Les Irlandais du Nord (merci la Flèche d’Or !) de And So I Wish You From Afar (que l’on aura fortement tendance à abréger ensuite en « And So » ou « ASIWYFA ») étaient présents à Paris ce lundi 4 mai 2015 pour littéralement retourner La Flèche d’Or. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, ils étaient précédés du génial Mylets. Récit tout en sueur et énergie.
20h et la flèche d’or se garnie doucement à l’image d’un panier dont la gourmandise musicale a pu être rassasié par des chefs musiciens de qualité en cette douce (quoique pluvieuse) soirée de mai. On s’affaire doucement, on reste pudique et conserve encore son t-shirt pour les hordes barbues et on contemple, bière à la main, l’homme seul, Mylets, signé sur le même label que ASIWYFA et les accompagnant pour la deuxième fois en tournée.
On rentre très vite dans l’univers de ce danseur, jonglant avec son rack de multiples pédales, gesticulant une guitare à la main et multipliant les loops et enregistrements de boucles tantôt rythmiques tantôt mélodiques. L’homme, affable, est avant tout là pour montrer le fruit de ses labeurs et on comprend vite les heures d’entraînement pour enchaîner ces pas chorégraphiés et millimétrés. Ce qui tombe plutôt bien, c’est qu’au-delà de la performance scénique certaine, Mylets a une très belle voix, qu’il sait également pousser, abandonnant son chant au profit de quelques cris maîtrisés bien sentis. Sa six cordes se tord, transcende l’ensemble et on aime à loisir. Pour une introduction, en la matière, on a difficilement fait plus efficace.
Peu avant 21h, le quatuor d’And so s’arme de ses instruments sur la petite scène, à peine surélevée. Ceux qui attendaient un petit échange introductif ou un premier tir de sommation doivent encore chercher leurs oreilles, bien incrustées dans les murs de la salle. ASIWYFA fait dans l’énergie et l’efficacité et les litres de joie incrustés aux vêtements vite abandonnés par le public l’ont largement prouvé. Présentant par petites touches leur nouvel album, Heirs, sorti le jour même, le combo a aussi laissé parler ses vieilles ritournelles, bien connues d’un public visiblement habitué à s’écouter en boucle les compos du groupe et exultant à chaque passage plus vif. On hurle, on bouge, on tend les bras tandis qu’ASIWYFA satisfait son monde avec délectation. Certains trentenaires retrouvent leur plus fabuleux jeu de jambes et sur scène on se démène comme pas deux pour proposer un événement qui fera date. Les enchaînements sont sobres et la concentration entre les deux guitaristes et le bassiste démontrent une maîtrise autant qu’une volonté de proposer un live répété et puissant.
Le temps file à une telle vitesse que l’on a encore l’impression de s’échauffer alors que le groupe s’éclipse, revenant avec un rappel de quatre titres permettant encore quelques minutes de s’enivrer d’un tel potentiel de vivacité. Une fois tous les réflexes testés, la motricité des corps assurés, ASIWYFA s’en va sans plus de cérémonie que lors de leur arrivée, achevant ce sentiment d’avoir fasse à soi d’excellents musiciens doublés de travailleurs aguerris et humbles. On souhaite tout le meilleur à ces quatre-là et surtout, égoïstement, la possibilité de les revoir très vite !
Photos : Ugo Schimizzi
Photos Mylets :
Photos And So I Watch You From Afar :
