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Interview avec Jean Sarrus (Les Charlots) : « Les fans de Johnny Hallyday venaient pour nous frapper et pour nous tondre à la fin du concert. »

Jean Sarrus est définitivement un artiste multiforme, musicien d’abord. Auparavant, il fut l’un des bassistes de Ronnie Bird et Dick Rivers. Acteur, humoriste, animateur, présentateur, il anima l’émission de Country Music sur Canal Jimmy. Il fit également les beaux jours de nombreuses radios. Il se révèle aujourd’hui comme un auteur d’une qualité rare. Aujourd’hui tout le monde le connait comme menbre originel de la troupe des Charlots. Mais revenons un peu sur l’histoire des Charlots justement…

A l’époque des Charlots, Jean Sarrus c’était lui:

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Au mois de juin 1966 commence la folle histoire des Charlots. Luis Rego, Gérard Rinaldi, Gérard Filipelli, Donald Rieubon et Jean Sarrus entourent Antoine et forment les « Problèmes ». Ainsi naît le « premier groupe de rhythm’n’blues 100% français ». Leur humour franchouillard, leur accent berrichon, leur petit air de musette font mouche ! Ces véritables showmen entament leur premier tour de France et font mourir de rire des millions de spectateurs avant de connaître la consécration au cinéma et sur disques. Les années 1970 voient le groupe se consacrer massivement au cinéma, avec quinze films tournés en à peine plus de vingt ans.

Insatiables, Les Charlots présentent également durant de nombreux mois certains objets hilarants dans le magazine « Pif Gadget ». En 1984, ils publient leurs souvenirs « 120 ans de conneries » et se produisent en 1988 à l’Olympia avec Antoine pour un baroud d’honneur. En 1992, Les Charlots déposent définitivement le bilan.

Jean Sarrus nous retrace dans un récent ouvrage avec verve et verbe les trépidantes aventures des Charlots… leurs voyages, leurs films, leurs rencontres d’exception (Louis de Funès, Mick Jagger…), leurs délires, leurs coups durs aussi. Il sera le président du jury lors du Festival Saveurs & Légendes du 5 au 7 mai 2016 et nous a révélé 2-3 anecdotes.

Bonjour Jean ! Les Charlots ont été créé au milieu des années 1960 sous le nom « Les Problèmes ». Pourquoi ce nom ? C’était un présage finalement ?

Bonjour! Un présage pour la suite ? Oui, peut-être. On était très fans des groupes anglais. On aimait Bob Dylan et c’était le temps des chansons engagées. Les « Protest Songs » avaient la cote. Du coup on s’est dit que les « Problèmes » pouvaient être aussi les « Problems » (ndlr : avec l’accent anglais) et qu’on serait ainsi dans le vent. Il faut se remettre dans le contexte de l’époque. Dans les années 1960 ce n’était pas rien de porter les cheveux longs et de vouloir être artiste à temps plein. Donc forcément des fois, ça attirait des « problèmes ».

Vous assurez les premières parties de Françoise Hardy (1965), Johnny Hallyday (1967) ou encore Claude François (1968), mais vous êtes aussi un des deux groupes français avec Téléphone, quelques années plus tard, à faire la première partie d’un concert des Rolling Stones. Quelles sont les rencontres qui t’ont marquées toi personnellement ?

Il y en a eu énormément. Je garde un très bon souvenir des différentes tournées qu’on a pu faire. Nous étions les musiciens d’Antoine et on a terminé la tournée par une belle date à l’Olympia. Puis, nous sommes partis en tournée en tête d’affiche avec une autre date à l’Olympia. Nous avons joué avant Chuck Berry aussi. Nous n’avions jamais vraiment l’occasion de parler avec les groupes anglophones à l’époque. Déjà parce que j’avais un anglais plutôt scolaire et que je n’avais pas envie d’avoir l’air con et que deuxièmement les groupes arrivaient souvent très en retard aux concerts. Ce n’était pas rare qu’on fasse la première partie et que le directeur de la salle nous dise de continuer de jouer parce que les têtes d’affiche n’étaient pas encore arrivées. On prolongeait notre set jusqu’à ce qu’on doive faire de la place au groupe arrivant après. Tu imagines ? On jouait même « Satisfaction » avant les Rolling Stones ! Aujourd’hui c’est impensable mais c’était comme ça à l’époque. De nos jours tout est réglé comme du papier à musique, c’est un peu dommage.

Avec Antoine, sur sa tournée et avec ses « Elucubrations », tu as dit que ça n’était pas triste et que ça finissait souvent en baston. Peux-tu nous raconter ?

Oui, là aussi pour l’époque les paroles d’Antoine dans ses « Elucubrations » étaient très provocatrices et très controversées. Il disait notamment que la pilule contraceptive devait être mise en vente dans les Monoprix et qu’il fallait enfermer Johnny Hallyday dans une cage au cirque Médrano. Les fans de Johnny Hallyday venaient pour nous frapper et pour nous tondre à la fin du concert. Des fois même pendant les concerts. On essayait de sortir en convoi et de ne pas trop se faire remarquer mais la soirée se terminait souvent au poste de police, dans un panier à salade ou encore à l’hôpital. Finalement ce sont ces mêmes fans et ces mêmes personnes qui viendront nous voir à nos concerts, quand on sera en tête d’affiche et qui nous trouveront sympathiques. Les temps changent !

C’est après une tournée avec Antoine, que vous décidez alors de vous spécialiser dans la chanson humoristique qui deviendra par la suite grivoise. Peux-tu nous raconter ?

Antoine avait une chanson où il disait « Je dis ce que je pense, je vis comme je veux ». Suite à une blague on a voulu la tourner en dérision en la réécrivant avec des paroles amusantes. C’est devenu « Je dis n’importe quoi, je fais tout ça qu’on me dit ». C’est dans cette même chanson qu’on inclura le fameux « Chauffe Marcel ! » qui est rentré dans le langage commun aujourd’hui ! C’est devenu une vraie expression populaire. Même Brel l’avait reprise !

J’ai longtemps cherché un lien entre les Charlots et le Luxembourg. Je l’ai trouvé ici : Au milieu des années 1980, alors que leurs films ne rencontrent plus autant de succès, Antenne 2 vous propose d’animer l’émission de variétés « Demain c’est dimanche » aux côtés de Désirée Nosbusch, qui est luxembourgeoise.

Effectivement ! Cette émission a permis à Gérard Rinaldi de se voir offrir des opportunités, dans le doublage et à la télévision, l’incitant à entamer une carrière en solo. Ensuite on lui a proposé « Marc et Sophie » et ça a cartonné pour lui. Je suis souvent passé par le Luxembourg dans ma carrière. Dernièrement il me semble que c’était pour une pièce de théâtre. Oui, Désirée ! Comment va-t-elle ? Elle s’est mariée et  a eu des enfants ?

Il va falloir l’inviter au festival à Mondorf, tiens ! Tu vas être le président du jury lors du Festival Saveurs & Légendes à Mondorf-les-Bains. Quelles sont tes attentes ?

Il n’y a pas vraiment d’attentes de ma part. J’ai envie de m’amuser. Toute la tournée pour les 50 ans des Charlots doit être comme ça : amusante et sans prise de tête. On a eu envie de fêter cet anniversaire dignement. Jean-Guy Fechner et Richard Bonnot seront aussi présents et nous serons accompagnés par sept musiciens. Concernant le concours et le jury, j’espère faire de belles rencontres musicales.

Enfin notre question rituelle : Beatles ou Rolling Stones ? Et pourquoi ?

Je choisirais Les Beatles sans hésitations, même si j’admire le jusqu’auboutisme des Rolling Stones. Ils sont quand même des dinosaures ! Ils sont planétairement connus et ils ont même chanté pour le Président Obama, ce n’est pas rien ! S’il y a une attaque nucléaire, je suis persuadé qu’il restera les Stones.

Merci à Jean pour cet agréable entretien et voici Jean aujourd’hui pour les nostaliques:

Jean Sarrus

 

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Gérard Filipelli, Phil du gang des Charlots, est mort | 31 mars 2021 at 15 h 36 min

[…] six membres du gang des Charlots, avec Gérard Rinaldi (décédé en 2012), Jean Sarrus, Jean-Guy Fechner, Luis Regoet Richard Bonnot. Formé en 1966 (ils s'appelaient à […]

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