Samedi soir sur la terre. Entre Uckange, Hayange et Illange subsistent quelques héros de fer et d’acier, des bribes de flammes, de la sidérurgie mêlée à la chimie. Nous sommes en Moselle, à quelques encablures de Metz, vagabondant parmi les ombres dans la ville de Florange.
Ici se niche une salle de concert, La Passerelle, forte de 1000 âmes les soirs de tempêtes musicales, qui accueille pour l’occasion les habitants du célèbre festival de Woodstock : Ten Years After.
Greenwich Cavern :
En prélude, les infatigables membres de Greenwich Cavern – officiant la veille en première partie de Empyr et l’avant-veille pour Louis Bertignac – ouvrent le bal et s’attèlent à la mise en bouche du public lorrain. Déluge de décibels, torse nu, élégance de l’harmonica, gros son sans jamais briser d’oreilles. Greenwich Cavern est un quintet qui mérite de faire parler de lui autant pour sa bonne humeur que la qualité des compositions. Celles-ci, férues de rock, teintées d’un blues alléchant, un brin mélancoliques contemplent les Etats-Unis, envahissant côte Ouest et casinos (bitch !).
Le son est de très bonne facture, la voix alléchante, travaillée, tantôt chantée tantôt presque hurlée, toujours avec mesure et recherche. Les solii passent de la basse à la guitare, l’harmonica figurant en bonne place niveau mise en avant tandis que son porteur sait prendre la lumière et capter l’attention des photographes. Cela dit, il le mérite.
Greenwich Cavern
Ten Years After :
Près de quarante minutes plus tard, le groupe quitte la scène en embarquant vitesse grand v le matériel, déroulant le papy rouge aux tapis du rock. Après 44 ans à écumer bars, festivals et salles de concerts, Ten Years After poursuit son chemin après divers reformations et divergences, se séparant de leur frontman Alvin Lee – guitariste prodige – en 2001. Joe Gooch, « jeunot » britannique de 33 ans tient donc la baraque au chant et à la guitare. Il est également au centre de la scène, bordé par un débonnaire Chick Churchill aux claviers côté cours et l’infatigable Leo Lyons à la basse côté jardin.
En fond de scène, tranquillement posé devant ses futs, officie Ric Lee.
Ten Years After
Il n’en faut pas plus au groupe anglo-saxon pour se lancer dans leurs diatribes instrumentales, lancées à la face du monde – ou du moins des quelques centaines de visiteurs de la Passerelle – dans un élan de générosité et de simplicité étonnant. Avec un petit air de « je viens de commencer à tourner, j’aime montrer que je suis content d’être là » le groupe, auréolé d’un succès quasi rituel, prend toutefois plaisir à séduire la foule bien que conquise et néanmoins impatiente de tourner à plein régime.
Ten Years After
Les compos courtes et pêchues répondent aux monologues impressionnants du guitariste, de longs morceaux très bluesy posent le cadre de quatre décennies d’expériences de l’équipée inlassable. Chacun mène sa barque avec fermeté, rendant une copie propre et distinguée, piochant entre les succès et leurs derniers albums, ne se refusant pas un medley des plus grands.
Mais la mention revient au fier moustachu, arborant une basse au verni brisé par le temps, mais dont l’agilité du phrasé n’a d’égal que le large sourire qui illumine tout son visage. Leo Lyons donne l’effet du gamin face à un sachet de friandise. Hilare, le senior n’en parait rien, imposant des rythmes cadencés, apothéose réussi lors de plusieurs solii au tempo démentiel, le tout avec cette indémodable face goguenarde, le musicien étant simplement heureux de sa soirée réussie.
Ten Years After
I’d Love To Change The World, If You Should Love Me et le fameux I’m Going Home jalonnent d’autres chansons moins connues du grand public mais que chacun ne manquera pas d’accompagner de cris et applaudissements. La foule ressort 2h plus tard des étoiles dans les yeux, fiers d’avoir vu des légendes de passage continuant leur chemin jusqu’au prochain bar, en quête de bonne humeur et de chaleur humaine.
Article et photos : Ugo Schimizzi
Plus d’informations sur Ten Years After :
http://www.tenyearsafternow.com
Plus d’informations sur Greenwich Cavern :
http://www.myspace.com/thebbblues
En partenariat avec Kultopolis :