{multithumb thumb_width=488 thumb_height=500}Il est 17 heures lorsque j'arrive devant la salle du Splendid. Hormis quelques fans bravant le froid du Nord, l'endroit semble totalement désert, heureusement, la porte de derrière est restée ouverte et un technicien m'indique la direction à prendre. Chose rare, il ne m'aura fallu que trente secondes pour arriver jusqu'à la loge du groupe, ou je ne suis attendu par personne ! Apparemment, le manager n'a été prévenu que tardivement, mais part à la recherche de Bénédicte, qui accepte de se prêter au jeu avec gentillesse.
BEN : Pour commencer, est-ce que tu pourrais me résumer un peu le chemin parcouru jusque ici ?
Bénédicte (chant, guitare) : C'est quasiment cinq ans de collaboration, pour déboucher sur une signature il y a un an et demi. On a fait pas mal de concerts depuis, pas assez à notre goût, mais tout de même une trentaine de dates… C'est une histoire musicale à trois, qui continue maintenant à cinq.
Comment s'est monté le groupe ? Pour ce que j'ai vu sur le site, j'ai cru comprendre que tu avais composée l'album toute seule…
Non, en fait je ne compose pas vraiment, car je ne suis pas musicienne à la base, même si j'ai quelques notions de clavier, de guitare ou de basse. J'avais un groupe d'électro-pop en Angleterre dans lequel je n'étais qu'interprète, mais chanter les paroles d'autres personnes n'était pas vraiment enrichissant et je m'ennuyais un petit peu. Les événements ont fait que je suis rentrée en France, et j'en ai profitée pour maquetter toute seule sur un quatre pistes, puis je suis partie aux Etats-Unis pour peaufiner tout ça. Quand je suis rentrée j'ai rencontrée Julien et Mathieu, et on a commencés le groupe à trois.
Est-ce que le nom du groupe a une signification particulière ?
Oui, depuis des années aux Etats-Unis, il y a cette pilule qui est en vente, c'est un médicament qui t'aide à réguler ton sommeil. C'est illégal en France, et en allant là-bas, on en a achetés plusieurs fois. J'aimais bien le nom, donc depuis 1998, je savais que mon groupe s'appellerait Melatonine. Malheureusement, il y a déjà une formation qui a le même nom, mais on ne fait pas la même musique, et celle-ci ne s'adresse pas au même public. Il y a donc deux groupes en France qui s'appellent Melatonine.
Sur vos fiches personnelles, j'ai vu que vous aviez tous des influences très différentes. Cela ne vous pose pas de problèmes lors de la composition ?
Pas vraiment, parce qu'on met tous nos influences de côté. Nous n'essayons pas de plagier qui que ce soit, donc les artistes que nous écoutons ne se ressentent pas spécialement dans Melatonine. Peut-être un petit peu Garbage à certains endroits de l'album, mais… Qu'est ce que tu en penses, est-ce que tu as eu l'impression d'écouter du Sonic Youth, du Nirvana ou du Oasis ?
Non, pas vraiment.
Nos influences on les laisse chez nous ! De toute façon le terme d'influence est vraiment vaste, entre ce que tu écoute chez toi, ou encore ce que tu vas placer dans ta compo, ça n'a rien à voir ! On est influencés par rien hormis ce qui nous vient par la tête, on le dit parce qu'il faut bien répondre quelque chose ! On est un groupe avec une fille au chant, donc comme il n'y en a pas eu 100 000, elles viennent assez rapidement.
Sur cet album, j'ai trouvé qu'il y avait un certain contraste entre les paroles et la musique…
Tout à fait !
D'ailleurs c'est également quelque chose que l'on retrouve sur la pochette, avec la larme rose sur ce visage triste…
Moi je ressentais le besoin d'écrire des textes plutôt sombres, j'avais besoin d'extérioriser pas mal de choses, mais on avait pas pour autant envie d'écrire un disque qui donnerait envie aux gens de se suicider ! Donc on a essayé de faire des chansons entraînantes, avec des accords majeurs, tout en abordant des thèmes plus tristes. C'est le côté Psychoglam, la facette déprimante avec une touche plus glamour.
Est-ce que tu peux me dire à qui s'adressent les paroles de « Elle s'inspire » ?
A toutes les filles qui se cherchent, mais la chanson parle un peu de moi. « Elle », c'est moi.
Vous aviez près d'une soixantaine de compos, pourquoi avoir fait un album si court ?
On n'estime pas qu'il soit court. Onze c'est un format tout à fait raisonnable pour un premier album, on n'avait pas envie de surcharger. Sur les soixante compos que l'on a pu écrire en cinq ans, il y en avait que onze qui méritaient vraiment de figurer sur ce disque. Et encore, si on avait eu plus de temps, peut-être que certaines chansons auraient été remplacées par d'autres ! On se renouvelle très vite forcément, au bout de cinq ans tu acquiert une maturité en terme d'écriture, tu te lasse de ce que tu as écris il y a six mois… Si on avait fait l'album il y a trois ans, je pense qu'il aurais été très différent, et le prochain le sera sans doute tout autant.
Vous avez obtenus un bon nombre de premières parties plutôt convoitées alors que vous n'aviez encore rien sortis, Benoit de Pleymo à réalisé l'artwork de Psychoglam… Comment arrivez-vous à nouer autant de contacts ?
Je pense que c'est l'avantage d'être un groupe parisien. On a accès directement aux dirigeants, aux personnes influentes, et on a trouvés un tourneur avant même d'être signés. C'est également notre manager, et comme il s'occupe de beaucoup de groupes internationaux, il essayait de nous placer sur l'affiche. Pour Garbage c'est un peu différent, puisque ce sont des gens qui suivent mon évolution depuis sept ans, c'est même grâce à eux que j'ai connu notre manageur actuel !
Vous avez tourné un clip pour « J'aime pas », comment cela s'est-il passé ?
En fait, on en a fait deux, un pour « Prozak Génération » et le second pour « J'aime Pas ». On a tourné le premier en Bulgarie, dans un hôpital désaffecté, on voulait un endroit bien glauque ! Marc Maggiori (chanteur de Pleymo) a trouvé cet endroit adéquat, donc on est partis quatre jours à Sofia, il faisait un froid épouvantable ! Pour « J'aime pas », on l'a fait à Paris dans un studio avec deux jeunes réalisateurs qui nous ont proposés un concept assez simple. « Prozak Generation » était un clip rock, pas spécialement esthétique et valorisant pour nous, on ne voulait pas passer pour un groupe qui faisait bien à l'écran. Comme « J'aime pas » est une chanson un peu plus légère, on voulait un clip d'avantage axé sur le côté image, un peu fashion, on voulait s'amuser des petites mimiques, des petites poses !
Comment cet Europe 2 campus tour s'est-il déroulé, pas trop difficile d'être la seule fille ?
L'avantage, c'est qu'il n'y a pas de concurrence ! Entre filles, il y a toujours une espèce de jalousie, un petit regard en coin… En plus on les connaissaient d'avant, comme on est de Paris on se croise plus ou moins en soirée ou en concert. J'ai pas de problèmes, Melatonine c'est ma famille, ça fait longtemps que l'on se connaît donc je me sens bien entourée par tous ces mecs !
On m'a parlé d'une introduction assez spéciale lors de vos concerts (il s'agirait en fait d'un titre extrait de la Bande Originale de Sexe Intentions)…
Il s'agit d'une chanson très lente et très triste qui s'appelle « Colorblind » des Counting Crows. On le fait que depuis l'Europe 2 campus tour, avant on n'introduisait pas le groupe. Comme il y a trois groupes en plus de nous et que entre les set tu as un peu les oreilles en choux-fleurs, on avait trouvé ça bien de mettre ce titre reposant au piano, et d'enchaîner avec « Les Anges » qui marque le contraste. Ca réveille les gens d'un coup !
Sur le site, les dates de concert s'arrêtent aujourd'hui…
On a quand même une date demain, c'est de ma faute, j'ai oubliée de faire les mises à jour. Mais après cette soirée à but caritatif, on va en effet s'arrêter jusqu'à la rentrée 2006.
Que prévoyez-vous pour la suite ?
On va peut-être se suicider ! Non, on va certainement se mettre à écrire pour le deuxième, le temps passe vite et ça serait bien de commencer avant de n'avoir plus que deux mois pour le faire ! Dans l'urgence, c'est jamais très bien fait, et puis de toute façon on en a tous envie. Dans un groupe, il y a des cycles, tu écrit, tu enregistre, tu ré-écoute ce que tu as fait, tu sélectionne… Là je pense que l'on est dans un cycle ou l'on a envie de se renouveler un petit peu, je ne sais pas à quoi va ressembler le second album, mais j'ai déjà envie de l'écouter terminé ! On va écrire, et puis normalement on repart sur les routes de février à septembre, avec si tout se passe bien, quelques arrêts sur les festivals d'été !
Merci à Bénédicte, à Nicolas d'Ephelide ainsi qu'à Roudoudou.