Cap'tain Planet : Selon vous, que représente « Le feu aux poudres » au sein de votre discographie ? {multithumb thumb_width=400 thumb_height=300}
Euuhhh, le dernier album…..le cinquième…. C'est pas facile pour un groupe de parler de son dernier album, nous sommes un peu trop impliqués pour pouvoir le faire…Ce que je peux t'en dire c'est que c'est le seul album que nous avons réellement travaillé en pré-prod. Du coup il ressemble vraiment à l'idée que l'on s'était fixé. Souvent lorsque l'on sort du studio on est vraiment déçu du résultat, là ce n'est pas le cas. Il sonne un peu plus rock, voir punk-rock que le précédent. C'et à mon goût notre meilleur album, mais chaque musicien dit souvent ça de son dernier album !
Quel bilan peut-on tirer 2 mois après la sortie de l'album et quels sont les objectifs à atteindre désormais ?
Tu sais c'est la première fois que l'on a d'aussi bonnes réactions sur un album, la presse ainsi que le public ont vraiment bien accueillis ce disque, en plus de ça il part super bien en magasin et est distribué en France, en Belgique, en Hollande, en Suisse, au Canada et au Japon…alors on a vraiment de quoi être comblés….c'est vraiment super !
Sinon nous ne sommes pas un groupe à « objectifs », on ne s'en ait jamais fixé et ce n'est pas trop la politique de la maison.
Après le DVD, cet album me semble plus abordable que les précédents et vous ouvre les portes d'un public plus large. Vous restez pourtant toujours aussi enragés, le groupe serait-il arrivé à maturité et souhaiterait passer à autre chose ?
Je crois que tu as mis le doigts sur…. notre âge…..
On est toujours les mêmes, sans avoir spécialement envie de passer à autre chose, mais voilà, on a dépassé la trentaine…. Je crois que la seule différence c'est que ce disque est plus abouti que les autres, parce qu'il a été plus travaillé. C'est aussi simple que ça. Le petit changement peut venir aussi des paroles. En plus de notre colère, on incite vraiment les gens à s'unir pour faire avancer les choses. La France est un pays, ultra-individualiste et conservateur, il est temps que la jeunesse prenne un peu les choses en main !
Nous avons bien vu qu'avec un peu de volonté, on peut y arriver et que rien n'est impossible. Un exemple simple, le cpe. Malgré la détermination, l'ego et la fierté d'un homme de droite, il a fini par céder à la pression du peuple. Ok, ce n'est qu'une bataille de gagnée et pas une victoire mais ça prouve bien qu'on peut encore faire avancer les choses et qu'il ne faut pas baisser les bras !
Dans la suite de la question précédente, vous semblez aussi avoir l'appui de nombreux médias notamment MTV pulse et MCM, vous vous y attendiez ?
Non, évidemment, c'est la première fois, alors on ne pouvait pas s'y attendre. C'est bien que les médias commencent à s'intéresser à des musiques plus dures et alternatives. Il est temps qu'on arrête de nous bassiner avec la chanson française, non pas que j'en ai spécialement contre ce style, chacun peu écouter ce qui lui plaît, mais depuis des années on ne voit et on entends que ça ! Il y a plein de pays où les musiques dures sont bien plus mises en avant, et même en Europe ! Des pays comme l'Allemagne, l'Angleterre, la Hollande ou encore la Suède et la Norvège laissent une part pour les musiques extrêmes, il est temps pour nous d'en faire autant ! Je crois que l'arrivée des chaînes câblées va vraiment nous aider à passer ce cap.
Qu'attendez vous de la sortie de votre album au Japon ainsi que dans des pays éloignés ? Vous êtes toujours aussi bien accueillis au Québec ?
Oulalala oui, le Québec est notre deuxième pays. Ce marche vraiment fort là-bas, nous n'y sommes pas retournés depuis deux ans, on reçoit des dizaines de mails par moi de gens qui nous réclament…je crois que cette 7 ème tournée va vraiment être super. En ce qui concerne le Japon, on ne l'avait pas rêvé. Ca va vraiment être une aventure extraordinaire. En plus le disque a l'air de très bien marcher la-bas, les clips tournent encore plus qu'en France. Je pourrais sûrement t'en parler plus à notre retour. Nous avons tous hâte d'y aller.
Pouvez-vous me dire comment vous avez procédé pour la composition / remix des titres avec vos invités ?
Les remix, c'est assez simple, nous avons donné les bandes à Gus (bionik dread est son projet electro parallèle) et Shane Cough et ils ont réalisés ces remix comme bon leur semblait. Par contre en ce qui concerne guizmo et la phaze, ce sont des collaborations, c'est à dire que chacun a mis la main à la pâte pour composer « sa partie ». On a commencé par quelques échanges sur le net et c'est ensuite en s'enfermant dans un studio que tout le reste est venu… C'est beaucoup plus simple que ce que l'on peut s'imaginer…
Qu'est ce qui vous a posé le plus de difficulté dans ce travail ?
Le timing, réunir deux groupes n'est pas toujours une affaire facile. Nous avons d'ailleurs deux autres morceaux sur le feu, un avec parabellum et un autre avec Punish yourself. Mais pour ces mêmes raisons de timing, ils n'ont pas pu être fini en temps et en heure pour l'album.
Comment avez-vous « choisi » ces invités ? Ils partagent tous plus ou moins votre parti pris politique et esthétique …
Yes, tu as tout compris, c'est vraiment des gens avec qui nous avons des infinités et des convictions politiques. Enfin je dirais plus « sociales » puisque la politique, on y croit pas vraiment.
Vous avez un discours très engagé, n'avez-vous pas peur des mauvaises interprétations d'un public mal informé ?
Chacun pense ce qu'il veut, nous pointons du doigt les aberrations de ce système. Personne n'est obligé d'adhérer à notre point de vue, si des gens ne le comprennent pas, ce n'est pas grave. Par contre chaque fois que quelqu'un vient nous voir en nous disant, « vous m'avez ouvert les yeux » ou « je suis de tout cœur avec vous » ça nous fait vraiment plaisir, car cela prouve que notre combat n'est pas inutile…au contraire.
On doit vous faire souvent des remarques à propos du discours que vous tenez. Ca vous influence parfois ?
Ca peut. Nous sommes ouverts à la discussion, cela veut donc dire que si l'autre personne à des arguments, on peut bien sûr faire évoluer notre point de vue. Ne dit-on pas : « Il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis »….
Le groupe a un long parcours derrière lui. En prenant un peu de recul, que retenez vous de cette aventure continuelle ? Qu'est ce qui vous rend les plus fiers ?
Oh, tu sais je crois que le réel plaisir est constant, c'est celui de vivre de notre passion. Nous avons osé il y quelques années plaquer nos petits boulots pour se lancer à fond dans la zik et ça a marché, c'est cool. Je crois que beaucoup de gens n'osent pas passer ce cap et c'est ce qui les freine ensuite. Maintenant parler de fierté c'est quand même beaucoup, on est juste très content.
Qu'est ce qui explique cette cohésion au sein du groupe selon vous ?
Les bastons des premières tournées…ahahahaha…..Non en fait, nous avons commencé à tourner dans des conditions très dures, forcement maintenant ça va mieux. Du coup, quand une situation galère arrive, nous l'avons souvent déjà vécu, et on prend le partie de l'accueillir à la rigolade plutôt qu'au sérieux… On a pas mal d'expérience maintenant et on se connaît bien, alors on arrive sûrement mieux que d'autres à gérer les situations de crise… Et puis il faut quand même dire quelque chose : Tagada c'est un groupe de copains avant d'être un groupe de musique, je pense que ça joue aussi pour beaucoup.
Vous êtes actuellement tournée, qu'y a-t-il de nouveau depuis la précédente ?
Un peu plus de monde… et encore plus de gens à connaître les paroles…c'est vraiment cool. Et puis sur cette tournée nous devons enfin passer le cap des 20 pays visités, on est resté bloqué 3 ans sur ce chiffre et là nous allons rajouter le Japon et l'Angleterre à notre « palmarès » alors c'est vraiment super !
Avez-vous un rituel avant de monter sur scène ?
Boire plein de bières……euhhh c'est à peu près tout…..
Y a-t-il un public type ? Est-ce que lorsque vous traversez les frontières ce public change ?
Le public est vraiment métissé, il y a des grands, des petits, des blancs, de noirs, des maigres, des gros, des jeunes, des moins jeunes, des gars, des filles, des keupons, des métalleux, des hardcoreux, des rockeurs…..bref tout plein de gens différents et c'est vraiment ce que l'on souhaite : casser ces putains de barrières !
Il est vrai que d'un pays à l'autre les gens changent, par exemple, il y a plus de jeun's au Québec, moins en Europe de l'est, enfin c'est normal. Mais je te dirais que même à l'intérieur d'un pays les publics évoluent en fonctions des régions…
Comment décrire la scène rennaise ?
Plutôt dynamique, mais je dirais qu'elle n'est quand même pas très rock. Enfin à mon goût. Il y a pas mal de grosses structures qui mettent plus en avant les ziks électroniques, du coup c'est un peu eux qui ont la part belle et le rock est plus en recul qu'il y a quelques années, mais c'est aussi normal que les choses changent…Sûrement que d'ici quelques mois ce sera encore un autre style…
Enragés prod. fait partie des poids lourds en matière de structure, peut-on parler d'activisme local ?
Activisme, oui, c'est sûr. Nous faisons partis des gens qui pratiquons ce métier avec le cœur, ceux pour qui la musique est encore une passion. Avec ces années, nous nous, sommes rendu compte que beaucoup ne font ça que pour le fric et c'est vraiment écœurant de voir l'envers du décor (si je peux me permettre le jeu de mot).
Sans indiscrétion, est-ce que cette structure est en bonne santé ?
Oui plutôt, malgré les problèmes de marché, on ne s'en tire pas trop mal !
Un mot pour l'alternatif ? Quelque chose de croustillant à propos de Tagada Jones ?
VIVE l'alternatif !!! pour Tagada, je n'ai pas vraiment de chose croustillante à te raconter…enfin ce serait surtout trop long…
Une question parfaitement stupide, vous pouvez répondre à côté de la plaque : préféreriez-vous que les jeunes filles du premier rang pleurent ou s'évanouissent en vous voyant ?
A vrai dire je ne sais pas trop, plutôt s'évanouir quand même…pas parce qu'on est trop beaux hein… mais parce qu'il fait trop chaud !