Avec le goût de la scène théatrale, mais aussi musicale depuis le plus jeune âge, Carmen Maria Vega n’aime pas qu’on la mette dans une case; c’est une artiste aux différentes casquettes, aussi à l’aise avec un micro que devant une caméra. Mais c’est bien de musique dont a discuté avec elle, et plus particulièrement de son album Du Chaos Naissent Les Etoiles, paru en avril, même s’il est difficile de ne pas lui parler de sa carrière d’actrice, avec le film «Le Jour De La Grenouille» de Béatrice Pollet qui sort dans les jours à venir.
Cela va faire quelques mois que ton album est sorti, comment juges-tu l’accueil du public par rapport à celui-ci?
Sur celui-là, il y a eu une plus grosse visibilité que sur le premier, donc on a un public qui s’est largement étoffé. On a commencé à défendre cet album cet été sur les festivals, sans forcément être tête d’affiche, donc le public découvrait encore les titres, mais je suis très contente de l’accueil de la presse et du public.
De quoi es-tu la plus fière au niveau des réalisations musicales de cet album?
De l’album dans sa globalité en fait, car j’ai bien cru à un moment donné que l’on ne réussirait pas à le faire… parce qu’on se perdait dans plusieurs directions. Après, je trouve qu’il est très cohérent avec les envies que j’avais et là où on était arrivé à la fin de la tournée en 2011, c’est à dire une énergie dynamique plus Rock, quand on jouait des titres comme «Hiérarchie» ou «Bozotomie» du premier disque. Et je suis aussi très contente du clip et de l’imagerie qu’il y a autour car j’avais demandé à ma maison de disque de me laisser faire et d’amener ma photographe et mon graphiste. Au final ils étaient contents que je vienne avec mes idées car eux n’en avaient pas! (rires)
Tu as récemment dit que pour cet album, tu voulais éviter de tomber dans certains clichés, notamment grâce à une tournure un peu plus Rock… De quel genre de clichés parles-tu?
Je ne veux pas éviter les clichés, c’est juste que je voulais enlever l’étiquette «Piaf» ou «Manouche» qu’on avait mis sur le premier disque, et qui ne voulait rien dire. C’était ce cliché en particulier car je ne me retrouve pas là-dedans… la tradition des interprètes s’était un peu perdue, puis elle est revenue, donc quand je suis arrivée, on disait «Tiens, c’est une Piaf» et voilà… je trouve ça un peu vieillot, quoi… J’adore Piaf, c’est pas le problème, mais je ne me reconnais pas dans ce courant musical là, ni dans un courant en particulier d’ailleurs. Comme avec les radios, qui nous disent: on adore ce que vous faites, mais on ne peut pas vous programmer car on ne sait pas où vous mettre! C’est un des trucs qui m’agace un peu d’ailleurs, mais ça ne nous empêche pas de tourner ni de faire des disques.
Vous avez travaillé avec Mark Platti (The Cure, David Bowie) sur cet album, qu’est ce que sa patte particulière vous a apporté?
Déjà, c’était intéressant d’avoir le regard d’un anglophone, qui ne comprend pas forcément ce que tu racontes et qui ne s’intéresse qu’à la musique, et puis c’est un mec avec un CV impressionant mais tu ne le ressens pas du tout dans le boulot de tous le jours, il ne se la ramène jamais et il ne cherche pas à t’expliquer comment ça marche la musique! Lui s’est vraiment plus occupé de la partie Mastering, on avait tout pré-mixé et lui a travaillé d’abord un peu sur le mix, puis le Mastering. Ca a été assez magique et en plus il travaille quasi-uniquement en analogique, un peu à l’ancienne, dans son petit studio dans New-York, pas dans un espèce de gros bunker de la création, qui te met une pression énorme sur les épaules… On avait fait les pré-prods à Montreuil dans un petit studio aussi, la réalisation à Ménilmontant (Paris) puis on est parti à New-York, mais c’était un truc pratiquement familial quoi…
Dans tes textes, on ressent deux aspects différents, le côté divertissant, presque rigolo de tes titres, et de l’autre un ton plus critique, quel est celui-que tu aimes le plus mettre en avant au final?
Ni l’un ni l’autre, je pense qu’un disque, un spectacle, c’est une démonstration de la vie, et le fait d’avoir un regard critique sociétal n’a pas de valeur militante ou propagandiste… je ne pense pas que ce soit le rôle des artistes! A la limite, qu’un artiste amène à réfléchir ou pose une question, mais je ne suis pas là pour dire à mon voisin comment il doit penser… Ce que j’aime c’est passer d’une émotion à l’autre, car dans la vie tu n’es jamais tout le temps en colère ou jamais tout le temps heureux, il faut un peu des deux, donc dans mon spectacle, c’est pareil! Mais ca reste un divertissement car il y a de l’échange, de la bonhommie, de l’amusement… et j’ai envie de m’amuser sur scène, on peut quand même s’amuser tout en proposant une manière de voir les choses…
T’es-tu servi de tes expériences au Cinéma (elle joue notamment dans Le Jour De La Grenouille, qui sort le 12 septembre au Cinéma, NLDR) pour construire ta carrière musicale et ta présence scénique?
Je crois que tous les arts sont complémentaires, donc à un moment donné ça t’aide, mais après il faut aussi bien différencier les choses. C’est aussi un cliché qui m’avait agacé sur le premier disque: comme c’était souvent des textes avec une histoire, un «personnage» alors que pour moi ce n’était pas un personnage mais une émotion, on a dit de ma musique que c’était de la «Chanson Théatrale» alors que non! Le rôle d’une actrice et d’une interpréte est similaire car on sert un auteur dans les deux cas, mais c’est tout. Il n’y a que le Cinéma qui, pour le coup, arrive à regrouper tous les arts. Je crois que quand tu as la chance de pouvoir travailler dans les deux, l’un enrichit l’autre, mais il faut bien discerner les deux.
Comment vois-tu les choses pour l’avenir, t’imagines-tu en train de mener de front deux carrières différentes ou bien embrasser l’une plutôt que l’autre?
Après ça tu ne le décide jamais vraiment, cela dépend des opportunités. Bon là cette opportunité au Cinéma est venue en même temps que la tournée, j’ai essayé d’allier les deux et ça s’est plutôt bien passé. Après j’avais eu d’autres propositions avant qui ne me plaisaient pas et je n’ai pas sauté dedans juste parce que c’était du Cinéma… Là, je joue dans ce film qui sort et puis dans le premier long-métrage en tant que réalisateur de Simon Abkarian qui se tournera en 2013, donc on verra si on arrive à mêler les concerts et les joueurs de tournage… On y arrivera de toute façon, on y arrive toujours!
Merci à Carmen Maria Vega pour sa disponibilité.
Merci à Sébastien (Du Bruit Au Balcon) ainsi qu’à l’équipe d’Artsonic qui nous ont permis de réaliser cette interview.
Interview réalisée par Julien Peschaux pour Vacarm.net
Photos: Julien Peschaux et Facebook Officiel de Carmen Maria Vega