Après avoir enchainé les premières parties, c’est au tour du petit poucet Odja, devenu un peu plus grand aujourd’hui, de passer au rang de tête d’affiche et de faire, à son tour, germer la relève française, son nom ayant déjà bien circulé au sein de la scène parisienne. Tout semblait bien parti en cette agréable soirée de juin, c’était sans compter la mauvaise surprise du jour : trop d’invités sur la liste d’Odja au goût de l’organisation (76 personnes !), les vingt premiers seront servis, les autres passeront au tiroir caisse. Devinez qui a préféré prendre l’air avant de rentrer en bons derniers ? Nous, évidemment ! La radinerie des chroniqueurs est légendaire, ça fera donc une bière en moins ! Ce sera donc soirée straight-edge !
Nous arrivons alors que Penchak a déjà commencé à jouer, nombreux sur scène, il doit bien s’agir d’un septuor : deux chanteurs, un DJ, un batteur, un bassiste et deux guitaristes, le compte y est. Penchak donne dans le métal/fusion, les deux frontmen se renvoient la balle en français avec une alternance chant rapé/cris post-hardcore qui convainc plus ou moins selon les morceaux. Difficile de ne pas penser au Pleymo des tous débuts en moins puissant tout de même. Niveau riff, c’est plutôt rentre-dedans dans les intros et sur les refrains, puis plus léger sur les couplets, on remarquera au passage quelques pompages au sacro-saint Deftones (« Black Box »). Le tout reste quand-même souvent assez basique et donc accessible. Penchak semble en tout cas avoir déjà acquis une personnalité propre, néanmoins la passivité certaine d’une bonne partie du public montre que les parisiens doivent encore faire leurs preuves. Gageons qu’ils y parviendront.{multithumb thumb_width=472 thumb_height=303}
Soixante entre ensuite en piste avec un Eric Maggiori à moitié en costard, les manches déchirées et le jean en plus. Les parisiens démarrent en trombe avec leur hardcore/metal à la française, cinq sur scène une bonne partie du set, le sixième comparse, déguisé en personnage sorti d’un Orange Mécanique revisité à la sauce carnaval de Venise, vient foutre la merde de temps à autre sur scène. Soixante se fait plaisir, fout le bordel mais peut-être est-ce trop pour ne pas dire dommage car, à trop vouloir dynamiser sa prestation, le groupe perd en concentration sur la raison même de sa venue ce soir, c'est-à-dire sa musique. Les cris nombreux semblent en effet parfois gratuits et les ruptures avec le chant clair sont quelquefois brutales, le set accusant du coup de profondes baisses de rythme.{multithumb thumb_width=419 thumb_height=279}
On ne peut nier les similitudes vocales du frontman avec son frère qui n’est autre que Mark Maggiori, chanteur de Pleymo, mais Eric doit encore gagner en maîtrise pour véritablement séduire. Plus généralement, Soixante doit canaliser son énergie qui est évidemment plaisante sur scène mais qui pourrait être certainement mieux utilisée pour sa musique en elle-même. Preuve en est faite avec le public qui renvoie peu d’échos aux appels du groupe, seuls quelques motivés prendront part à des pogos et autres circle pit. Soixante a du potentiel, ce n’est pas pour rien si nous les retrouverons prochainement en finale du tremplin Emergenza, à lui de l’exploiter au maximum.{multithumb thumb_width=276 thumb_height=415}
La salle s’est peu à peu remplie sans pour autant boucher la sortie. Des filles tatouées au feutre qui crient « Odjaaaaaaaa », c’est sûr, les stars de la soirée arrivent ! Le quintette déboule dans une salle acquise à sa cause et déroule ses tubes que sont « Prison Dorée » ou encore « Ton Ego ». Odja développe un rock teinté d’emo et de hardcore allégé, le chant étant exclusivement en français, les réfractaires au rock hexagonal ont bien fait de s’absenter ce soir sous peine de s’arracher les cheveux.{multithumb thumb_width=415 thumb_height=277}
Le frontman a semble-t-il encore mieux manger à la cantine que la dernière fois que nous l’avions vu lors de la première partie d’Alexisonfire. Serait-ce le syndrome de la Chino Morenoïte aigüe ? Le groupe reste en tout cas proche du public, n’hésitant pas à faire quelques clins d’œil aux fans féminines (pléonasme) et à sortir des vannes entre les morceaux pour détendre l’atmosphère. Le quintette essuie quelques problèmes techniques qui perturbent son set, la faute semble-t-il à un nouveau guitariste, ah ces stagiaires… Ceci réparé, ça repart de plus belle, le style d’Odja oscille entre post-hardcore et emo à la française, les riffs restent efficaces sans pour autant casser la baraque.{multithumb thumb_width=4276 thumb_height=415}
Le chant est quant à lui plutôt accessible et le rythme assez dynamique, Odja a bien rodé sa formule pour viser l’efficacité. Pour nous prouver qu’ils ont aussi le cœur sensible, nos cinq parisiens reprennent à leur sauce « Scared Of Girls » de Placebo, pas sûr que Brian Molko eut apprécié cette adaptation mais le public semble suivre. Notons enfin la montée sur scène du frontman de Soixante sur le morceau « Unite ». Tout propre, tout beau, Eric arbore un t-shirt Akira, dans la famille Maggiori, on apprécie effectivement les mangas !{multithumb thumb_width=489 thumb_height=326}
Qu’on aime ou pas Odja, voilà un concert qui a sans doute plu aux fans du groupe, les prestations de Penchak et de Soixante restant un peu plus mitigées quant aux réactions du public. On regrettera évidemment la mauvaise surprise de l’organisation au début du show. La nouvelle scène rock française, c’était a priori ce soir à La Scène Bastille : qui trônera au sommet du groupie club des Vegastar et autres Pleymo lorsqu’ils ne seront plus ? Peut-être l’un de ces trois groupes, l’avenir nous le dira…
Photos : Leni