Heureux hasard que la sortie à quelques mois d'intervalle des dernières productions des pointures du métal-hardcore français: L'Esprit du Clan (Chapitre 4: L'enfer c'est le notre, 23 février) et The ARRS (Héros Assassin, 4 mai). Bien plus heureuse encore la possibilité de pouvoir déguster le même soir ces nouvelles tueries sur la scène du Nouveau Casino. L'ambiance, aux abords de la salle comme à l'intérieur, ressemble à la fête de famille. Les groupes sont des habitués des lieux : dans le public, les visages se reconnaissent, les discussions vont bon train autour des binouzes, les musiciens passent et saluent leurs potes… Mais l'enjeu, pour EDC et The ARRS comme pour leurs protégés d'As They Burn en première partie, reste important même si le public est acquis. Il s'agit de prouver la bonne tenue de leurs dernières compos sur scène, avant leurs départs en tournées françaises et/ou européennes.
L'ambiance promet donc d'être de la partie, ne reste plus qu'à la déclencher. Un contrat à moitié rempli par les jeunots d'As They Burn, venus défendre A New Area For Our Plagues, "disponible prochainement" selon leur myspace. Non pas que leur deathcore tourne à vide, ou que le groupe ne met pas de coeur à l'ouvrage. Malgré une moyenne d'âge d'environ vingt ans, la petite bande, menée par Kevin en pleine forme au chant, maîtrise ses instruments, ses changements de tempo, et nous gratifie même d'une manière originale et sautillante d'occuper la scène. Mais tout cela ne rattrape pas une set-list linéaire, qui plus est desservie par un son trop brouillon pour pouvoir en comprendre toutes les subtilités. Très contents d'être là, As They Burn fait plaisir à voir, mais on attendra l'album pour juger de leur véritable qualité musicale. Leur show n'a lui été qu'un échauffement pour le public.
Après quelques balances et un enfumage en règle de la scène (qui ravit tous les photographes…), The ARRS déboule, entièrement relooké par leur sponsor Atticus. Le niveau monte tout de suite d'un cran. Pas de doutes, les coreux en veulent et enchaînent à toute balle les morceaux des deux premiers albums, tout en testant les compos d'Héros Assassin. Le chanteur Niko, surtout, impressionne du haut de ses dreadlocks et continue à prouver qu'il fait partie des frontman les plus charismatiques de la scène française actuelle. Aidé par une fosse déchainée de slammeurs, il hurle ses paroles aux tendances mystiques et occupe tout l'espace d'une scène qui semble avoir du mal à le contenir (et dont il s'échappe plusieurs fois pour sauter dans la foule). Autour de lui, les musiciens au taquet font un sans faute, accélerant souvent le rythme habituel des morceaux, bien décidés à ne laisser aucun répit. Lui aussi tous sourires, le groupe a du mal à quitter la scène après une petite heure de show intense et remercie longuement EDC pour l'invitation. The ARRS a en tout cas de quoi être rassuré par un public très réactif aux nouvelles compositions, balançant entre rythmiques thrash percutantes, breaks hardcores et l'apparition de plusieurs passages au chant clair.
La température n'a pas le temps de redescendre avant l'arrivée de L'Esprit du Clan aux manettes. Les premières notes du quatrième album du combo du 93 commencent à résonner, et on comprend que la puissance métal de L'enfer c'est le notre va prendre une autre ampleur sur scène. EDC est maintenant bien rôdé et fout plus que jamais une claque à chaque passage scénique, structuré par l'impressionnant jeu de batterie de Bastos (officiant par ailleurs chez Deep In Hate). Les guitares, massives et mélodiques, ne souffrent non plus d'aucune hésitation. La part belle est évidemment faite aux nouveaux morceaux, déjà connus par coeur par une bonne partie de la fosse. Arsene et Shiro, au chant, en semblent ravis et exhortent sans cesse un public qui donne pourtant tout ce qu'il peut. Le duo développe en tout cas une bonne humeur communicative, au delà de leur performance musclée et rageuse.
EDC n'oublie pas non plus le reste de son répertoire déjà étoffé, multipliant les allers-retours en piochant parmi les Chapitres 0, 1, 2 et 3. L'interprétation d'un passé plus ou moins lointain qui ravit les nombreux fans hardcore du groupe présents ce soir. Elle rappelle également que la maîtrise et la cohérence qui ressortent du show n'ont pas été construites en un jour. Alors bien sur, le show finit trop vite, certaines rotules n'ont pas été usées jusqu'au bout, et même le groupe, torses-nus, en redemandent … Mais les déçus savent que ce n'est que partie remise, et qu'ils pourront rapidement compter sur le retour du groupe près de chez eux. Car une chose est sûre, à la sortie du Nouveau Casino : EDC et The ARRS sont décidément en pleine forme. On s'en réjouit pour la scène française.
Plus de photos disponibles sur FlickR, ou sur la page Facebook de Vacarm.