Nous sommes à un peu plus de deux mois de la sortie de votre nouvel album H.N.P, est-ce que vous pouvez nous le présenter ?
Cest notre 4ème album, il sappelle H.N.P.. On la sorti en autoproduction derrière le label Klonosphère. On a donc mis la main à la patte pour la production de cette album. Notre distributeur en France, en plus de nous, cest Season of Mist. Là on est en pleine tournée de promotion de lalbum, on enchaine les dates, surtout en festivals. On aura notamment une grosse tournée en octobre au côté de Klone et de Hacride, une sorte de « co-headline-up».
 
Comment vous ressentez la réception de cet album tant au niveau de la presse quau niveau des fans ?
Cest très bien accueilli par les mags, on a eu des doubles et triples pages, des pures chroniques, mais cest au niveau des webzines et des blogs que cest mitigé, on nous descend pas forcément mais pour certains cest pas lalbum quils attendaient, cest plus des histoires de goût je pense. Ils comprennent pas forcément notre démarche au niveau destomper laspect un peu funk groovy qui sortait par-ci par-là dans les derniers albums. Notamment au niveau du choix du cover, notre choix de prendre une cover et dêtre fidèle à loriginale. Après voilà, on a fait ça, cest plus un hommage et un défi, cest pas un morceau facile à jouer. Au final cest plus une sorte de bonus track, cest un album 9 titres en réalité avec une cover en bonus.
 
On a du vous poser la question plusieurs fois, mais que signifie H.N.P ?
Heres No Peace. Contraire de Rest in Peace. Cest un triptyque qui prend fin sur cet album. Cest lhistoire dun personnage qui est mort sur lalbum davant. Bon cest pas le développement dun triptyque traditionnel mais son histoire sest goupillée comme ça. Et donc cet album traite de tout lhéritage quil a laissé à lhumanité, il a laissé un monde chaotique, ça traite un peu de la manière dont les gens peuvent récupérer une idée pour la recanaliser, la manipuler à toutes fins, comme le font la religion ou la politique. Là cette histoire cest un peu le chaos quil a engendré et comment une sorte de société parallèle secrète récupère ça. Cest un peu fictif-réel, une critique déguisée.
 
Cet album est donc « la fin dun triptyque Trepalium », mais est-ce que cela signifie que lon doit sattendre à une entière renaissance de lidentité Trepalium ?
On sait pas vraiment, on y pas encore réfléchi, on a quelques petits plans qui se mettent en route, mais rien de précis pour linstant. On a besoin de digérer, de jouer cet album dabord, bien faire le tour de la question, on a trop la tête dans le guidon pour le moment, on ne va pas pondre un album tous les six mois (rires). En tout cas, il ny aura plus de triptyques, ça cest sur, ça sera peut-être un album concept unique, ou peut-être pas de concept du tout. On en sait rien. Au niveau du son ça restera du Trepalium, parce quun chien reste un chien, on va pas faire du AC/DC ou du glam demain, on va rester fidèles à nous-même, dune pour nous et ensuite pour le public, en essayant daller toujours plus loin quand même. On va toujours chercher à expérimenter, dans la mesure du possible, pour apporter une pierre à lédifice. Après je pense quon a toujours réussi à rester fidèles à nous même, la musique ne changera pas, ensuite au niveau des textes, des concepts, ça changera beaucoup plus.
 
On sent toujours dans vos compos un certain esprit groovy malgré le fait que vous faite du death métal, ça ne vous a jamais traversé lesprit de pousser le délire groove encore plus loin ?
Un truc Jazz-funky-métal ? Si, mais après, on cherche pas forcément à rentrer dans une catégorie, on cherche un identité à travers un truc un peu plus vaste. Le danger dun tel exercice cest que tu dise « on va être comme ça et comme ça », et après, quand tu fais autre chose, les gens te jugent trop vite. Tu vois déjà là on a tenté de changer, de faire un truc un peu plus ambiant, un peu plus binaire, et nous, nous sommes très fiers de cet album, surement notre meilleur album, XIII avec une plus-value. Après je peux comprendre quon puisse aimer ça ou non, cest les gouts de chacun. Mais là on a fait deux albums dans le délire groovy un peu poussés, on a marqué notre empreinte du moins, et là on a changé un peu et déjà les gens le prennent de façon mitigée. Donc tu te dis, si tu commence à faire des albums que dans une branche et que tu pousse à fond le bouchon pourquoi pas, après on a pas forcément envie de faire que ça. Trepalium , si técoutes bien, notre école cest pas juste du Pantera version pseudo-shuffle, ya du Sepultura , ya du Morbid Angel , du Meshuggah , ya même des aspects Opeth . Et puis tous dans le groupe avons des goûts très variés. Pourquoi pas un album BlacknRoll, certains du groupe kiffent le black, dautres le rocknroll, on en sait rien pour le moment, on peut pas te répondre pour linstant.
 
Ça vous fait quoi quon dise de vous que vous faite partie des « poids lourds de la scène métal française actuelle » ? Ça vous avait traversé lesprit quand vous débutiez ?
Bah moi je suis très fier bien sûr, après au début je sais pas, je me disais « pourquoi pas mais de toute façon il y a trop de boulot ». On a toujours voulu que ça pousse, quon fasse des concerts à fond, après, la reconnaissance est une autre histoire, taime bien que ça tourne et que les salles de concerts se remplissent, forcément, quil y ai de lambiance.
 
Vous êtes des habitués des festivals métal français, pour avoir fait notamment le Hellfest 3 fois, et un FuryFest, quel est votre regard sur la scène métal française en 2012 ? Est-ce que ça bouge toujours autant que quand vous avez commencé ?
Quand on a commencé, genre cétait 90 95, enfin chacun dans notre coin, cétait vachement plus dactualité, tavais genre le Best Of Thrash sur M6, il y avait des émissions de grandes chaines dans lesquelles ils passaient du métal à fond. Après par contre, cest vrai que le Hellfest grossit dannées en années, 115 000 personnes cest fou quoi. Mais à côté de ça cest de plus en plus dur, on la vu les salles de concert, notamment parce quon a organisé quelques concerts, et puis il y a la Klonosphère qui organise quelques concerts, et on a lavis de collègues qui sont vraiment dans lorganisation, qui sont plus des acteurs dans lorganisation, les concerts ça devient chaud. À part si tes un gros festival, les festivals attirent, les petits concerts, cest au bonheur la chance. Plein de groupes cultes des années 90, je sais pas, des groupes comme Chimaira, je me souviens dun concert à Limoges où il y avait 60 personnes. Après tes là, la France, y a rien à faire. Je citerai pas de noms, mais on a des potes qui sont plus dans le milieu métal, ils ont fait leur carrière, cest ce quils disent, ya rien à faire en France. Nous à notre niveau, avec notre expérience et tout, avec les répercussions quon a chaque sortie dalbum, je vais te parler comme un commercial, mais on sait comment, envahir le marché français, on sait comment sy prendre, voilà, on est pas débutants là-dessus. Après pour nous à létranger, cest plus dur parce quon a pas vraiment les réseaux, les appuis quil faut. En France, on sait le faire, et tous les groupes qui sont de la génération daprès nous, on voit comment ils galèrent ! On connaît des groupes géniaux qui nont pas eu la même chance que nous, de mettre le pied dedans un peu avant tu vois. On a eu la chance davoir Holy Records aussi, qui nous ont appuyé au début beaucoup beaucoup, il navait pas forcément les gros moyens mais ils étaient là pour nous. À lépoque de Season of Mist, ça a plus était une histoire de conjoncture avec la tournée de Gojira, ça buzzé, après nous, on a pas réussi à sexporter à lépoque de cet album. Maintenant les gens nous reconnaissent, se disent «Tiens cest Trepalium, ils ont leur patte, cest un des groupes du paysage français métal, on passe plus à côté cest sûr. » Maintenant à létranger les preuves restent à faire. On est pas à zéro non plus, on a des retours de partout, mais on ne sait pas des tournées européennes trois fois par an. Ce qui est bien dommage
 
Donc cest bon, prêts pour le Klonosphère Tour ?
On encore un peu de boulot à faire, il faut quon mette des choses au point, au niveau de la scène et tout, mais on attend ça avec impatience.
 
Pour finir, est-ce que vous auriez des coups de coeur musicaux à nous faire partager pour la rentrée 2012 ?
Le prochain Klone va être béton, bon après, ceux qui naiment pas Klone, tant pis pour eux (rires), mais ils ont vraiment placé la barre très haut sur le prochain, ça devient vraiment un bon gros groupe de prog, et cest français en plus, cest vraiment artistique au possible, ça joue grave, du gros son, et ça se sent quils ont de la bouteille. Il y a ça que jécoute beaucoup, il y a Sinscale, le groupe à Aldrick, qui mavait déjà remplacé dans Trepalium quand jai eu des soucis de santé en 2006, et qui est guitariste de Klone, qui a été batteur de Blasphème, donc Sinscale qui est un groupe un peu dans notre tendance Death mais en beaucoup plus technique, et très virtuose. Ils enregistrent un album qui devrait bientôt sortir. Il y a Jumping Jack aussi, très très bon. Cest que des groupes du collectif, désolé (rires), mais cest normal. Mais au final, on écoute plus trop de son, plus de la variété, enfin jexagère, mais des trucs un peu plus mainstream. En ce qui concerne le métal, ça va être plus de lécoute de groupes de potes, je suis plus curieux comme avant. Bon évidemment si il y a un nouveau Meshuggah qui sort jécoute, mais sinon plus trop de son.
 
Propos recueillis par Colin Fay pour vacarm.net
Un grand merci à Harun et Sylvain pour cet interview.