Le trio nantais Smooth a sorti depuis octobre 2006 leur second album The Endless Rise Of The Sun, successeur attendu du magnifique An electro Soul Experience, leur premier essai. C'est lors d'un de leur concert tout près de Nantes que ma rencontre avec David Darricarrère (chant/guitare/clavier), Nicolas Berrivin (basse/sampling) et Christophe Declerq (batterie/sampling) a pu se faire pour parler de The Endless Rise Of The Sun, mais aussi de l'actualité du groupe nantais. Smooth est de retour en studio pour la préparation d'un nouvel opus qui arrivera courant 2008.
Hervé : Avec The Endless Rise Of The Sun vous passez le cap du second album. Après avoir reçu de bonnes critiques sur An electro soul experience par différents médias spécialisés et surtout le public, en est il de même pour cet opus ?
David : Oui, l’accueil du public a été très bien. On est content des collaborations sur le deuxième album avec Yann Tiersen, Sinclair, Shabbaz, Dj Pfel, Alain Chauvet.
Nicolas : On a essayé pas mal de choses sur ce second album en allant un peu plus au bout de nos influences. Le premier album était une sorte de mixage de pas mal d’influences tandis que sur le deuxième c’était un peu plus marqué. L’objectif sur cet album était d’aller au bout de nos influences.
Hervé : Pourquoi avez vous choisi de mettre en avant The Endless Rise Of The Sun qui est la première piste de l’album ?
David : Et bien c’est Nicolas qui a choisi le nom. Il va t’expliquer car il n’a pas voulu nous le dire. (Rires !)
Nicolas : On me saoul avec ça depuis un an !
David : Mais tu n’as jamais voulu nous expliquer ! Tu nous a dis que se sera comme cela et pas autrement (Rires !)
Nicolas : En fait, c’est un commun accord avec pas mal de nos partenaires et surtout Nova qui en écoutant l’album nous a dit qu’ils allaient passer ce morceau ( «The Endless Rise Of The Sun» ). Pour nous, tous les morceaux ont quelque chose de particulier pour plusieurs raisons. On ne voyait vraiment pas quel morceau pouvait être mis en avant par rapport à un autre. C’est les partenaires et les gens qui nous entourent qui nous ont dit que c’était bien de mettre ce morceau en avant. Le choix c’est donc fait naturellement pour le deuxième album.{multithumb thumb_width=450 thumb_height=320}
Hervé : Combien de temps il vous a fallu pour réaliser de A à Z cet album ? Entre l’écriture et la composition.
David : On a tous respectivement nos studios, on compose tous à droite à gauche, chacun dans son coin. On confronte des idées, on se fait écouter des morceaux parce que l’on est tous un peu multi instrumentistes dans le groupe. Donc c’est difficile, on a aussi bien récupérer des morceaux qui ont parfois été composés deux à trois ans en amont ou bien des morceaux que l’on a pu composer en balance avant un concert, un groove que l’on retient car il nous plait, je pense à Human Race par exemple. Le temps pour enregistrer a été d’environ trois mois si tu comptes le mixage, l’enregistrement…Mais le temps de composition, c’était un peu tous les jours.
Hervé : Comment se passe le travail de composition au sein du groupe pour le choix des samples ?
David : Chacun dispose d’une certaine quantité de disques s’il s’agit du sampling. Comme on est tous un peu instrumentaliste, on fait des parties assez simples ou parfois plus chiadées. Par exemple, Nicolas va faire une partie de guitare, c’est vrai que la guitare ce n’est pas son instrument de prédilection.
Nicolas: Tu n’es pas sympa avec moi (Rires !)
David: Nicolas, avoue que tu es nul à la gratte (Rires !). Donc je rejoue les parties de guitares pour les peaufiner. A l’inverse, à la batterie je ne suis pas très doué donc c’est Christophe qui va refaire la batterie que j’aurais essayé de programmer. On fonctionne comme cela, on complète notre travail puis chacun apporte sa patte sur le morceau de l’autre et lui donne cette sensibilité Smooth.
Hervé : Est-ce que Smooth a été votre première expérience musicale ?
Nicolas : Je jouais les parties de Sting derrière l’ampli (Rires !)
David : Christophe je te laisse répondre.
Christophe : Et bien j’ai arrangé pour Keziah Jones…
David : Ne déconne pas (Rires !)
Christophe : Beaucoup joué non mais on a fait quelques petites choses dans le passé. On a joué dans des groupes de funk, de rock, de reggae puis on s’est retrouvé à jouer ensemble. Pour la petite histoire, David et Nicolas se sont connus pendant leurs études. David et moi on se connaissait à travers la musique, on a joué dans un combo de funk où il y avait sept, huit personnes. Ce groupe a splitté et on a décidé de monter ensemble Smooth.{multithumb thumb_width=450 thumb_height=320}
Hervé : Vos deux albums sont signés sur Ministrong, le label de Sinclair. Est-ce que le fait d’être sur un label entre guillemetsplus petit qu’une major, vous permet de vous sentir plus libre sur le plan artistique ?
David : Ah complètement, c’est le gros avantage d’ailleurs. Notre structure, notre label est producteur de bandes c’est à dire que l’on enregistre et que l’on fait notre mixage, on choisit nos morceaux, on fait nos pochettes, on est totalement libre. Il peut y avoir des limites aussi, Ministrong tu dis que c’est un petit label donc il n’a pas forcément l’assise de contacter tel ou tel média et parfois imposer on va dire entre guillemets un artiste sur tel ou tel émission ou sur une couverture de magasine. Maintenant c’est un choix et on ne sait pas si pour le troisième album on sera encore sur Ministrong mais il faut déjà faire le troisième album avant de penser à ces choses là. C’est vrai que c’est une forme de liberté qui possède aussi quelques désavantages.
Hervé : La sortie de votre album était programmée le même mois que celui de Sinclair. Etait ce un petit coup marketing de Ministrong ?
David : On a voulu complètement fumé la sortie de Sinclair, c’était un pari car on s’est dit « Toi bonhomme tu va arrêter un petit peu maintenant » (Rires !) Non, c’est un hasard total, je ne savais même pas que la sortie était le même mois, je suis en train de l’apprendre
Hervé : Avoir Sinclair en tant que patron ce n’est pas trop difficile ?
Christophe : On n’a pas eu de lien direct avec la production
Hervé : Sinclair vous a mis la pression pour cet album…
Nicolas : Complètement, il nous a pris entre quatre yeux…
David : Un truc de malade ! On était pénard dans les loges et avant de monter sur scène je ne savais pas ce qu’il avait mais Sinclair a choper Nicolas. Alors j’ai retrouvé Nicolas les mains attachées, en boule dans un coin et j’entendais Mathieu crier « Il a intérêt d’être bien cet album ». Forcément Christophe et moi, on a accouru (Rires !)
Hervé : Je disais cela car il a posé sa voix sur « What Will You Do », la veille du mixage de l’album.
David : On avait écrit les textes et les mélodies donc c’est par pur complaisance. Mais en fait c’est nous qui lui avons mis la pression !
Pédro (régisseur): En fait j’ai attrapé Sinclair par le cou et je l’ai forcé à chanter (Rires !)
David : Sérieusement, c’est que l’on avait une idée pour interpréter ce texte qu’aucun de nous dans le groupe n’était capable de faire, cette espèce de voix soul. Naturellement,on a travaillé ensemble donc on lui a demandé s’il voulait bien poser sa voix et très gentiment il a accepté.
Hervé : On retrouve de nombreux featurings sur The Endless Rise Of The Sun notamment Yann Tiersen, Dj Pfel, Elveeda, Alain Chauvet… Que vous ont apportée ces différentes collaborations sur le plan artistique ?
David : En fait si tu veux, pour parler de Elveeda par exemple, elle fait partie des personnes qui nous ont présenté Florian Chauvet, qui aujourd’hui encore est notre sonorisateur. On essaie de s’en débarrasser mais il nous suit partout (Rires !). Au delà de l’aspect artistique, ces personnes nous ont fait rencontrer les bonnes personnes pour l’exemple d’Elveeda. S’il faut parler d’Alain Chauvet, c’est le père de notre sonorisateur. Au delà qu’il possède une voix magique et une écriture qui est à la hauteur de la voix, c’est encore une rencontre et un autre apport. Dj Pfel et bien c’est tout simplement que je fais un peu de scratch mais que je n’ai pas du tout son niveau. On avait envie de mettre des scratchs qui sonnent vraiment bien. On a fait appel à lui et il est gentiment venu. Yann Tiersen, il a une faculté d’arranger d’une certaine façon des morceaux. Je le connaissais car j’avais déjà travaillé avec Yann donc du coup c’était aussi plus facile de se rencontrer. Sinclair on l’a vu tout à l’heure. Shabbaz c’est pareil, on avait une certaine façon d’aborder le hip hop français comme nous l’aimons. C’est des potes à la base donc les rencontres se sont faites facilement. Tu vois à chaque fois c’était pour combler des lacunes que l’on peut avoir dans le groupe.
Hervé : Quels sont les groupes ou artistes qui font aujourd’hui l’identité musicale de Smooth ?
David : La pop, The Doors, The Beatles, le coté psychédélique des Pink Floyd, le Jazz Funk des années 1960-1970, la Soul et puis le Hip-Hop d’une façon actuelle comme D layti people, Jurassik Five , The Roots,
Hervé : Est-ce qu’il y a des titres de votre répertoire dont vous avez un faible à jouer en live ?
David : Des morceaux qui sont composés pour le live. C’est à dire que l’on essaie d’aborder le live et le studio d’une façon complètement différente. On n’est pas fan des groupes qui rejouent à l’identique les morceaux en live comme ils sont sur disque, sous entendu la variété ou bien souvent tu retrouves le format des chansons. On l’a fait sur deux ou trois titres car les morceaux s’y prêtaient mais globalement c’est vrai que l’on a plus un faible pour jouer des morceaux qui sont composés et arrangés pour le live. C’est pour cela qu’il faut venir voir Smooth en concert car c’est complètement différent.
Christophe : Puis cela ne se calcule pas car d’un concert à un autre tu vas sentir les vibrations lorsque tu rentres sur scène. C’est vrai que de jouer dans le sud de la France, le morceau tu le joues d’une certaine manière puis d’une autre à Paris.
David : L’accent n’est pas le même ! (Rires !)
Hervé : On parle des titres joués en live. « Gimme Some » et « I am » sont deux titres que l’on ne peut entendre exclusivement sur scène. Pourquoi avoir fait le choix de ne pas les mettre sur un support ?
David : Oui, ces titres sont joués exclusivement en live.
Christophe : Parce que l’on veut sortir un Dvd live (Rires !)
David : Puis ce serait peut être le prétexte pour sortir un jour un album live. Les morceaux sont composés d’une certaine façon qu’ils sont peut être plus adapté pour le live que pour le studio. En même temps, on ne sait pas, peut être qu’un jour ils seront sur un disque. Franchement on ne peut pas le dire, mais pour le moment c’est comme cela.
Hervé : Si vous deviez choisir un morceau de votre répertoire qui définirait le style, l’état d’esprit de Smooth, lequel de vos titres vous choisiriez ?
David : Il y a plusieurs titres. Par exemple il y a « les reflets » qui est un morceau que l’on ne joue pas en live mais qui est très révélateur de ce qu’est Smooth. Il y a aussi Son of the seventies avec ce coté groovy, « Human Race » qui a un son funk à la Shaft. Il n’y a pas un titre qui peut être considéré comme un hymne propre à Smooth.
Hervé : Depuis 2006, Smooth exporte sa musique chaque été en amérique du Sud. Durant l’été 2006 vous êtes aller faire des concerts dans cette région du globe. Comment vous a été proposé cette tournée en Amérique latine ?
David : C’est par notre manager Eric Delamare qui a contacté un organisme qui s’appelait à l’époque l’AFA. C’est un organisme qui travaille partout dans le monde avec les alliances françaises. Il s’avère que l’on était présent sur une compile qui s’appelait Cost. On avait le titre Smooth sur cette compile qui est passé sur une radio de Sao Paulo et ce titre s’est classé numéro un. Il y a eu de l’intérêt pour notre musique car ce n’est pas courant qu’un groupe français se classe numéro un au Brésil. Du coup l’album est parti au Pérou chez un mec qui s’appelle Juan Francisco Bonil. On peut le considérer comme le boss de la culture française en Amérique Latine. C’est donc cet homme qui a fait découvrir Smooth à différentes ambassades et différentes alliances françaises qui ont gentiment décidées de nous accueillir dans leurs pays. C’est de cette façon que l’on s’est retrouvé à jouer en Amérique Latine.
Christophe : Si je ne me trompe pas, l’alliance française nous a vu jouer au Bataclan pour les cinquante ans de l’Adami.
Hervé : Est ce que ces tournées en Amérique du Sud vous ont apportés une autre culture musicale que l’on pourra peut être ressentir sur le troisième album ?
David : Pas vraiment. Par contre ces concerts nous ont montré ce qu’était une vraie tournée de star mais je le mets entre de très gros guillemets car je ne veux pas que se soit mal interprété dans le sens où l’on restait trois jours dans chaque pays, on arrivait en avion la veille, on faisait notre concert le lendemain, le sur lendemain on repartait en avion etc… On était chouchouté et accueillie dans de très beaux hôtels mais on a côtoyer en pleine face une misère que l’on ne côtoie pas chez nous. A savoir qu’il y a des gens qui sont plus que dans la merde. Je ne dis pas qu’il y en a pas chez nous, mais là bas c’est vraiment hardcore. C’est vrai que l’on est rentré avec une forme de lucidité que l’on n’avait peut être pas avant puisque l’on s’est retrouvé face à des expériences comme de rencontrer des personnes dans le rue et tu ne sais même pas si elles sont vivantes ou mortes. Ce n’est pas quelque chose qui arriverait chez nous même si la misère est bien sur inacceptable ou qu’elle soit.
Hervé : Depuis octobre 2007 vous avez repris le chemin du studio pour le troisième album. Comment se passe la réalisation du successeur de The Endless Rise Of The Sun ?
David: On cale complètement. Je crois que l’on va arrêter le groupe (Rires !). Sérieusement, dès demain on rentre en studio pour une semaine. On loue un studio avec un appartement, on va couper nos téléphones portables, se couper du monde, partir avec quelques boissons énervantes et faire en sorte d’enregistrer des choses intéressantes et qui seront éventuellement sur le troisième album. On travaille sérieusement sur le troisième album et pour l’instant il porte ses fruits car il y a de bonnes idées.
Hervé : Quelles seront les lignes directrices de ce nouvel opus ?
David: Chaque membre du groupe fonctionne un peu comme une éponge où l’on s’imprègne de groupe que l’on découvre au fur et à mesure. Soit des influences acquises, on va parler des Beatles, des Doors etc… Maintenant, c’est vrai que l’on s’enrichit chaque jour car nous sommes très curieux de découvrir tel ou tel son. Nico m’a fait découvrir un groupe hier, dont j’ai oublié le nom… Personnellement je suis sur LCD en ce moment, Christophe vient de découvrir les Beatles (Rires !) Cet album sera dans la continuité logique des deux premiers opus.
Hervé : Est-ce que vous avez réfléchi à des collaborations plausibles pour cet album ?
David: Elles viendront en fonction des morceaux. Si l’on se retrouvait bloqué par rapport à un envie mais que l’on n’a pas la possibilité de le faire, je pense que c’est à ce moment qu’il est intéressant de faire appel à un featuring. Si tu fais appel à un featuring juste pour vendre un morceau… je n’ai pas honte de le dire c’est ce que l’on a fait par rapport au featuring de Sinclair. A un moment, on s’est dit qu’on allait se confronter à une forme de variété parce que Sinclair c’est de la variété funk française. On s’est dit qu’on allait essayer cela … et bien aujourd’hui le morceau passe dans la playlist de Leclerc. On se rend compte qu’aujourd’hui ce n’est pas ce que l’on veut. Au delà du fait d’avoir travailler avec une personne qui maîtrise une forme de chant que l’on est incapable de faire, nous voilons pas la face on a essayer de démarcher pour vendre du disque. Ce n’est pas ce qui nous intéresse au bout du compte. Les featurings viendront au fur et à mesure. On pense spontanément à Alain Chauvet parce que c’est la personne qui est là depuis le départ et qui interprète au mieux cette approche française que l’on aimerait avoir. Pourquoi pas un jour travailler un jour avec des mecs comme Dominique A qui possède une écriture magnifique… Peut être aussi qu’il n’y aura pas du tout de featuring.
Hervé : J’ai une petite idée à vous proposer pour un featuring sur votre troisième album. 20Syl, le chanteur d’Hocus Pocus.
David : 20Syl je veux bien mais quand il boira de la bière. (Rires !) On traîne souvent avec les musiciens d’Hocus Pocus on se côtoie souvent, j’ai fais pas mal de skate avec 20syl. Pour l’instant on est pote de boissons. Travailler avec 20Syl…c’est vrai qu’il a une très bonne écriture de texte, il a un flow qui est intelligent, intelligible. C’est vrai que l’on n’a pas pensé à cette collaboration. Tu verrais bien cette collaboration avec 20Syl ?
Hervé : Franchement, je pense que 20Syl serait un bon featuring pour une future composition de Smooth.
David : Mais est ce que 20Syl serait content de cette collaboration ? Il faut lui demander.
Hervé : Et bien écoute David, je lui demanderais en interview. Dernière question, les projets pour 2008 ? L’album ?
David : L’album, une tournée à l’étranger où normalement on repart au Canada au mois de Juin. Il y aurait une tournée en Espagne au mois de Juillet. Et il serait possible que l’on parte en Allemagne et en Suisse.
Merci à David, Nicolas et Christophe pour avoir répondu à mes questions.
Merci à Eric Delamare (Manager) et Pédro (Régisseur) pour m’avoir permis de réaliser cette rencontre avec Smooth.