Cap'tain Planet : Comment décririez-vous à un néophyte ce qu'est le dub ?
Luz : Le dub est un accident ! Il est né en Jamaïque dans les années 70. Les premiers dubs ont existés par hasard à la suite d'une erreur de mix du producteur King Tubby . Aujourd'hui le dub est devenu une musique à part entière et mélange toutes les influences musicales. Pour nous, c'est la déconstruction d'un morceau, ré arrangé et mixé avec des effets.
C : Existe-il un public adéquat et particulier à votre style musical ?
Luz : Notre musique n'est pas élitiste ou sectaire, nos sources d'inspirations sont très large et vont du reggae au punk en passant par le métal, l'électro ou les musiques ethniques par exemple, elle s'adresse à tous.
C : Parlons de vous, peux-tu nous éclairer sur votre univers ?
Luz : Spatial et en réflexion permanente.
C : Quelles émotions essayez-vous de faire passer à l'auditeur ?
Luz : L'emmener dans notre univers, dans une autre réalité car la réalité n'est pas universelle, elle est propre à chacun !
C : Le dub est une musique de studio, qu'est ce qui diffère pour vous entre la scène et le studio ?
Luz : Notre travail en studio est plus cérébral qu'en live. Nous sommes en même temps acteurs et auditeurs alors que sur scène nous sommes plus spontanés, on joue au feeling. Les versions live sont très différentes, plus percutantes et plus adaptées au dancefloor. Il y une part d'improvisation et C'Tom est présent sur tous les morceaux. On ne refait jamais deux fois les mêmes versions. Il y a aussi la vidéo mixée live par Klem, qui renforce et met en relief le set.
C : Quel type de relation cherchez-vous à établir avec votre public ? Est-ce que cette relation diffère entre la scène et l'album ?
Luz : Avec l'album, l'écoute peut être plus posée et intérieure, tandis que le live permet de s'exprimer physiquement et de se lâcher pour communiquer avec l'extérieur. Le but dans les deux cas, c'est que nous soyons en résonance avec le public.
C : La scène dub française est originale, on parle souvent de « phénomène français », êtes-vous en accord avec cela ?
Luz : On parle aussi de reconnaissance internationale, ce qui n'a pas toujours été le cas. Dans les années 80, les groupes français étaient très peu connus en dehors de l'hexagone. A l'étranger, l'image de la musique française était souvent associée à la variété. On doit cette évolution à l'explosion des musiques électroniques il y a quelques années, ce qui a permis à la scène dub française de démontrer tout son talent et d'être enfin reconnue à juste titre. La French Touch !
C : Qu'est ce qui fait la force de la scène française selon vous ?
Luz : C'est la diversité des styles. Notre culture européenne permet de mélanger toutes sortes d'influences. C'est la grosse différence avec la scène jamaïcaine. Ce qui est innovant dans cette musique c'est quelle est sans limites et toujours évolutive, c'est une musique vivante !
C : Comment expliquez-vous le fait que chaque groupe de dub même s'il est associé à cette appellation sonne d'une façon tout à fait différente d'un autre ? (la musique d'High Tone ne ressemble pas du tout à celle d'Improvisators Dub ou d'Ez3kiel alors que dans le rock ou le punk on retrouve des similitudes entre chaque groupe …)
Luz : Ce qui défini avant tout le dub c'est la façon de mixer, d'amener une ambiance. C'est le mélange de la sensibilité de chacun qui prédomine et non les influences musicales. Avec le dub tout est possible.
C : Comment voyez-vous évoluer le dub français dans le futur ?
Luz : Pour les autres je ne sais pas, mais en ce qui nous concerne, nous essayons de ne jamais refaire la même chose, il faut surprendre, ne pas se cantonner à trouver une recette unique et l'appliquer indéfiniment, sinon ça tourne en rond et tout le monde se lasse.
C : Pensez-vous qu'une exportation à grande échelle du dub soit possible ?
Luz : Oui, mais le contexte commercial actuel n'est pas à l'émancipation des nouvelles musiques. Les majors écrasent littéralement tout sur leur passage et ne prennent aucuns risques. Se sont les labels et les groupes indépendants qui explorent et proposent des alternatives. Les réseaux internationaux existent mais ne peuvent pas rivaliser. C'est le manque de moyens qui freine la diffusion du dub et non la musique en elle-même.
C : Préféreriez-vous que les jeunes filles du premier rang pleurent ou s'évanouissent en vous voyant ?
Luz : Plutôt quelles dansent et s'éclatent à fond, c'est moins ennuyeux !