{multithumb thumb_width=500 thumb_height=334}La forte affluence dont a bénéficiée l’édition 2007 du festival La Route du Rock était plus que prévisible. Ajouter à une affiche déjà bien fournie les Smashing Pumpkins fraîchement reformés ne pouvait qu’être une garantie de succès. C’est donc sans surprise que le public s’est déplacé des quatre coins du pays, voire de plus loin encore à en croire les différents langages perçus de ci et là, pour cette seconde date sur le territoire Français. Une folle rumeur rapidement confirmée par des organisateurs fiers de pouvoir donner la parole à un Billy Corgan et sa troupe qui livraient à peine quelques semaines plus tôt un Zeitgeist quasi-transcendant.
Mais bien qu’armés de ce très bon nouvel opus dont les fans connaissent désormais toutes les composantes, les citrouilles vont fortement décevoir. Les éléments étaient pourtant tous réunis en faveur de la formation américaine : pluie exceptionnellement absente, marée humaine chaude bouillante amassée à l’avant scène plus d’une heure avant le début des hostilités et cadre idyllique (les ruines du fort de St-Père à quelques kilomètres de St-Malo). On ouï même dire que l’organisation aurait dénichée cette fameuse eau minérale exigée par le frontman au crane rasé. Mais passée l’euphorie d’enfin découvrir (ou re-découvrir pour ceux qui étaient déjà à Paris) sur scène un monument des années 90, la sauce ne prendra malheureusement que moyennement, même si le charme agira pendant une première partie de set efficace bien que peu habitée en ce qui concerne quatre musiciens bien inexpressifs.
Le groupe ne semble en effet pas être parvenu à se débarrasser de ce que l’on pouvait lui reprocher lors de son grand retour sur la scène du Grand Rex de Paris, l’utilisation de l’appellation Smashing Pumpkins semblant ce soir du 16 août plus que jamais liée à un intérêt financier que purement artistique. Le quatuor, ou quintet lorsque s’intercale presque en catimini la claviériste Lisa Harriton, effectue son travail sans joie communicative ni même véritable esprit de groupe. Ginger Reyes et Jeff Schroeder, statiques au possible et n’approchant les micros que lorsqu’il s’avère nécessaire de reproduire les chœurs, ne semblent accompagner les deux inséparables frères que sont Chamberlin et Corgan qu’afin d’assurer leurs parties tant ceux-ci ne font preuve d’aucune complicité entre-eux. A croire que le grand échalas les a sommés de signer un contrat les contraignant au silence radio. La célèbre mégalomanie de Billy Corgan aura en effet tôt fait fait de leur rappeler leur rôle lorsqu’il présente l’interlude acoustique à venir comme un extrait de SON nouvel album Zeitgeist.
La qualité indiscutable des compositions, récentes comme plus anciennes, est cependant là pour sauver la prestation du naufrage, d’autant plus que la retranscription s’effectue sans aucun accroc. On retiendra plus particulièrement et comme à son habitude un Jimmy Chamberlin démonstratif (le break de « Starz »), impérial derrière ses fûts malgré le manque d’entrain évident présenté par ses collègues. La liste des hits déroulée se montre plutôt fédératrice, malgré une entrée sur les planches complètement ratée, la faute à un très mauvais et ennuyant « United States » qui n’aide pas franchement le quatuor à partir du bon pied. Erreur rapidement corrigée par une série de morceaux aussi efficaces qu’incontournables, de « Stand Inside Your Love » à « Disarm », « Today » ou encore l’intimiste « Death From Above » en passant par les récents et explosifs « Starz » et « Tarantula ». Les choses se gâtent gravement une fois expédié le massacre en règle d’un « Bullet With Butterfly Wings » au tempo affreusement rapide et aux couplets totalement dépouillés de la guitare de Jeff Schroeder.
Les Smashing Pumpkins s’enlisent dangereusement en exécutant des compositions moins entraînantes, multipliant les pseudos-improvisations (dont un « Heavy Metal Machine » à rallonge presque méconnaissable tant il se montre mal remodelé) et s’orientant vers de longues plages instrumentales psychédéliques résolument inintéressantes. La pause acoustique qui voit Billy ré-investir la scène seul muni de sa guitare acoustique achèvera de plonger l’assistance dans une profonde léthargie, le choix des morceaux s’avérant de plus loin d’être judicieux. Alors lorsque résonnent enfin les accords saturés du pourtant fabuleux « Zero », on peine logiquement à se replonger totalement dans le bain. On se surprend quelques minutes plus tard à jeter un œil sur le cadran de la montre, avant de relever le nez pour constater que les Smashing Pumpkins ont déguerpi de la scène de la Route du Rock. Heureusement que les excellents New Young Pony Club réussiront à réveiller les 10 000 personnes présentes ce soir là à la suite de ce concert en demi-teinte.