Après plusieurs années d’absence sur le plan musical, Tryo était attendu de pied ferme par son public pour donner suite à Grain de Sable daté de 2003. Pendant cette période, Guizmo, Manu Eveno, Christophe Mali et Danielito nous ont cultivé un nouvel album que l’on a pu récolté début septembre sous le nom de Ce que l’on sème, quatrième opus du groupe. En ce mois d’octobre, Tryo a repris la route des concerts pour être au contact de son public. Une pré-tournée intimiste en se produisant dans des salles à taille humaine avant de s’attaquer au mois d’avril 2009 aux Zéniths de l’hexagone. Ce soir, Tryo avait prévu de poser ses guitares à l’Olympic de Nantes, une date qui affichait complet depuis plusieurs mois. C’est accompagné d’un autre vacarmeur en la personne de Peter que j’ai été accueilli par Guizmo et Manu pour discuter de Ce que l’on sème et de ces années de carrière qui ont réuni une foule innombrable à chacun des concerts de Tryo. Douze années qui ont irrémédiablement marqué le paysage musical français.
Hervé : Ce que l’on sème est dans les bacs depuis le 1er septembre, un nouvel album de Tryo très attendu par le public après 5 ans d’absence. Quels sont les échos que le groupe a reçu depuis cette sortie ?
Manu : Super positif. Autant d’un point de vue du public et de la presse. Les échos ? On peut dire qu’il y a une évolution , un virage artistique mais sans perdre l’identité du groupe. Puis il y a quelques critiques, on va dire que ce sont des gens qui sont restés bloqué sur la sonorité de Tryo à savoir le reggae, l’acoustique, le roots, un coté improvisé du début, un coté très peu travaillé que l’on arrive à faire sur scène comme sur « Yakamonéyé » où il y a encore des choses qui restent spontanées. Nous avions envie d’évoluer dans cette direction au niveau de l’arrangement, développer l’univers autour des chansons. Il y a quelques personnes qui restent bloquées sur cette vision de Tryo. Hormis cela, les critiques sont très positives. Les gens chantent déjà les nouvelles chansons à tue tête. On est vraiment ravi.
Guizmo : Comme le dit Manu, il y a un bon accueil. Mais le vrai retour que l’on peut avoir c’est sur scène. On sent que les gens commencent déjà à s’approprier les chansons. L’album n’est sorti que depuis un mois et ils connaissent les textes par cœur donc c’est bon signe. Avant même que cet album ne sorte, il fallait que le groupe soit content. C’est important de se surprendre, de se faire plaisir, de porter les chansons avant même qu’elles ne sortent. Avec cet opus c’est réussi.
Hervé : Depuis les débuts du groupe vous êtes signés sur une major. Au départ c’était Yelen, une annexe de Sony mais vous gardez quand même la main mise sur la création du point de vue artistique. Est ce que cette notion d’indépendance et d’auto gérance est important pour Tryo ? Je fais un petit lien avec les Ogres de Barback qui sont totalement indépendants.
Guizmo : Pour nous c’est vraiment très important. Nous sommes producteurs et éditeurs de notre musique. Avoir le contrôle sur l’artistique, sur la création, l’image et tout ce qui peut se véhiculer autour du groupe c’est primordial. Nous avons toujours veiller à cela. Nous sommes en très bonne entente avec Sony parce qu’il y a du dialogue. Les contrats sont signés de telle sorte qu’il y ait du dialogue. Nous n’avons pas eu de pressions par la maison de disque pour faire cet album. On aurait pu prendre un an de plus à la réalisation, je pense qu’elle ne nous aurait pas fait chier. On a une histoire assez libre vis à vis de la maison de disque. On en a eu peur au départ comme beaucoup de jeunes artistes lorsque tu arrives dans une major. Au final, elle fait du bon boulot. Elle nous a bien compris et cerné notre vision de la musique.
Manu : Ce qu’il y a d’important c’est les interlocuteurs que tu peux avoir. Tu as un contrat et il peut assurer les personnes que tu vas avoir en face de toi, ce que l’on va te dire, te proposer pour tes projets… A savoir que dans le contrat, il y a quelque chose qui stipule que rien ne peut se décider sans notre accord, ce qui revient à être totalement indépendant. Finalement, nous contrôlons et validons toutes les démarches. On a vraiment de bons rapports avec notre maison de disque depuis le début de Tryo. Il y a des choses sur laquelle nous n’avons pas été d’accord avec les licenciements de personnes au moment des revirements de situations dans les maisons de disque lorsque Sony a signé avec BMG. Ce sont des choses qui nous échappent du moment que ça ne concerne pas forcément le groupe.
Peter : Vous avez été habitué à enregistrer dans plusieurs studios différents. Est ce que cette fois ci vous avez enregistré dans un seul ou plusieurs studios ?
Guizmo : Il y a eu toute une partie de maquettage dans différents studios comme au Mans, Paris, en Bretagne, on est aussi parti à Barcelone. Pendant cette période là, on a maquetté entre 20 et 30 morceaux. De ces enregistrements, nous avons gardé des petites choses comme des morceaux de guitares…Puis nous sommes partis à la Fabrique à Saint Rémy de Provence. C’est un nouveau studio qui s’est monté dans un musée du vinyle. Il y a 200 000 vinyles de musique classique entreposés à l’intérieur. Nous y sommes restés un mois pour faire toutes les parties de guitares, les percutions… On avait besoin d’espace et d’une reverb naturelle. Pour finir, nous sommes allés au studio Garage à Paris. C’est le studio de notre réalisateur Dominique le Dudal avec qui nous avons eu la joie de travailler. Nous sommes restés 15 jours pour faire les voix, les invités et quelques morceaux de guitares ainsi que des arrangements additionnels.
Peter : Combien de temps a-t-il fallu au groupe pour la réalisation de cet album entre les maquettes et les sessions d’enregistrements ?
Guizmo : Un an. On a maquetté de septembre à décembre. On est rentré en studio à la Fabrique en janvier. On a fait un break au mois de février puis en mars nous avons terminé les prises de sons de l’album. En avril nous avons réalisé le mixage de Ce que l’on sème.
Hervé : Il y a eu 5 ans d’absence entre Ce que l’on sème et Grain de sable mais ce dernier album a été réalisé assez rapidement…
Guizmo : Oui mais en même temps il y a tout le processus d’écriture qui nous prend du temps. Une bonne partie des chansons ont été écrite dans la durée sur ces cinq années et même avant pour certains titres.
Manu : Après il y a tout le travail en ce qui concerne la pochette de l’album qui nous a pris pas mal de temps. On s’est posé la question est ce que l’on montre nos têtes sur la pochette? On ne l’a jamais fait sur les anciens albums. On nous a proposé plein d’idées. Au final, on a décidé de montrer nos têtes mais d’une certaine façon. Cette photo nous a bien fait kiffer donc nous l’avons choisi. On a pris beaucoup de temps car nous avons eu pas mal de propositions. C’est un travail qui est arrivé pendant la préparation du disque et qui s’est même poursuivie après la fin de la prise du son. Nous avons eu pas mal de boulots.
Peter : Pour ceux qui n’ont pas encore écouté l’album. Pouvez vous décrire l’atmosphère que vous avez voulu créer sur Ce que l’on sème ?
Manu : (Avec une grosse voix) Brumeux, opaque… (rires !) Il y a quelques mots que l’on peut dire comme voyage, humanisme, existentialisme, écologie.
Guizmo : C’est exactement cela. C’est à la fois un retour des voyages que l’on a pu tous faire pendant cette période de pause qui nous a fait du bien. On retrouve le thème de l’amour qui est peut être un peu plus redondant que sur les précédents albums. L’écologie bien évidemment avec l’album lié au label FSC (groupe de produits issu de forets bien gérées et d’autres sources contrôlées), les textes en encre biologique, le bulletin d’adhésion à l’intérieur du disque. On avait une vraie histoire avec Greenpeace, une amitié de longue date. Mais nous avions envie de pousser un peu plus loin notre collaboration en essayant de porter cette association le mieux possible.
Manu : Au niveau de la musique, il y a un univers musical très varié avec des sonorités indiennes, africaines, sud américaines et toujours du reggae acoustique. On note la présence de cordes… Il y a vraiment beaucoup de sonorités et des couleurs différentes.
Guizmo : Pleins d’invités comme Vincent Ségal qui a fait les arrangements de cordes. C’est le violoncelliste qui joue avec Mathieu Chedid, Bumcello. Daniel Jamay de la Mano Negra qui est venu faire les slides sur le morceau « Abdallah ». Florence Comen qui fait les voix sur « Mrs Roy ». Les Fils de Teuhpu sur le morceau « Jocelyne ».
Hervé : Il y a du beau monde…
Guizmo : Il y a du beau monde. Ibrahim Malouf, trompettiste libanais absolument merveilleux qui est venu jouer sur « El Dulce Del Leche ». Lalo, le pianiste de Gotan Project, Pablo Mendez un percussionniste argentin que tu as vu tout à l’heure dans les loges… Et j’en oublie.
Hervé : Justement en parlant des influences je voulais savoir ce que vous avez apporté de plus par rapport aux précédents albums ? En particulier par rapport aux influences venant de vos projets personnels comme des sonorités africaines sur « Tombé mal » et « Quand les hommes s’ennuient » ?
Guizmo : C’était un peu une sorte d’évidence. Souvent nous partons du texte pour aller vers un habillage sonore. On arrive avec la chanson brute et il s’est trouvé que rythmiquement pour « Tombé mal » par exemple, on est vite tombé dans ce coté afro terrien. J’ai tout de suite pensé à Sali. J’en ai parlé aux copains car je voulais collaborer avec elle. C’est un morceau qui s’y prête avec ce coté animiste de l’arbre qui parle. C’est très africain comme thème. Elle a rebondit là dessus en écrivant en langue éthone et nous a fait chanter dans cette langue. C’était un peu la cerise sur le gâteau. Pour les Hommes s’ennuient, Manu pourra t’en parler…
Manu : Christophe m’a donné le texte de « Quand les hommes s’ennuient » et il ne voulait pas écrire la musique pour cette chanson. Il avait écrit le texte sans penser à la partie musicale. J’ai pris une guitare, j’ai essayé quelques petites choses… J’ai ouvert ma fenêtre et d’un coup, la mélodie a chanté dans ma tête. J’ai pris ma guitare et le reste à suivi. Très vite et presque comme une évidence, je me suis dis que ça allait sur un air de bossa ou une samba. Ce texte évoque le désœuvrement, la mélancolie, l’ennui, le rapport au vide… Mais malgré tout cela, c’est dit avec une certaine tendresse, une douceur. La musique brésilienne sert un peu à cela. Tu peux dire des choses terribles mais tu le dis avec une pointe de douceur. On se pose toujours la question lorsque l’on parle d’un sujet, d’une problématique ou lorsque l’on évoque un personnage dans une chanson… Toutes ces choses forment le sujet. Ensuite, on se pose la question du décors. Et bien c’est comme au cinéma, les arrangements et la musique sont le décors. Dans quel décors inscris tu cette chanson ? On se pose toujours cette question, ce n’est jamais un concept de départ. On s’est rendu compte pendant la fabrication de ce disque que l’on avait un album qui était très coloré, à tendance world. Ce n’était pas un concept de départ, ce sont les chansons qui nous ont amenés vers cette tendance.
Peter : Comment votre processus de création a évolué au fil des albums ? Vous fonctionnez toujours de la même manière ou il y a eu une évolution sur le plan de la création ?
Manu : En général, il y en a toujours un qui écrit de son coté. Beaucoup plus Christophe et Guizmo qui sont les deux auteurs les plus productifs de Tryo. Ensuite, le groupe réagit et donne son avis, on trouve des arrangements, la façon d’accompagner le texte… Puis il peut y avoir l’apparition de petites variantes comme sur « Quand les Hommes s’ennuient ». Pour la première fois, j’ai arrangé totalement deux morceaux. A savoir « Le temps » et « Mrs Roy ».
Peter : Pourquoi avoir choisi « Toi et moi » comme premier single ? Y a t’il une signification particulière par rapport à ce titre ?
Guizmo : « Toi et moi » c’était au carrefour de ce que pouvait être Tryo avant avec ce fond reggae, guitares sèches, les trois voix… C’est un morceau qui représentait bien le disque. Je crois que c’est un morceau qui nous a tous beaucoup touché. Il est sorti du lot…
Manu : Il fait la synthèse des propos que l’on a tenu dans le disque.
Guizmo : Il y a de l’amour, de la revendication
Peter : C’est un morceau qui résume un peu ce que vous voulez dire sur cet album ?
Guizmo : Oui il y a un peu de cela.
Peter : Ce morceau représente ce qu’est Tryo est en 2008 ?
Guizmo : Je ne crois pas car il manque une bonne dose d’humour (Rires !)
Manu : Ce n’est pas le but recherché.
Guizmo : On est quand même des fanfarons, des fêtards avant d’être des musiciens et des revendicateurs.
Manu : « Toi et Moi » fait un peu de la synthèse de l’album. En dépit de ce monde qui va si vite que ce soit la croissance économique, l’urgence de la vie et parfois des choses assez cruelles que l’on peut tous vivre, voir à la télévision ou subir autour de nous… En dépit de tout cela, ce qui rend la vie supportable c’est l’amour de nos proches, de l’être aimé et le rapport à l’instant présent. Vivre à l’instant présent, pas seulement en tant qu’Etre social mais aussi en tant qu’Etre profond avec ce libre arbitre c’est à dire qu’il y a le regard de la société, la valeur de l’exemple si chèrement prôné par notre président mais il y a une valeur qui est toute aussi importante qui est à partie égale, c’est le libre arbitre.
Hervé : Depuis quelques jours Tryo a repris la route pour être au contact de son public, la quasi totalité des dates affichent complets. Est ce que vous pensez que vous récoltez le fruit de votre travail après douze ans de carrière ?
Guizmo : Ca a l’air d’être le cas. Pour nous, il y a un vrai enthousiasme, une vraie joie de retrouver notre public mais aussi de jouer les nouveaux morceaux pour arriver dans une nouvelle période de Tryo. Les concerts… Je crois que c’est notre vie. La route commençait a nous manquer. On avait tous cet état de manque qui commençait a être bien présent. Là, on a notre dose qui arrive à grand pas.
Hervé : Puis Tryo est un groupe de scène à la base…
Guizmo : C’est exact. On a pris du temps et du plaisir sur ce disque pour le réaliser mais nous savions que la carotte au bout de cet album c’était les concerts qui allaient arriver par la suite. Nous avons toujours fonctionner comme cela même si de nos jours c’est important de vendre des disques. Nous, ça nous a permis d’avoir du temps, de produire des artistes mais la scène c’est ce qu’il y a de meilleur ! Tu sauces ton assiette et tu ne laisses rien. Tu manges la mie du pain et tu ne laisses rien trainer. Tu prends tout !!! (Rires !)
Hervé : Peut on parler d’une génération Tryo ? Je pose cette question car lorsque je parle de Tryo autour de moi certains me disent que Mamagubida par exemple, est un album qui a bercé entre guillemets leur enfance. Et c’est un peu la sensation que je ressens envers Tryo car je vous connais depuis vos débuts et avant même que Mamagubida ne sorte.
Guizmo : Ce serait magique si un jour on viendrait à parler d’une génération Tryo. C’est possible car je pense que l’on a marqué des gens comme Renaud a pu le faire à son époque. On a tous eu des artistes ou des groupes qui ont marqué un moment de notre existence, nos premières rencontres, premières peines, sorties entre potes, nos moments de solitude dans notre chambre. J’ai l’impression qu’il y a toute une nouvelle génération qui a découvert Tryo via notamment les radios lorsqu’elles se sont mises à diffuser « L’hymne de nos campagnes » en 2005. Il y a toute une génération qui connaissait Tryo et qui revient doucement vers le groupe. Ils avaient décroché un petit peu. Par curiosité ils sont revenus pour voir ce qu’il se passait dans les salles et ils trouvent leur compte. J’ai l’impression aujourd’hui que lorsque je regarde le public c’est du 7 à 77 ans. Tu as les jeunes qui ont amené leurs parents et tu as toute cette génération de notre âge, on va dire entre 25 et 35 ans qui ont connu Tryo il y 10 ans et qui sont toujours là. On tourne en France depuis des années, on revoit des têtes que l’on a vu il y a une dizaine d’années. Tu les revois aux stands après les concerts, il y a des échanges entre nous. On a la chance d’avoir un public fidèle.
Hervé : Il y en a qui vous suive depuis le départ de Tryo…
Guizmo : Ah oui ! Il y en a qui ne lâche pas l’affaire (Rires !). On leur dit « Arrêtez, passez à autre chose » (Rires !). On est ravi. Je pense que l’on a un rapport avec le public qui est sain et respectueux…
Hervé : Je pense que c’est un sentiment qui va dans les deux sens.
Guizmo : Ca va dans les deux sens. Je pense que ça se ressent dans les concerts et dans les après concerts.
Peter : Au delà d’être sain, le rapport que Tryo possède avec le public est simple.
Guizmo : Je pense qu’il n’y a pas de barrières entre nous, pas de tapis rouge. On peut être présent dans la salle pour écouter la première partie sans avoir de l’hystérie autour de nous. C’est très rare mais ça peut arriver de temps en temps que des gens très émus ne contrôlent pas leurs émotions. C’est un rapport d’humains à humains. On n’a pas l’impression d’être des bêtes de foire. On peut vite s’enfermer là dedans. C’est un choix de notre part de ne pas se camoufler. Si tu te planques, on te porte un tout autre intérêt car on a envie de te voir. Si tu es présent et disponible, les gens savent qu’ils vont pouvoir te trouver après le concert.
Peter : Vous n’êtes pas des personnages publics intouchables…
Guizmo : C’est cela. C’est vrai que tu prends un peu le dessus lorsque tu es sur scène. Tu fais ton set, tu t’amuses. Mais après le concert, tu reviens à la réalité et je pense que c’est capté par les gens.
Manu : C’est exactement cela. La musique est un peu le pont entre le rêve et la réalité. C’est un bon moyen de se faire la malle, de voyager, d’imaginer et rêver. La musique est un langage. Le fait de participer à ce langage émotionnel qu’est la musique même si ça marche pour Tryo, ça ne fait pas de nous des êtres plus important que toi ou notre public. Le public est à part entière responsable du succès de ce groupe. Ça peut paraître démago de dire cela mais la plupart des artistes le disent souvent « Merci d’être là parce que si vous n’êtes pas là, nous ne sommes pas là »
Hervé : Presque à chacun de vos concerts, vous n’oubliez pas de faire passer ce message de remerciements envers votre public.
Manu : C’est difficile de prendre personnellement le succès d’un groupe. Autant tu es un artiste solo, tu es plus à même de tomber dans le piège du culte de la personnalité. On est un groupe et c’est le résultat de personnalités, d’univers et d’influences différentes. Il y a un public aussi qui décide de cautionner ou non sur la chose et il en vient de même pour n’importe quel domaine. Que ce soit l’alimentation, la politique… C’est les gens qui décident de cautionner ou non du succès d’un groupe.
Hervé : A partir du 26 novembre vous êtes en résidence pendant quatre dates au Casino de Paris . Est ce que pour ces concerts il y aura des invités ou des surprises de prévues ?
Guizmo : On est en train de contacter des personnes…
Hervé : Donne des noms Guizmo (Rires !)
Guizmo : Pas pour le moment car nous ne sommes que dans la phase des contacts donc ce n’est pas confirmé. Je pense qu’une partie des gens qui ont participé au disque vont venir pour porter les morceaux de cet album tous ensemble. Et il y aura des chances qu’il y ait d’autres invités. Dès que l’on peut, on ne rate pas une occasion d’invité du monde.
Hervé : En restant sur le thème de la tournée, est ce une volonté du groupe de diviser la tournée en deux ? Avec une partie que l’on peut considérer comme une pré-tournée consacrée aux petites salles comme ce soir à l’Olympic et d’un autre coté une seconde partie qui débutera en avril et qui se déroulera pour la majorité dans des Zéniths.
Guizmo : Tout à fait. On sortait de gros spectacles comme pour les dix ans de Tryo puis les festivals comme les Vieilles Charrues, les Francofolies et nous avions vraiment envie de nous recentrer sur la musique. On voulait faire quelque chose de simple, retrouver le dialogue avec les gens. Tryo a été pendant des années un groupe ouvert au dialogue. C’est ce dont on parlait tout à l’heure de notre rapport avec le public. Lorsque tu es dans une salle de 800 personnes comme ce soir à l’Olympic, si tu parles au mec du fond de la salle ou les gens qui sont devant toi. Les gens entendent et tu peux te permettre des choses que tu ne peux pas faire en festival ou dans des grosses salles de concert. Il y a une vraie part d’improvisation dans ce que l’on appelle les chapeaux, ce qui se passe entre les morceaux ça peut partir en vrille d’une minute à l’autre. En ce moment avec le crack boursier, Carla Bruni… Il y a de quoi se marrer ! C’est des choses que l’on hésite pas à faire dans les petits lieux. On voulait vraiment retrouver quelque chose de simple, faire de la musique . On a deux musiciens en plus pour cette tournée, Pablo Mendez le percussionniste argentin ainsi que Frédéric Deville qui était déjà avec nous sur les dix ans et la tournée d’été. Il fait du violoncelle électrique.
Peter : Pour le concert de ce soir à l’Olympic la première partie est Céline Ollivier. Est ce que vous choisissez vos premières parties ou elles sont imposées par les salles ?
Guizmo : C’est nous qui choisissons toutes nos premières parties. Pour la plupart, on essaie de faire en sorte que ce soit des artistes qui sont en développement c’est à dire qu’ils vont sortir leur disque ou qu’ils viennent de le sortir. En locurence Céline Ollivier c’est Mali qui la connaît bien puisqu’il travaille au chantier des Francofolies. Il est intervenant pour la mise en scene et il a travaillé avec elle. Plusieurs des artistes qui sont en première partie ont travaillé avec Mali comme Merlot, Bensé. Manu a branché des amis comme les Kwak, Mr Melon. Pour ma part j’ai branché une artiste que j’aime beaucoup qui s’appelle Flow. Je la produis et elle va venir faire des dates avec nous.
Manu : Lorsqu’un membre de Tryo travaille avec un autre artiste, le reste du groupe cautionne completement cette collaboration en tant que première partie.
Guizmo : Pour ma part je ne produis pas beaucoup parce que ça demande beaucoup de travail et de temps une fois que tu produis quelqu’un. Pour moi, je veux aller jusqu'au bout du travail en tant que producteur. J’ai la chance d’avoir un public à qui je peux faire découvrir ces jeunes talents. C’est intéressant d’offrir des premières parties à la personne que tu soutiens voir même chanter avec nous sur scène. C’est déjà arrivé avec la Rue Kétanou. On a produit et ensuite on les a emmené partout. Désormais ils vivent leur vie, ils ont leur boite de production.
Hervé : Depuis vos débuts Tryo a la réputation de groupe engagé sur plusieurs plans. On le voit encore aujourd’hui avec l’association du nouvel album et de Greenpeace. Est ce vital depuis que vous avez acquis une certaine notoriété de faire passer un message et de faire prendre conscience à votre public certaines actions importantes ?
Guizmo : Je crois qu’avant même que Tryo existe nous avions ces valeurs d’associatifs, de militantismes, de participation à la vie de la cité dans le sens politique du terme. On a suivi avec le groupe mais à un moment Tryo était un gros fourre tout d’associations avec Survival, Aides… Ce sont des associations que l’on supporte toujours avec du cœur. Mais pour cet album on voulait se centrer et mettre en avant une association, montrer le combat que l’on a envie de porter au dessus de toute la mêlée. On s’est dit que c’était l’écologie donc nous avons choisi Greenpeace. On s’y retrouve tous, nous sommes unanimes sur le combat de Greenpeace. Mais ça n’empêche pas que nous travaillons toujours avec les autres associations.
Hervé : Dernière question. Est ce que vous pouvez nous parler de vos actualités musicales parallèle à Tryo ? Par exemple, Guizmo peux tu nous parler de ton deuxième groupe Pause ?
Guizmo : Pause a été une parenthèse pendant les présidentielles. On avait envie d’aller chanter ces chansons car elles étaient très liées à la période des élections pour 80 % de l’album. Pourquoi pas se revoir et refaire un disque ? On s’est quitté en très bon terme. Puis il y a le projet Desert Rebel qui a été réalisé avec les touaregs du Niger, Daniel Jamay ancien de la Mano Négra, moi même ainsi que d’autres musiciens qui sont intéressés pour jouer avec nous comme Imhotep d’Iam qui est venu mixer. J’ai envie que les gens découvrent la musique Touareg qui est appelé la musique Ichoumar. Ce qui veut dire la musique des chômeurs.
Hervé : Et toi Manu ?
Manu : On en a parlé un petit peu tout à l’heure. J’ai rencontré une artiste à Bamako au Mali qui s’appelle Déné Issébéré. J’ai bien aimé sa musique, sa voix et son univers sonore. Je lui ai dis que si elle voulait sortir son album en France il fallait l’améliorer car il y avait des problèmes de mixages, d’arrangements. On a retravaillé ensemble cet album et nous sommes assez contents du résultat. On est en pleine négociations pour une sortie l’année prochaine. Il y a un peu plus de difficultés sur ce point là mais nous allons élargir la recherche et les négociations.
Merci à Guizmo et Manu pour avoir répondu à nos questions.
Merci à toute l’équipe d’Ephelide et plus particulièrement Nina pour nous avoir calé cette rencontre avec Tryo.