{multithumb thumb_width=500 thumb_height=310}Tripod, c'est le genre de groupe que l'on pensait définitivement engagé sur la mauvaise pente du néo-métal suite à un Data Error plus moyen et qui arrive pourtant avec un troisième opus monstrueux et corrosif. Rencontre avec le très sympathique K-Lee lors du passage des marseillais au Splendid de Lille.
BEN : Pour commencer, est-ce que tu pourrais me décrire un peu l'enregistrement, j'ai entendu parler de conditions « lives »…
K-Lee (chant) : Exactement, au niveau technique, on a commencé par une pré-prod, pour voir ce que nos maquettes donnaient. Puis on a tout enregistré en live, sauf le chant évidemment qui a été fait après. Mais pour le reste on a disposés les amplis guitare et basse ainsi que la batterie dans la même pièce. Tout cela à été mis en boite aux studios Praxis, avec Shain Rafati. Le but était que l'ensemble soit le plus vivant, le plus chaleureux possible, et c'est loin d'être un exercice facile !
Cet album est clairement le plus violent de votre discographie, et les influences Hip-Hop ne se font quasiment plus ressentir…
Oui, je pense qu'il est nécessaire d'évoluer.
Qu'est ce qui vous a poussé à explorer cette direction ?
C'est par rapport aux groupes que l'on a pu écouter peut-être, il y a eu également l'arrivée de deux nouveaux membres dans Tripod, et ils ont aussi amenés leurs influences. On a écoutés des choses beaucoup plus violentes, comme du Harcore, et toutes ces raisons ont faites que l'album est un peu plus dur !
Le titre de l'album (Déviances) peut-il être rattaché à ce changement de son ?
Oui, ça peut l'être, mais ce titre reflète d'avantage les paroles…
Le livret n'est pas ajouté aux éditions promo donc je n'ai pas eu l'occasion d'y jeter un oeil, pourrais-tu m'en dire plus ?
On traite surtout des sujets qui parlent de la connerie humaine, c'est assez vaste. Il y a également un peu de religion, notamment avec « Prendre un Dieu » sur lequel on a voulu dire ce que l'on pensait de ce qui se passait dans le monde actuellement. Cependant, on ne livre pas tout aux auditeurs, il y a parfois du second degré ou des choses que l'on ne pense pas vraiment… Je parle en particulier de « L'effet de l'acier », ou le refrain expose l'envie de buter un mec pour voir l'effet que ça fait, mais on ne veut pas dire ça directement, il faut lire les couplets pour tout comprendre. On aime bien faire des petites histoires sur des personnages un peu bizarres que l'on pourrait trouver dans notre société, des serial-killers, des gens qui en ont plein le cul, qui n'ont pas forcément de repères…
Quel regard portez-vous aujourd'hui sur Data Error, qui reste votre album le plus mélodique ?
C'est une question très intéressante, comment te dire… C'est vrai qu'il n'avait pas été fait dans la même optique, ni enregistré dans les mêmes conditions, il avait été mixé par Fred et Pendule, et beaucoup nous ont reprochés de sonner comme les guitares de Watcha… Malgré tout, cet album fait partie intégrante de nous, même si la critique a été assez dure.
A l'époque, comment avez-vous pris ces critiques qui vous ont reprochés de sonner trop propre ?
Je pense que chacun est libre de dire ce qu'il veut, mais ce n'est finalement qu'une personne qui fait une chronique, ce n'est pas forcément représentatif de l'ensemble de nos auditeurs. Après cet album c'est aussi bien vendu que le précédent, donc il y a des gens qui ont quand même aimés. Pour ces personnes là, ce n'est peut-être pas génial d'avoir autant descendu Data Error… Mais voilà, c'est comme ça, ceux qui ont aimés ce disque ne vont peut-être pas apprécier Déviances, ce sera trop brutal pour eux…
Comment ont été recrutés Olivier et David, les deux nouveaux membres du groupe ?
Sur audition, on a cherchés plusieurs guitariste qui pourraient jouer avec nous. Olivier est un ami d'enfance que j'avais un peu perdu de vue, on s'est retrouvés et lui faisait un stage dans un studio sur Paris. Il était toujours un peu resté dans la musique, en jouant des choses à droite et à gauche, et il s'est montré intéressé. Pour David, c'est Greg, le guitariste de Eths, qui a fait l'intermédiaire. C'est le seul batteur que l'on ait auditionné !
Vos trois albums sont tous bien différents, est-ce une volonté de ne pas se reposer sur des bases déjà établies ?
Bien sûr ! Il y a des artistes à qui ça va bien, comme Motorhead qui sort presque tout le temps le même album, mais nous, on essaye d'avoir une autre approche. Attention, je ne compare pas Tripod à Motorhead, mais je trouve qu'il est plus intéressant de faire des albums différents, de surprendre les gens. Ils se demandent ce que l'on va pouvoir faire, mais on essaye toujours de leurs donner quelques indications avant la sortie !
Justement à propos de votre public, avez-vous eu des retours de personnes qui s'étaient un peu perdus en route, qui ne comprenaient pas vraiment vers quels horizons vous souhaitiez partir ?
Oui, forcément, certains sont déstabilisés. Mais je pense qu'il faut capter l'esprit du groupe avant tout, ce côté un peu tordu, bancal sur certains riffs. Ceux qui aiment Tripod peuvent se retrouver dans cet album, il y a toujours cette petite touche qui est propre au groupe. Il faut aimer ce qui est violent, mais en règle générale les gens qui viennent nous voir sont bien énergiques, alors ça ne les déranges pas trop !
Aujourd'hui, est-ce que le fait d'élaborer une set-list cohérente est devenu difficile ?
Carrément ! Là on essaye de jouer les morceaux qui ressortent par rapport aux albums précédents, ainsi qu'un maximum du dernier puisque on est quand même en pleine promotion. Le public nous aide aussi parfois, il nous demandent de jouer des anciens morceaux comme « Vempires » ou « Nega ». On essaye de faire plaisir à tout le monde, même si ça n'est pas évident, sinon on est sur scène pendant deux heures !
Est-ce que vous continuez à jouer les compos les plus mélodiques, telles que « A Demain » ?
Sur cette tournée non. On doit en faire deux de Data Error. Ce soir on ne joue que quarante minutes, mais comme en temps normal c'est une heure, on essaye de représenter au mieux chaque album.
Après cette courte tournée de chauffe, vous partez sur quelques dates avec le reste de Coriace. Est-ce un projet que vous vouliez concrétiser depuis longtemps ?
En effet. On avait déjà eu l'expérience de tournées entre amis avec le Sriracha ou l'on avait eu l'occasion de partager l'affiche avec Black Bomb A et Boost, on a vraiment rigolés, on a vus plein de gens. Pour nous c'était la première fois que l'on partait véritablement en tour bus, avec le matos derrière… C'est trépidant, tu n'as plus les mêmes horaires que d'habitude… En quelque sorte, tu apprends à te connaître ! Donc on a voulu réitérer ça avec Coriace, on a fait une date un peu test à Marseille qui a fort bien marchée, et maintenant il y a neuf nouveaux concerts de prévus.
Avez-vous le sentiment qu'avec Coriace, vous avez un peu aidés la scène Marseillaise à sortir du cliché rap-pastis ?
Pastis non (rires) ! Le rap à Marseille ça a toujours été…
Oui, ce que je voulais dire, c'est qu'avant vous, on entendait rarement parler de metal…
Contrairement à ce que l'on pense, il y a bien un public metal à Marseille ! Le problème, c'est qu'il ne se déplace pas trop, s'il y a un match de l'OM et que tu fais un concert ce jour là, ça va être dur ! C'est un peu la mentalité de la ville qui veut ça, mais il y a quand même eu quelques groupes connus qui venaient de Marseille !
Merci à K-Lee ainsi qu'à Musclor.