Pourquoi avez-vous sorti un nouveau DVD ? Servait-il a combler votre mécontentement après que Roadrunner ai publié "Under A Pale Grey Sky" ?
Derrick Greene : Non, en fait c'était quelque chose que nous avions prévu depuis un moment, c'était la bonne période. Nous avions déjà sorti plusieurs albums et nous voulions faire quelque chose de nouveau. Ce DVD était planifié et il a été conçu avec Roadrunner, il n'y a pas de compétition, nous n'avons pas essayé de nous battre avec eux. Peut-être qu'on s'est battu avec nous-mêmes pour essayer de garder tout ce qui fait Sepultura. Nous voulons toujours faire de nouvelles choses et nous suivons toujours cet état d'esprit sans forcément avoir Roadrunner derrière nous. Nous avons signé sur SPV (label allemand) et un réalisé un DVD, c'est vraiment quelque chose qu'on a envie de faire quand on est dans un groupe. {multithumb thumb_width=450 thumb_height=300}
Pourquoi avoir choisi ce concert à Rio de Janeiro ?
C'était à Sao Paulo (rire)…
Nous vivons à Sao Paulo et on avait vraiment de faire un concert là-bas. Nous avons beaucoup de fans à travers le monde et faire un concert au Brésil de là où le groupe est originaire est vraiment quelque chose de spécial pour nous et pour eux. Il y a aussi le fan club et tous les gens qui suivent Sepultura depuis le début. C'est différent de ce qu'on a pu faire par le passé, et c'est bien d'avoir un DVD enregistré dans notre pays d'origine. Nous voulions vraiment montrer cela.
Quelles sont les évolutions de cet album par rapport à Roorback sorti en 2003 ?
Je pense que la plus grosse différence est l'idée. La conception de Dante XXI est basée sur le livre de Dante Alighieri, " La Divine Comédie "; c'est le point central de cet album. Nous l'avons écrit comme une bande originale du livre actuel en le mettant à jour, c'est pourquoi nous l'avons appelé Dante XXI, XXI pour le XXI ème siècle. C'est notre version de la Divine Comédie , c'est la plus grosse différence avec Roorback, un concept différent. Nous avons produit l'album nous-mêmes. C'est la première fois que l'on fait cela. Nous y avons aussi incorporé des instruments à cordes, un orchestre…Nous avons fait beaucoup de choses différemment par rapport à Roorback.
Pourquoi avoir décidé de vous inspirer de "la divine comédie de Dante" pour ce nouvel album ?
Nous avons déjà travaillé pour plusieurs bandes originales au Brésil pour différents films et bien sûr l'idée de faire une bande originale pour un livre est particulière. J'ai pensé à Dante et à la Divine Comédie parce que c'est quelque chose que j'ai lu étant plus jeune. Beaucoup de choses dans le livre sont encore d'actualité comme la politique, les polémiques autour de l'Eglise, la corruption. Toutes ces choses sont traitées dans le livre et se produisent encore aujourd'hui.
Les problèmes avec l'Eglise, la corruption, les questions sociales et aussi les changements personnels sont les points essentiels abordés dans le livre. Ils tiennent très à coeur au groupe et à beaucoup d'autres personnes. Beaucoup de choses qui se passent aujourd'hui comme la corruption au Brésil et partout dans le monde, l'Eglise qui est très stricte et qui n'hésite pas à utiliser les enfants…
Quels sont les thèmes (au niveau des paroles) que vous avez voulu mettre en avant ?
Tout d'abord l'Église et la religion, surtout pour leurs abus. Certaines personnes qui en contrôlent d'autres au nom de l'Église et de la religion, comme l'islam et les attaques terroristes. Une seule personne au pouvoir qui peut pousser des jeunes à faire des choses au nom de Dieu. Aux Etats-Unis c'est un peu la même chose avec Bush qui peut contrôler différentes personnes au nom du Christianisme ou de la démocratie. C'est une des questions que se pose Dante dans son ouvrage sur le pouvoir et la manipulation.
Dans quel état d'esprit s'est déroulé l'écriture et l'enregistrement de cet album ? Qu'avez-vous voulu faire ressortir comme ambiance ?
Tout d'abord une ambiance noire, sombre, sinistre proche de l'enfer. Nous avons séparé l'album en différentes parties comme dans le livre. Les cinq premières chansons concernent l'enfer. Il y a une partie instrumentale qui introduit le chapitre sur le purgatoire qui est composée de quatre chansons puis une chanson sur le paradis. Nous avons vraiment voulu créer cette division, garder ensemble toutes les chansons concernant l'enfer comme un voyage hardcore qui commence en Enfer et qui arrive au paradis en passant par le purgatoire. Pour le paradis nous avons voulu donner une toute autre ambiance que dans les autres chansons parce que c'est un monde plus spirituel. Nous voulions donc avoir une ambiance particulière pour chaque partie de l'album et donner un ensemble homogène.
Le fait de passer à un seul guitariste n'a-t-il pas réduit la gamme des possibilités en matière de composition ?
En live, le groupe joue avec un guitariste sur quatre ou cinq chansons mais je ne peux pas trop m'exprimer. Je ne suis pas guitariste, je suis juste chanteur et je pense que dans la composition il faut faire preuve d'intelligence et être sûr de ses compositions pour les concerts. Beaucoup de groupes n'ont qu'un seul guitariste et il font toujours preuve d'énormément de créativité dans leurs compositions.
Igor Cavalera a décidé récemment de faire une pause avec Sepultura pour se consacrer à sa famille, n'est-ce pas un léger coup dur pour vous juste avant de débuter votre tournée européenne ?
Oui c'est certain. C'est une année très difficile, il a une nouvelle femme et un nouvel enfant. C'était difficile pour lui de savoir que sa femme était au Brésil et qu'il n'était pas avec elle. Il n'a jamais voulu faire un break, il fait toujours partie de Sepultura. Nous devons respecter sa vie privée, il ne veut pas quitter le groupe. C'est sûr que nous avons notre nouvel album qui va sortir et on ne peut pas arrêter cela, nous avons un planning. Il voulait vraiment participer à cela et à la tournée qui va bientôt débuter mais il aurait été loin du Brésil et de sa femme ainsi que de son enfant. Max a toujours joué au sein de Sepultura et donc il connaît vraiment bien toutes les chansons, il a pu les jouer beaucoup en live. C'est vraiment un bon batteur et il a énormément de fans. Il nous permet quand il est là de jouer des anciens morceaux de Sepultura, c'est sûr que ça va être différent sans lui…
N'est-ce pas étonnant de faire appel à Roy Mayorga pour le remplacer ? Ceci prouve-t-il que vous vous entendez bien avec Soulfly ?
Oui bien sûr ! Nous n'avons jamais eu de mauvaises relations. Je pense que les gens veulent créer cela, comme une compétition entre les deux groupes du genre : "Oh mon Dieu ils ne doivent vraiment pas s'aimer !". J'ai connu Roy avant de devenir chanteur de Sepultura parce qu'il vient de New-York et j'y ai vécu moi aussi. Il avait un groupe de hardcore et a joué dans différents groupes, ensuite je me suis retrouvé dans Sepultura et lui dans Soulfly. On rigole de tout cela parce que depuis toutes ces années ça n'a jamais changé.
Pensez-vous que garder comme nom "Sepultura" après le départ de Max Cavalera vous a permis de garder votre notoriété ou au contraire vous l'a fait perdre ?
Je pense qu'on l'a gardé parce qu'être ici, faire des concerts partout dans le monde, faire des interviews, avoir le support d'un label et d'un bon manager maintenant, c'est très important pour nous. Quand je suis arrivé dans Sepultura, on a été obligé de reprendre à zéro parce que quand Max est parti, il est parti avec le manager, en l'occurrence sa femme. Quand le manager est parti, on a perdu tous les contacts que l'on avait pu se faire avec elle, elle a décidé de supporter Max même si le groupe était encore en contrat pour plusieurs albums avec elle. Il a donc fallu revenir en arrière et ça a pris beaucoup de temps avant de retrouver une structure stable. Aujourd'hui on a à nouveau la possibilité de faire des concerts à travers le monde et d'être supporté et j'en suis vraiment heureux.
Récemment, une rumeur a fait part d'une possible reformation de Sepultura avec Max Cavalera, peux-tu me donner plus d'informations ?
C'est vrai qu'il y a eu beaucoup de rumeurs dans les médias mais ce n'est pas si facile que cela, les gens inventent des choses mais ce n'est pas la réalité, je ne sais pas pourquoi ils disent cela. C'est vrai qu'on ne peut jamais dire jamais parce que ça ne dérangerait pas le groupe de rejouer avec Max mais à l'heure actuelle….ce n'est pas la réalité ! C'est un très bon musicien et je le respecte beaucoup parce qu'il voulait faire cela dès son enfance, faire de la musique, des concerts et avoir pleins de fans et il a réussi, mais je pense qu'il est bien avec Soulfly et ce n'était qu'une rumeur…
Quel souvenir gardez-vous de vos précédents passages en France ?
Je me rappelle d'un concert je ne sais plus exactement où mais qui était vraiment chaud, avec une énergie incroyable dès la première chanson, c'était vraiment le chaos ! Tu sais la passion que les gens ont pour les concerts et spécialement qui supportent Sepultura, c'est une des choses que l'on ne peut pas oublier. Tous les concerts et particulièrement à Paris avec le nombre impressionnant de personnes et l'ambiance c'est vraiment incroyable et spécial et c'est pour cela que l'on adore jouer en France.
Merci a Roger Wessier et à Derrick Greene !