The Shaking Heads, groupe de rock garage toulousain était de passage à la Scène Michelet de Nantes pour défendre leur premier opus How To Entertain People In a Paranoîd City . Occasion pour Vacarm de se rendre à ce concert pour voir de nos propres yeux tout le bien que l'on pensait d'eux. Nous ne nous sommes pas arrêté à leur pochette qui ne donne pas réellement envie de nous attarder à leurs compositions et heureusement car leur album est un véritable condensé de titres énergiques. Après leur passage live, on rencontre Sam Wilmott (chant/guitare), Julien Rubio (guitare), Xavier Gauduel (batterie) et Florian Miller (basse) pour parler d' How To Entertain People In a Paranoid City, leur première tuerie musicale…
Hervé: Pouvez vous faire une présentation de The Shaking Heads? Qui est à la base de ce projet musical?
Julien: A la base du projet musical, il y a moi même, Julien (guitariste) et Samuel ici présent, chanteur et songwriter des Shaking Heads. On s'est rencontré par une annonce sur internet parce que nous souhaitions monter un groupe de garage rock… (les derniers mots avaient un fort accent toulousain)
Samuel: L'accent toulousain est de sortie (Rires!)
Julien: Sortons nos origines au grand jour ! Nous souhaitions monter un groupe de garage rock, j'avais quelques compositions tout comme Samuel. Nous avons travaillé tout les deux pendant un an et lorsque nous avions une quinzaine de morceaux, nous avons décidé d'intégrer nos deux collègues, Xavier (batterie) et Florian (basse) pour vivre l'aventure en tant que groupe au complet.
Hervé: Et cela fait combien de temps que tout le monde est réuni?
Sam: Deux ans je pense?
Xavier: On a fêté nos deux ans le 1er décembre donc nous sommes ensemble depuis deux ans et trois mois.
Hervé: Est ce que The Shaking Heads est votre première expérience musicale?
Julien: Non !
Xavier: Non! Sauf pour notre ami Samuel.
Sam: Shaking Heads est mon premier groupe.
Hervé: Julien, les premiers groupes avec qui tu as joué, c'était des groupes de Toulouse?
Julien: Oui de Toulouse!
Hervé: Et dans le même style musical que les Shaking Heads?
Julien: Pas vraiment. Il y avait toujours une base rock mais je suis passé par des phases que l'on ne pourra pas raconter (Rires!)
Hervé: Quels sont les groupes ou artistes qui font l'identité musicale des Shaking Heads aujourd'hui
Sam: Ah ! Arctic Monkeys et les Hives sont les deux principales influences du groupe. Elles sont communes à tous les membres des Shaking Heads…
Julien: Je confirme que les Arctic Monkeys et les Hives sont les deux plus grosses influences de notre groupe.
Sam: Mais nous pouvons rajouter à la liste Rage Against The Machine qui faut aussi l'unanimité dans le groupe. Après, on peut nommer les Strokes, les Wombats, les Kinks…Tous les groupes qui ont fait partie entre guillemets du renouveau du rock dans les années 2000.
Hervé: Et le dernier album d'Alex Turner et sa bande, Humbug, vous en pensez quoi?
Julien: Je le trouve excellent !
Sam: Personnellement, j'ai eu beaucoup de mal au début mais après plusieurs écoutes, je trouve que cet album est vraiment très bien. Il n'arrivera jamais à la cheville du tout premier qui a été une grosse claque pour moi. Cet avis n'est pas partagé par tout le monde.
Xavier: J'ai été très déçu par cet album.Je ne retrouve pas l'esprit des Arctic et je trouve qu'ils se sont perdu avec cet opus. Ils essaient de se fondre dans une mouvance. Je pense que le travail de Josh Homme les a complêtement planté.
Hervé: Franchement lorsque l'artwork de votre album, je croyais que j'allais écouter un groupe de rockabilly. Pourquoi ce choix de pochette assez old school ?
Julien: On voulait quelque chose de décalé. L'idée de décalage et de second degrés était importante. Puis cette photo renvoie à une période qui peut nous confronter à la naissance du rock, un rock rythmique et énergique, ce qui nous correspond…
Sam: On voulait éviter aussi le cliché des groupes qui posent sur leur album.Il y a beaucoup de gens qui nous demandent pourquoi nous ne sommes pas sur la pochette.
Florian: Il y a même des gens qui croient que nous sommes sur la photo de l'album (Rires!)
Sam: On voulait vraiment éviter ce cliché et créer un décalage entre la photo et notre musique. Je pense que c'est plutôt réussi pour le coup.
Hervé: Comment définiriez vous votre style rock énergique ?
Julien: On en parlait tout à l'heure mais maintenant nous avons du mal à définir notre musique avec l'évolution que nous avons eu pendant un certain temps. En général, on parle de garage rock mais avec nos nouvelles compositions, nous avons du mal à nous cibler.
Sam: Les dernières compositions nous emmènent dans un son plus lourd, limite stoner et ça va te parler vu que tu manages un groupe de stoner rock mais nous ne sommes pas dans un style propre…
Florian: Un peu grunge..
Xavier: Un peu punk !
Julien: C'est vrai qu'il y a une bonne base punk, bien digérée mais elle est présente.
Sam: Ce qui revient toujours, c'est l'idée couplet/refrain avec un refrain qui reste bien dans la tête. Par rapport à nos premières compositions, c'est de plus en plus élaboré, il y a une évolution. Di deuxième album il y a et nous l'espérons, je pense qu'il sera plus travaillé et différent
Julien: Différent surtout dans la mesure où la composition, nous la travaillons à quatre. Peut être que de cette façon, les influences personnelles se font de plus en plus ressentir dans l'approche des titres et de l'écriture. Du coup, c'est peut être un peu difficile de nous mettre dans une case bien particulière.
Sam: Finalement, ce n'est peut être pas plus mal. On aime bien l'idée que l'on a du mal à nous définir.
Hervé: A la base, il n'y avait que Julien qui composait les morceaux des Shaking?
Sam: A la base, les premiers morceaux ont été réalisé par Julien et moi. Mais de plus en plus, nous travaillons à quatre pour la composition.
Hervé: Un premier Ep Remember The Name a vu le jour fin 2007, pensez vous que l'étape Ep est nécessaire de nos jours pour se faire reconnaitre? Difficile de sortir direct un opus…
Sam: Nous sommes allés assez vite car nous avons sorti l'Ep et dans la foulée l'album. Il nous a beaucoup aidé pour démarcher, faire des concerts… Mais est ce que c'est indispensable? Je ne sais pas.
Julien: On est plutôt dans l'optique d'un deuxième album que de ressortir un Ep.
Sam: L'Ep était surtout utile avant la sortie du premier album.
Hervé: Désormais les Shaking Heads sont lancés, vous n'avez pas besoin de repasser par un nouvel Ep pour un second opus.
Julien: L'Ep a été notre premier outil pour le démarchage.
Hervé: Parlons de ce premier album How To Entertain People In A Paranoid City. Disponible depuis janvier 2009, comment est recu ce premier album des Shaking Heads par la presse spécialisée et le public?
Sam: Au sujet de l'album, il est sorti confidentielement en janvier 2009 et ensuite nous avons signé avec Mozaic Distribution. Ils nous ont permis de sortir l'album sur le plan national dans les Fnac et compagnies. La sortie de l'album s'est faite en deux temps. Nous avons eu quelques petites chroniques forts sympathique dans Rock'N Folk, les Inrocks…
Xavier: La première sortie de l'album était en réalité une vente confidentielle à la fin de nos concerts. C'était donc les personnes qui nous suivaient et qui avaient eu accès à l'Ep qui nous ont fait leurs premiers retours et ils étaient positifs. La presse toulousaine nous avait écrite de bons papiers mais sur le plan national comme Rock'N Folk, Télérama… L'album tourne nettement plus depuis sa sortie nationale, il touche plus de monde.
Julien: Pour le moment, les échos de la presse sont plutôt bons…
Xavier: On a eu que de bonnes critiques donc on peut s'attendre à recevoir une critique dégueulasse qui va nous tomber sur le coin de la gueule!
Hervé: En tout cas ma chronique sur cet album sera positive.
Xavier: Ecoute, fais du bon boulot et Dieu te remerciera (Rires!)
Hervé: How To Entertain People a entièrement été autoproduit?
Xavier: Tout à fait, à 100%!
Hervé: Vous avez essayé de démarcher auprès des labels?
Julien: Pour ce coup-ci, nous n'avons pas démarcher auprès des maisons de disques. A l'époque où nous l'avions fait, nous ne voulions pas le sortir autrement qu'autoproduit.
Xavier: C'était un état d'esprit car nous l'avions enregistré avec la thune que nous avions gagné avec nos concerts dans la région de Toulouse et ses environs. C'était une ligne de conduite que nous voulions garder, le sortir par nos moyens, garder le contrôle sur l'album…
Julien: C'était notre première expérience de studio même si nous avions déjà mis les pieds brièvement à une certaine période, on peut dire que cet enregistrement est notre première vraie expérience de studio.
Xavier: Il y avait surtout aucune prise de tête. Nous ne nous sommes pas dit dans nos têtes que nous allions toucher Universal.
Julien: Cet album est en fait une photo à l'instant « t » du groupe!
Sam: Par contre avec le deuxième album, nous aimerions toucher Universal. Idéalement, nous voudrions être soutenu par un label.
Julien: Cet album a été réalisé avec les moyens de l'époque, nous n'avons pas passé énormément de temps en studio, nous avons fait cinq jours de prise de son, cinq jours de mixage…
Xavier: Même sur le plan des arrangements il n'a pas été très travaillé. Comme disait Julien c'était l'instant « T » après un an de concerts, les morceaux étaient là sans que nous avions réllement réfléchi à son véritable rendu final. Nous savions qu'il allait être dans ce style mais nous ne nous mettions pas du tout de pression.
Sam: Après le but était de retranscrire l'énergie du live…
Hervé: C'est une remarque que je me suis faite à l'écoute de cet opus.
Julien: Surement que le deuxième sera plus travaillé pendant notre passage studio.
Hervé: Abordons un titre pour lesquel j'ai flashé mais pas que pour la musique en elle même. Avec I'm In love With Scarlett Johansson, c'est une déclaration d'amour indirecte envers la charmante actrice et chanteuse ?
Sam: C'est une déclaration d'amour directe même…On communique par myspace, elle nous envoie des « poke » sur facebook (Rires!)
Xavier: Elle voulait faire un projet avec nous mais c'était à l'époque où nous commencions à signer avec les tourneurs et distributeurs. On l'a dirigé vers un mec du nom de Pete Yorn, ce n'est pas un mec hyper connu mais nous l'avions déjà rencontré…
Sam: Nous hésitions entre elle et Amel Bent pour ce morceau mais finalement nous avons choisit Scarlett!
Julien: Il y a quelque chose d'intéressant avec cette chanson et qui n'était pas du tout calculé. Vu que son nom est dans le titre de la chanson et bien lorsque tu tapes son nom de famille sur Deezer et bien on tombe sur notre chanson.
Hervé: Avouez le, vous en avez fait exprès?
Julien: On l'avoue…tout était calculé (Rires!)
Sam: En revenant au vif du sujet, il est vrai que Scarlett Johansson est sexy, voir excitante!
Hervé: Lorsque j'ai écouté cet album, j'ai été comblé par l'énergie qui se dégage de tous les titres. Tout s'enchaine sans noter une baisse d'intensité dans le chant, la rythmique… Cet effet d'énergie non stop sur l'opus était désiré pour captiver l'auditeur? Je pense à « Back For You » qui nous tient en haleine tout au long du morceau accompagné de riffs accrocheurs!
Xavier: Tout à fait! En plus nous l'avons enregistré dans un studio de la trappe avec Triboulet au son. Il travaille comme nous le voulions pour cet album. Il bosse sur du vieux matos, de vieilles machines qu'il retranscrit sur du matériel moderne.
Julien: Il a une approche très brut du live.
Xavier: C'est ce que nous voulions garder de nos concerts, cette énergie live qui se ressent dans le disque et qui nous pousse à le défendre sur scène.
Florian: Je pense qu'autant sur le plan de la réalisation et de la composition, nous n'avons pas essayer à intellectualiser la musique mais à garder son caractère spontané. Je pense que ça se ressent sur le disque…
Xavier: Regarde Florian... Monsieur ! Monsieur! J'ai oublié mon carnet de correspondance… (Rires!)
Florian: Tu viendras me voir à la fin de l'heure!
Sam: Je crois que l'on va tous applaudir Melchior pour cette intervention remarquée !
Hervé: Est ce que The Shaking Heads fait des reprises sur scène?
Julien: On en faisait mais nous n'en faisons plus. Peut être que ça va nous reprendre…
Sam: Nous faisions une reprise car c'est le moment où tu peux captiver le public lorsque tu débutes.
Julien: C'était un morceau des Hives…
Sam: Mais nous reprenions « I bet you look good on the dancefloor » des Arctic Monkeys…
Xavier: Et une des Rage Against The Machine !
Sam: Finalement, il y en avait trois. Nous les faisions surtout à la fin du concert pour le rappel. Désormais, nous avons décidé de ne plus en faire car on estime que nous n'en avons plus besoin et que nous voulons défendre totalement notre album.
Julien: On en refera mais peut être en s'appropriant le morceau en jouant dans une version décalée.
Hervé: Si vous deviez faire un top 3 de vos albums « culte »?
Sam: Ah ! bonne question mais dure à répondre.
Xavier: Je vais commencer à répondre. En tout premier il y a Vote For Me d'uncommonmenfrommars qui est une petite tuerie. En deuxième, Orchestra Of Wolves de Gallows, groupe de punk hardcore puis en troisième… J'ai bien envie de mettre Dookie de Green Day mais ça fait un peu cliché donc je vais choisir un autre album…
Sam: Mets les Arctic !
Xavier: Hors de question que je les mette dans le top 3. Comment j'ai pu oublier Transplants! Je les mets en troisième position avec leur album Brul.
Julien: Je vais choisir trois albums qui me plaisent en ce moment donc je vais mettre en premier Veni Vidi Vicious des Hives, le premier album des Arctic Monkeys puis No Wow des Kills.
Florian: Je dirais Science d'Incubus, Toxicity de System Of A Down et Live At The Grand Olympic Auditorium des Rage Against The Machine.
Sam: Mes albums vont pas mal ressembler à ceux de Julien donc je vais en mettre un quatrième en bonus pour me démarquer. Le premier des Arctic Monkeys, Veni Vidi Vicious des Hives, le premier de Rage Against The Machine… Voilà mes trois claques! Je rajouterais l'album des Who, Live at Leeds pour mon côté années 60.
Hervé: Quels sont les titres de votre répertoire personnel pour lesquels tu as un faible à jouer en live?
Xavier: Pour moi c'est Scarlett Johansson car c'estt le morceau le plus punk et dans lequel j'ai eu le plus d'implication. Puis je me fais énormément plaisir à jouer dessus.
Julien: Un morceau en restant dans l'album, c'est « Take A Gun Girl » ou « Run If You Can »
Florian: « Run If You Can » pour moi.
Sam: « Back For You » ou « Run If You Can »
Hervé: Pour cette année 2010 qui a débuté, a part de sortir avec Scarlett Johansson, quels sont vos principaux objectifs pour The Shaking Heads? Un successeur de How To Entertain People In A Paranoid City?
Sam: Le successeur sera surement enregistré en 2010 et paraitra dans l'année 2011.
Florian: Changer notre statut et devenir plus professionnel.
Sam: Jouer à l'étranger et notamment en Angleterre.
Merci aux Shaking Heads pour avoir répondu à mes questions. Un grand merci à Julien Cazenave, leur manager pour avoir calé cette rencontre.
Photos Live: Hervé