Plus de 10 ans de carrière et une réputation d’expérimentateurs fous, les californiens de The Locust ont le mérite de durer avec un concept noise expérimental qui semble ne jamais vieillir. Ce soir, c’est masque obligatoire, même une partie du public ne pourra résister à l’appel de cette « masquarade »…
Le bal masqué commence avec Spleen VS Ideal, duo français dont les costumes ne déplairaient pas aux fans de Metal Gear Solid… Abreuvés au Fantômas depuis leur plus tendre enfance, les deux compères parisiens nous livrent un expérimental très rythmé basé sur peu d’instruments (batterie, guitare puis saxophone). Le chant se compose de gimmicks et autres borborygmes, une atmosphère étrange s’installe dans la salle mêlant folie et apaisement. Spleen VS Ideal ne révolutionne pas ce que les diverses expériences musicales de Mike Patton ont pu apporter mais l’on reste très satisfait de ce set riche en émotion(s).{multithumb thumb_width=375 thumb_height=500}
Notre appareil photo étant à l’agonie de batterie, nous ne pourrons plus prendre de photos, merci de nous pardonner notre incompétence… C’est au tour de deux mecs complètement barrés… Un déguisement de super héros avec un beau slip par-dessus le pantalon, le chanteur aime apparemment l’humour, le ridicule ne tue pas, ce type en est la preuve vivante ! Son acolyte à la guitare n’est guère plus éclairé niveau vestimentaire, un masque à gaz sur la tête et un costume indescriptible, il y a de quoi perdre son sérieux… Voilà dressé le portrait des deux membres d’Otto Von Schirach qui s’apparente plus à une blague lynchienne qu’à autre chose. Malsaine au possible et totalement régressive, leur musique mixe tout et n’importe quoi, de la jungle au hardcore en passant par l’électro et même la pop ! Voix déformées électroniquement, borborygmes rythmés, chant sonnant volontairement faux, épée laser en plastique et bandes magnétiques accrochées autour du cou, ces mecs ne sont tout simplement pas finis, peut-être même pas commencés… On pense à certaines expositions du Centre Pompidou pas toujours des plus accessibles, ni même des plus raffinées. Après une vingtaine de minutes de show, le guitariste s’éclipse pour laisser la place à un batteur, le chanteur reste quant à lui sur scène. Place maintenant à la suite de ce « N’importe-core » qui verra un combat d’anthologie entre les rythmes électroniques et ceux du batteur épileptique ! Le duo ira jusqu’à reprendre le refrain de « Gonna Make You Sweat » du groupe C+C Music Factory (le célèbre « Everybody Dance Now »). Au final, difficile de juger cet OVNI qui est de plein pied dans l’avant-garde mais qui est surtout à prendre au second degré, voire plus. On esquisse souvent un sourire, rares sont ceux à vraiment rentrer dans le délire d’Otto Von Schirach, encore fallait-il trouver un vendeur d’ecsta dans le coin (certains au premier rang l’avaient effectivement trouvé !).{multithumb thumb_width=500 thumb_height=333}
Les quatre Locust entrent en piste habillés bien évidemment en… sauterelles ! La batterie est en plein milieu de la scène comme pour mettre en avant ce bellâtre masqué et musclé qui se démerde quand-même sacrément bien derrière ses fûts. C’est en effet cet instrument qui est le seul maître à bord, les tempos ultra rapides guident le reste du groupe, les morceaux durent généralement moins d’une minute, c’est dire l’engagement physique mis en œuvre. Le résultat : beaucoup de bruit, des références musicales très riches (jazz, hardcore, punk, l’univers de Mike Patton) ainsi que des rythmiques particulièrement abruptes et épileptiques. Le problème est qu’il faut adhérer au concept pour véritablement apprécier cette musique, sans quoi l'on frise l’ennui voire l’agacement vu la répétitivité des morceaux et leur disharmonie. Avis aux connaisseurs et aux esprits ouverts !{multithumb thumb_width=333 thumb_height=500}
Que dire après cette série de prestations totalement surréalistes parfois à mi-chemin entre le pathétique et l’avant-gardiste… On regrettera l’absence totale de communication de tous les groupes envers le public, même pas d’annonce des titres des chansons ! The Locust est surtout une expérience à vivre en live, on ne saurait juger trop hâtivement ce groupe peut-être fondé par des post-ados attardés, des musiciens de génie ou des mecs qui derrière leur masque se marrent bien à faire payer une vingtaine d’euros des places de « concert »…
Photo 1 : Leni