Arrivés vers 13h45 à l'Elysée Montmartre, après diverses galères en voiture, nous sommes accueillis très chaleureusement par Garance Productions. Un petit tour dans l'Elysée Montmartre pour découvrir la scène et les loges, puis je suis convié pile poil à l'heure pour interviewer Manu, ex-chanteuse de Dolly et qui achève sa longue tournée 2009 avec cette date. Souriante, ouverte, prête à parler de beaucoup de sujets différents, on tombe vite sous le charme de cette fille au caractère en acier trempé. Extraits de cette rencontre avec une artiste admirable de simplicité et de sincérité…
Comment tu sens cette date parisienne ?
Bien !… A la fois triste et excitée. Excitée de monter sur scène et triste parce que c’est la dernière de la tournée.
Quand as-tu joué à Paris la dernière fois ?
On a joué à La Boule Noire en octobre 2008, puis on a fait Le Trabendo le 31 janvier de cette année. Et maintenant, l’Elysée Montmartre, les salles sont de plus en plus grandes ! Entre temps, on a fait deux magnifiques dates en province dernièrement, à Avignon et Montpellier. Le public était au rendez-vous. On était très contents.
Te considères-tu toujours comme porte drapeau de la génération rock français des 90’s ou comme faisant partie de la nouvelle scène féminine française (Mademloiselle K, Anais, etc.) ?
Je ne sais pas si je suis un porte-drapeau de la génération rock français de cette époque ! Je n’ai jamais vraiment réfléchi à la question. Pour moi, les plus grands représentants du rock français de cette époque sont Noir Désir, qui ont de très beaux textes engagés.
As-tu envie de t’engager dans tes chansons ?
Je m’engage dans ma vie privée, mais pas dans ma musique. Je ne saurais pas le faire. Et il y a des gens qui le font très bien, comme Noir Désir par exemple…
Moi, j’ai toujours voulu faire de la musique et chanter, depuis toute petite. J’ai rencontré et je me suis entourée des gens qu’il fallait pour le faire. Mes textes parlent de mon univers et non pas de politique.
Ta collaboration avec Nicolas Bonnière est un fait constant dans ta carrière, qu’est ce qui vous rapproche autant ?
On est très proches, on se connaît et on se comprend très bien musicalement. Et puis, j’ai toujours eu l’habitude de faire des rencontres musicales très intéressantes…
J’allais y venir. Les collaborations semblent être un fil conducteur dans ta carrière, car tu as bossé avec des artistes aussi différents que Phillipe Button (« Sur mes lèvres »), Fred K (« Goodbye »), Suzuka Asaoka (Chaine TV Nolife) que j’adore entre parenthèses…
Je suis contente que tu m’en parles car généralement, les gens connaissent peu. Pour moi, ça a été une collaboration très intéressante, notamment le travail en langue japonaise.
Il y a des artistes qui restent cantonnés à leur monde musical, pourquoi tu préfères les associations avec d’autres ?
Oui c’est important car pour moi la musique est un partage. J’ai collaboré aussi avec Blankass sur leur album Elliot où j’ai chanté sur « Qui que tu sois ».
Tu as chanté « En vie » sur la version francaise de l’album homonyme d’Apocalptyca, tu as bossé sur Une somme de détails de Mass Hysteria en 2007 « Briller pour toi », est-ce que tu as toujours une attirance pour le métal ?
Oui, certainement. Même si je n’en écoute plus beaucoup maintenant, j’aime encore aller voir des concerts de Métal. C’est comme ça que je préfère le Métal.
Depuis 1989, date où tu as, je crois, commencé ta carrière, la scène Rock a beaucoup évolué (ou pas), qu’est-ce que tu en penses ?
Quand j’ai commencé en 89, on forçait les groupes à chanter en français. Maintenant, les nouveaux groupes chantent de plus en plus en anglais. Je trouve bien que l’on n’ impose plus une langue en particulier aux groupes, c’est contre-nature. Chanter en français si on en a pas envie, ça sonne faux ! Voilà pour moi la plus grande évolution.
Je vais m’éloigner un peu de notre sujet principal, mais néanmoins un sujet d’actualité qui doit te toucher. C’est l’engagement contre la maladie. En effet, je sais qu’avec Dolly…
Oui, on avait fait une chanson qu’on a offert à l’UNISEP pour sa compilation Une seule voix contre la sclérose en plaques en 2005…
Que penses-tu des propos qu’a tenu Pierre Bergé à propos du Téléthon (Pierre Bergé avait déclaré que les gens donnait au Téléthon au détriment du Sidaction ndlr) ?
Disons que je n’ai pas trop d’avis sur la question… On donne si on a envie de donner. Si les gens préfèrent donner à une association plutôt qu’à une autre, c’est leur choix…
Étant fan de Dolly pendant mon adolescence, j’ai été très touché par le décès de Mickaël Chamberlain, ton bassiste. Comment aujourd'hui tu peux continuer à créer avec cette idée ?
Je pense encore bien sûr tous les jours à lui. Cela a été très difficile pendant un an. Puis j’ai recommencé à faire de la musique. Il est toujours avec nous. Quand on monte sur scène, c’est à lui que l’on pense. D’ailleurs, la chanson « Goodbye » de l’album a été écrite pour lui. J’espère qu’il est fier de ce que l’on fait et qu’il s’amuse et boit des coups là-haut, car il commence à y en avoir du monde là-haut !
« Prends ton mal en douceur », c’est toujours d’actualité ?
Oui ! J’essaie, même si je suis moins patiente avec l’âge. Mais en effet, j’essaie de prendre mon mal en douceur…
Un grand merci à Flo de Garance pour son accueil et sa disponibilité.