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Interview des Black Box Revelation – Novembre 2015

C’est dans un contexte très particulier, où la tristesse des récents événements se mêle à la joie de la sortie d’un nouvel album, que les Black Box Revelation seront en concert à Paris le 26 novembre prochain, au Point Éphémère. Quelques jours après la sortie de Highway Cruiser, leur nouvel opus, et juste avant cette date unique en France, Dries Van Dijck a répondu à nos questions.

Avant de parler de votre nouvel album, pouvez-vous dire comment vous vous sentez suite à l’attentat au Bataclan le 13 novembre dernier ?

On était en train de jouer au Rockhal, au Luxembourg, ce jour là. Après notre concert, nous avons entendu la mauvaise nouvelle. On était plutôt choqués, notamment parce qu’on connaît les gars d’Eagles Of Death Metal depuis une tournée qu’on a faite avec eux en Europe. On a aussi joué quelques fois au Bataclan. Un attentat comme celui-là fait se sentir vraiment fragile. On est confronté au fait que ça peut avoir lieu n’importe où. On se sent vraiment bizarres à l’idée d’avoir un concert prévu à Paris cette semaine parce qu’on pense beaucoup à ce qui s’est passé.

Silver Threats et My Perception étaient sortis à 1 an d’intervalle. Pour Highway Cruiser, il a fallu attendre quatre ans. Pouvez-vous nous dire pourquoi ?

Après deux années de tournée intenses, suite à la sortie de My Perception, on a ressenti le besoin de faire une pause pour faire quelque chose de complètement différent. Par exemple, Jan a été en Italie et a appris à faire de l’huile d’olive. Moi, j’ai fabriqué des meubles. Au bout de six mois, on est retournés dans notre salle de répétition et on a commencé à improviser mais sans se dire « et maintenant, faisons un disque ». De nouvelles idées sont apparues, bien avant de savoir que les premières chansons étaient là.

Comment présenteriez-vous ce nouvel album en quelques mots ?

Highway Cruiser, c’est du pur Black Box Revelation. Seulement deux micros pour enregistrer la batterie et un disque où tu as la sensation d’être dans le studio d’enregistrement, surtout si tu l’écoutes en vinyle et que tu montes le volume. C’est un album très honnête, avec la pureté d’un son brut.

Chacun de vos trois premiers albums avait une ambiance particulière. A l’inverse, sur Highway Cruiser, ce qui m’a étonnée c’est le mélange d’univers. Certains titres font penser à My Perception, d’autres à Set Your Head On Fire… Qu’en pensez-vous ?

Pendant cette pause, on a eu le temps de comprendre tout ce qu’on a fait les années passées et comment nous avons évolué en tant que musiciens. C’est probablement pourquoi on entend autant de directions sur Highway Cruiser. Il y a eu plus d’expériences, plus d’inspiration et plus de concerts…

Est-ce vrai que l’album a été enregistré en seulement quelques jours ? Comment ça s’est passé ?

En effet, ça nous a pris à peu près cinq jours pour enregistrer la base des morceaux (guitare et batterie), même si la plupart des voix a été enregistrée pendant ces cinq jours également. On est arrivés en studio bien préparés, ce qui était nécessaire car il était entièrement analogique. Il n’y avait pas de pièce pour les « erreurs », les copier-coller ou les choses de ce genre. Pour la plupart des chansons, la première ou deuxième prise était la bonne. Enregistrer coûte cher !
Le mixage a aussi pris la plus grande partie du temps mais c’est sympa à écouter et à faire parce que c’est là que les chansons commencent vraiment à vivre.

Comment s’est passé l’enregistrement ?

C’était une super expérience ! On est allés à New-York avec rien d’autre qu’une paire de baguettes et un pedalboard, prêts pour une nouvelle aventure. La première chose que l’on a faite en entrant dans le studio a été d’écouter les disques que nous aimons : les Stones, Led Zeppelin… Avec Thomas Brenneck, nous avons enregistré la batterie et la guitare avec seulement deux micros. Cette façon essentielle d’enregistrer nous a vraiment amenés à un point où on ne peut rien cacher. Ce que vous écoutez, c’est la façon dont on a enregistré en studio. Cela amène ceux qui écoutent l’album à être le plus proche possible du moment de l’enregistrement. On peut presque sentir la façon dont la chanson a été créée. Depuis qu’on n’utilise plus d’ordinateurs pour mixer, cette partie de la fabrication du disque est très audacieuse et excitante. C’est fou de voir comment on peut changer l’ambiance d’un morceau en utilisant un instrument plus puissant ou plus doux.

D’où est venue l’idée de collaborer avec le chœur des Gospel Queens sur certains titres ?

On a d’abord eu l’idée de faire quelque chose de supplémentaire au niveau des voix. C’est aussi l’une des raisons qui nous a poussés à choisir Thomas pour travailler. On aime vraiment ce qu’il a fait avec Charles Bradley ou Sharon Jones. Selon Thomas, on avait deux options : les filles sages ou les filles « brutes ». Quand on les a entendues chanter, on a su tout de suite qu’elles étaient parfaites pour notre musique. La tonalité pure de leurs voix collait très bien avec l’ambiance et l’idée de cet album.

Ce qui surprend sur chacun de vos disques, c’est la maturité de votre musique alors que vous êtes très jeunes. D’où vous viennent cette assurance et ce talent ?

Je suppose que ça vient du fait qu’on a commencé à jouer ensemble depuis qu’on est très jeunes (11 et 13 ans). Quand on a eu 15 et 17 ans, on a enregistré notre premier album. C’est marrant de l’écouter, on entend notre naïveté dans notre façon de jouer. Avec Set Your Head On Fire, on a commencé à beaucoup tourner en Europe ce qui a forcément aidé à développer notre son au fil des années. Chaque concert que l’on fait nous donne une nouvelle expérience et nous fait devenir de meilleurs musiciens.

La Belgique est désormais l’une des patries européennes du rock avec des groupes comme vous, Ghinzu, BRNS, Triggerfinger… Comment voyez-vous la scène rock de votre pays ?

C’est incroyable de voir que la scène belge est aussi vive et dynamique. Le fait d’avoir autant de groupes signifie que les gens aiment aller voir des concerts et écouter des disques. La scène belge est influencée par beaucoup de styles et d’identités différents ce qui la rend vraiment très variée.

Vous avez beaucoup tourné en Europe et aux Etats-Unis. Est-ce que le public français a une particularité ?

Oui. On ressent leur amour de la chanson française. Les morceaux dont l’ambiance et l’histoire s’en rapprochent reçoivent toujours un accueil chaleureux de la part du public. On sent que les Français aiment la musique, qu’ils ont un grand sens de la culture et que la musique est importante dans leur vie. Les réactions sont aussi différentes selon l’endroit où on joue dans le pays. Dans le Sud, l’énergie est plus spontanée ce qui rend le concert plus énergique. A l’inverse, dans certaines villes plus au Nord, les gens préfèrent écouter plus que bouger, ce qui nous donne la possibilité de jouer des chansons plus intimes.

Si vous deviez conseiller des albums ou des groupes à écouter, quels seraient-ils ?

Elizabeth Cotton est une vive recommandation. C’est une femme qui a fait du blues dans les années 1960 et qui jouait de la guitare un peu dans le genre de Mississippi John Hurt (une autre recommandation). La seule différence est qu’elle est gauchère et qu’elle jouait avec les cordes de sa guitare à l’envers. C’est un véritable plaisir de la regarder jouer des chansons pleines d’émotions et de vulnérabilité ; c’est vraiment à voir sur Youtube. On l’a découverte dans un magasin de disques à Brooklyn, pendant l’enregistrement de Highway Cruiser. Elle a très certainement inspiré nos chansons.

Malgré le contexte actuel, une tournée française est-elle prévue en 2016 ?

Après le concert de cette semaine à Paris, on va vraiment prévoir plus de dates dans l’année qui vient. La sensation sera très certainement différente après ce qui s’est passé mais nous devons continuer à faire les choses que l’on aime. Avec My Perception, on avait beaucoup tourné aux Etats-Unis et très peu en Europe. C’est pourquoi, avec ce nouvel album, on veut se concentrer sur l’Europe de nouveau. Alors, oui, nous allons tourner en France !

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