Suite à la sortie autoproduite d'une centaine de galettes pour mon premier EP solo, Vampire Kiss, en 2007, et de quelques dates live solo également, j'ai eu l'envie de faire une pause d'un an pour travailler mon son et forger les bases de mon univers, l'UNDEAD ROCKSTRIAL. En août 2008, après des mois de recherches et le début de la promotion de ce petit monde en solitaire via Internet (ce à quoi nombre de personnes ont participé), j'ai appelé Scread Seventh pour qu'il devienne mon batteur. L'envie profonde de passer à cette étape, de cristalliser le fruit de notre travail dans un premier album, fut à la suite d'un plan concert douteux qui n'a fait que redoubler notre détermination à fixer notre travail dans quelque chose de solide, marquant la fin de l'ère de Simplyd4rk en tant que projet solo et le début de Simplyd4rk en tant que team (et désormais en tant que groupe !)
Les chansons de notre premier album ont été inspirées par mon vécu (je pense à « Guestlist » ou « In 3 seconds »), mes convictions (« Fightworld ») mais également mes influences tels que les films de séries Z (« No Escape »), le vampirisme (par pitié, que les gens oublient cette daube sans nom qu'est le film Twilight, et se penchent sur les véritables origines du mythe, un peu de culture ne fait de mal à personne), le mouvement cyberpunk (des livres de William Gibson à la bande son réalisée par Chu Ishikawa pour le film culte Tetsuo, en passant par l'animation japonaise avec Armitage III, Gunnm, etc..), ainsi que des univers japonisants (que cela passe par les mangas, les illustrations d'Aya Kato, Junko Mizuno ou Takashi Murakami, etc..).
Malgré une prépondérance de l’industriel, From The Grave se dote de structures flirtant parfois avec le métal (« Guestlist ») et l’électrodark (« FCKM3 »). Comment définirais-tu le style de Simplyd4rk ? De quel courant musical te sens-tu proche ?
Le style de Simplyd4rk est éclectique, sans aucune barrière, et c'est ce qui nous a d'ailleurs permis de jouer avec des groupes extrêmement variés : du trip hop gothique de Polichinel au néo metal d'Enhancer en passant par le punk indus des Punish Yourself, le screamo de Post Offense, le rock visual de Closer, le métal indus à voix féminine de The Veil et l'électro rock de SYSTR. Plutôt que d'essayer de me rapprocher d'un genre musical, j'ai voulu créer un univers à la fois visuel et sonore répondant au nom d'UNDEAD ROCSKTRIAL. Je ne me sens proche d'aucun genre en particulier, écoutant des choses très variées, du goth au métal en passant par le crunk, le hardcore, le screamo, l'electro, et bien évidemment l'industrial (une petite liste de groupes que j'écoute régulièrement : Psyclon Nine, Lacrimas Profundere, Chrysalide, Combichrist, Ashbury Heights, Misfits, London After Midnight, Heaven Shall Burn, HIM, Brokencyde, Bring Me The Horizon, LiL Jon, Sisters Of Mercy, The Kovenant, Seraphim Shock).
Le visual kei, peu représenté en France, semble particulièrement t’influencer en terme graphique, autant qu’un côté horror show assez courant dans les formations indus des années 80… Quelle importance accordes-tu à l’image ? Te semble-t-elle indissociable de la musique ?
On m'a très vite catalogué visual kei en France alors que c'est loin d'être dans mes influences profondes, bien qu'aimant certains groupes de cet état d'esprit nippon (qui a d'ailleurs pas mal pompé sur le glam occidental à la base). Donc non, ça ne m'a pas particulièrement influencé, bien que j'admire la richesse visuelle de certains groupes nippons (je pense à Dir En Grey, Gemmick, DespairsRay, etc.).
Et comme je n'ai de cesse de le répéter, l'UNDEAD ROCSKTRIAL de Simplyd4rk n'est pas une affaire de musique uniquement. Ma volonté a été de créer un projet artistique me permettant de m'exprimer pleinement. C'est une recherche dense et complexe d'un son, d'une image, d'un esprit, un tout où je prends soin des moindres aspérités pour que ce monde proposé soit dense et homogène bien que contrasté, à partir de mes goûts personnels très orientés comme j'ai pu le mentionner précédemment concernant les influences de l'album.
Deux jours de tournage très éprouvants où tous sont ressortis avec des bleus, du sang, et / ou des égratignures, que du plaisir donc ! Un moment extraordinaire coordonné par Fatbros Productions qui ont fait un excellent taf, mêlé à l'énergie des figurants dans le but de créer quelque chose de vraiment pas commun dans le paysage des vidéo-clips français. Des heures à visionner ensuite le clip, donner mes indications pour sa finalisation, avant qu'il ne soit enfin visible sur internet le 2 juin 2009. Ce titre a été inspiré par l'essence des films de série Z, le côté très manuel des effets sanglants, l'aspect archétypal de ses protagonistes undead, et je trouvais qu'il retranscrivait bien l'un des aspects de l'UNDEAD ROCKSTRIAL. Il avait donc entièrement sa place comme premier clip de Simplyd4rk.
Une prochaine vidéo est-elle envisagée ?
Pas encore, mais j'ai de nombreuses idées pour cela lorsque qu'il nous sera possible d'en refaire une. Si le premier clip joue sur l'aspect surjoué des undead, lié à l'inspiration du titre très b-movie, les prochains devraient traiter davantage de ma propre vision des choses, plus en nuances et en profondeur…
D’abord projet solo, Simplyd4rk a considérablement évolué depuis ses débuts. Vers quoi souhaitais-tu te tourner ?
Mon seul but a toujours été de faire évoluer mon univers. Cela passe également par la (trans)formation du line-up, et ce qui pourrait se passer autour de nos prestations scéniques. J'ai la volonté de ne pas laisser ce projet devenir une formation basique à grosses grattes comme nombre de personnes aimeraient que ce soit le cas. Pas de guitares autres que synthétiques dans Simply, on ne fait pas de métal. C'est la règle d'or. J'ai l'idée de faire évoluer le line-up au fil des ans, de manière atypique, davantage dans la lignée de mes racines industrielles : privilégier les machines et la rythmique, tisser un paysage également sur scène. Tout ceci prendra du temps, mais je ne suis pas quelqu'un de pressé lorsque les choses valent la peine d'attendre…
Tu joueras le 5 mai au Glazart de Paris en première partie de Brokencyde et Jeffree Star. Que prévois-tu pour cette prestation live ? Des titres de ton EP Vampire Kiss seront-ils inclus ?
Bien que j'assume entièrement ce premier opus solo de Simplyd4rk, je n'ai aucunement l'envie d'en jouer les titres en live car il appartient à l'époque où j'étais exclusivement solo. Je préfère donc laisser l'EP à sa place, comme une croix faite sur un calendrier de l'existence de SD. Pour ce concert à Paris, nous allons jouer des titres de l'album et un ou deux propres uniquement à notre live set. Avec l'arrivée de Nervz XXVI dans l'équipe, le son va en surprendre plus d'un… Nous avons gagné en puissance et efficacité.
Toutes les songs de l'album ont été enregistrées avec des instrus synthétiques, excepté ce qui concerne les parties de batterie acoustique. Seuls « From The Grave » et « Freedom 4 Zombies » sont 100% synthétiques. Depuis fin 2009, après l'enregistrement de l'album, Nervz XXVI (basse) nous a rejoints et a travaillé des parties de basse parallèles à celles que je composais. Tout comme Scread, il est venu compléter mes morceaux. Ainsi le son de Simplyd4rk gagne en profondeur. Il en est devenu sur scène plus sombre et impactant. Il y a une véritable énergie qui en ressort avec ces deux nouveaux musiciens et contraste avec le côté déshumanisé de mes instrus synthétiques.
A l’occasion d’une session radio, tu as revisité certains titres en version acoustique. L’exercice te tente-t-il pour de futurs compos ?
Ma musique repose sur un contraste permanent entre les sonorités, mes différentes manières de chanter / screamer, son visuel, et c'est une volonté forte de ma part que d'offrir deux visions de Simplyd4rk. L'une, électronique / électrique, dense et complexe, extrêmement travaillée sur tous les plans, où l'UNDEAD ROCKSTRIAL prend sa pleine mesure. Et l'autre, acoustique, dépouillée de tout artifice, avec pour volonté simple celle de ne retranscrire que la brutalité des sentiments de chacun des titres, sous les accords réarrangés de Nervz XXVI à la guitare acoustique, Scread Seventh à la rythmique avec une batterie épurée, et moi au chant. Ce sont à mes yeux deux versions différentes de Simplyd4rk que j'aborde d'ailleurs comme deux projets différents, même si cela nous arrive de jouer quelques titres à la gratte après nos concerts…
Malgré une promotion assez restreinte, Simplyd4rk a rapidement trouvé son public depuis Vampire Kiss. Quel regard portes-tu là-dessus ?
Le travail et l'implication sont toujours récompensés. J'ai travaillé nuits et jours pour ce projet, me suis battu sans jamais abandonner, encaissé les coups durs, pris du plomb dans l'aile et perdu quelques plumes, ai nagé à contre-courant en ne suivant que ma propre idée et en me foutant des « on-dit » et préjugés. Au final, des gens m'ont soutenu et aidé à faire passer le mot concernant mon univers. Il y a un lien fort qui existe entre ce projet et ceux qui le soutiennent, me soutiennent, depuis le début. Au final, on pourrait dire que Simplyd4rk, c'est une affaire de coeur bien qu'un groupe d'undead. J'ai toujours privilégié ce côté humain aussi bien dans mon univers que sa promotion. Le DIY spirit en somme… Et je ne remercierai jamais assez les gens de nous soutenir.
Quels sont tes projets à venir ?
Continuer de faire évoluer ce projet conceptuellement, visuellement, ainsi que musicalement aux côtés de mes musiciens. Tendre à la professionnalisation est un but certain, mais le réaliser est une autre paire de manches. On se bat pour cela, et si les gens continuent de nous suivre, tout est possible. Mais ne soyons pas dupes, les temps sont durs !