorsque l’on se retrouve pour répéter, il me dit j’ai une nouvelle chanson ou je lui dis j’ai une nouvelle musique. On montre mutuellement ce que l’on a puis on accepte ou non ce que l’autre propose. Pour le moment il n’y a eu aucun refus
Alex : On sait vraiment ce qui plait à l’autre et du coup on a pas peur de montrer nos idées. Il sait que j’adore sa façon de jouer du piano jazzy. Je trouve que le piano c’est le plus bel instrument qu’il existe. Il sait très bien que les passages pop rock genre Coldplay où des choses assez jazzy comme Jamie Cullum, s’il a des morceaux dans ce style il ne va pas avoir peur de me la montrer.
Hervé : En ce moment vous êtes très productif. Votre répertoire ne cesse d’être agrémenter de nouvelles chansons.
Alex : Oui en ce moment nous sommes très productifs. Aujourd’hui je pense que l’on a une trentaine de chansons dans notre répertoire. Il y en a vingt qui sont prêtes à jouer à deux.
Hervé : Et le reste des chansons ?
Ugo : Les dernières chansons nous n’avons pas eu le temps de bien les travailler.
Hervé : Quels sont les thèmes que vous abordez dans vos textes ?
Alex : Ah les thèmes !
Hervé : Je sais c’est une question basique (Rires !)
Alex : Mais elle est très importante. Les textes parlent beaucoup de filles (Rires !). Soit on parle de filles dans la forme très impulsive de la chose c’est à dire les pulsions qu’un jeune homme de 22 ans peut avoir. Soit dans le sens très romantique. J’ai vécu une histoire qui m’a bouleversé. Je suis quelqu’un qui se réserve beaucoup au niveau de l’amour. L’histoire que j’ai connu m’a déchiré en deux et tu vois j’en écrit encore des chansons tellement ça m’a déboussolé…
Ce passage où l’émotion nous prenait à la gorge sur ces mots d’Alexandre dans le Jam Club se met en fond sonore le refrain de la chanson Babylone…
Alex : Comment casser un passage émouvant, être décrédibiliser lorsque l’on veut être sincère, mettez du Babylone…
L’interview étant trop longue, la suite de cet entretien sera mis en ligne dans quelques jours.