{multithumb}Photos : Oli – www.w-fenec.org
Les deux précédents passages de Korn dans la plus imposante arène Française n'avaient pas laissés de souvenirs impérissables, le Palais Omnisports de Paris Bercy n'étant que peu adapté à l'accueil d'une représentation musicale. Profondément changé après le départ de son guitariste Brian « Head » Welch et fort de l'un des albums les plus surprenants de l'année passée, le désormais quatuor annonçait il y a quelques mois que pour la première fois depuis Life Is Peachy, la tournée See You On The Other Side marquerait cinq arrêts dans l'Hexagone, dont Lille le 06 juin 2006. La plus grande salle de la capitale du Nord a donc été réquisitionnée, et n'est pas loin d'afficher complet lors du début des hostilités. Inconnue de la majeure partie de l'assistance, les Américains de Flyleaf assurent un court set dans la plus grande simplicité. Ne possédant pas encore l'expérience des formations qui vont suivre, les cinq musiciens ne maîtrisent pas totalement l'espace scénique mis à disposition, ce qui n'entachera en rien l'interprétation des quelques extraits de son tout premier opus éponyme. Le public reste cependant de marbre devant les impressionnantes cabrioles du guitariste, sans doute dérouté par la voix très pop et posée de la minuscule chanteuse Lacey Mosley. Le très bon « Cassie » ferme la danse, permettant enfin à quelques individus apparemment peu ouverts d'esprit de faire part de leur mécontentement à qui veut bien l'entendre.
Le drapeau à l'image de Dark Ages est installé et le changement de plateau effectué en une rapide demi-heure, pour laisser la tribu menée par Max Cavalera assurer la suite de la soirée. Bénéficiant d'un créneau d'une heure, la set-list se voit évidemment amputée de quelques compositions, et plus particulièrement des reprises de Sepultura puisque seul le morceau culte « Roots Bloody Roots » sera exécuté devant un parterre qui se lâche enfin complètement. Si Soulfly ne tient pour une fois pas la tête de l'affiche, la formation partage bon nombre d'auditeurs avec Korn, et recevra en conséquence un accueil bien plus chaleureux que leurs prédécesseurs. Le groupe n'est cependant pas au meilleur de sa forme, Max sortant souvent de scène lors des ponts dénués de parties vocales, même si l'interprétation des grands classiques (« Back To The Primitive », « Seek'n'Strike ») ou encore des excellents nouveaux morceaux reste plus que convenable. Le son est également assez brouillon et le volume excessivement élevé, ce qui plombera une partie des titres, à l'image d'un « Babylon » à la limite du méconnaissable en début de set. Le déplacement reste néanmoins amplement justifié par la seule présence de l'incroyable Marc Rizzo. Musicien d'exception, le guitariste brille sur les ponts des plus récentes compositions, plaquant des solos techniques et d'inspirations variées avec une facilité déconcertante, voltigeant et tournoyant lorsque le riff s'avère plus basique. « Eye For An Eye » en guise de rappel, et les guitares sont remballées. Un bon concert, même si l'on sait Soulfly capable de bien mieux.
Il était plus que temps que Korn investisse la scène Lilloise, faire patienter encore une poignée de minutes supplémentaires les quelques (très jeunes) adorateurs ultimes du combo de Bakersfield aurait entraîné bon nombre d'extinctions de voix dans les collèges des environs. Les deux premiers titres (« It's On ! » et « Clown ») sont ressortis avec bonheur des archives et interprétés à quatre, avant que le rideau ne tombe sur les premières notes de « Love Song » pour dévoiler les musiciens additionnels (le guitariste Rob Patterson, un claviériste, un choriste ainsi qu'un percussionniste) engagés dans le but de retranscrire fidèlement les extraits plus aventureux de See You On The Other Side. Afin de justifier le salaire de ces intérimaires masqués à l'effigie des animaux présents sur la pochette du dernier opus, le groupe a également retravaillé la totalité de son répertoire, proposant pour la tournée une série de concert totalement inédits (exception faire de la date à l'Apollo Theater pour la sortie de Issues) et inoubliables. Aussi incroyable que cela puisse paraître au vu des précédentes tournées en demi-teinte, les performances vocales de Jonathan Davis, soutenu à merveille par Kalen, sont proches de la perfection dans tous les registres, du grave et puissant « Here To Stay » à l'hypnotique et très rien retranscrit « Throw Me Away ».
Le renfort au niveau des percussions amène également une énorme puissance et un sérieux coup de punch au son, particulièrement efficace sur des compos de la trempe de « Somebody Someone », dont les dernières strophes se voient vociférées par la fosse, ou encore au cours de l'intense medley livré en milieu de show. Maîtrisant l'art de la scène sur le bout des doigts, Munky et Fieldy (considérablement aminci) ne sont pas pour autant en retrait, se baladant d'un côté et d'autre des planches, quitte à échanger leurs traditionnelles places le temps d'un morceau. L'inévitable single à paillettes « Got The Life » est repris de bout en bout par près de 5000 voix et annonce le rappel, lancé sur un « Happy Birthday Munky » fredonné par l'assistance avant que le groupe n'embraye sur le très moyen « Twisted Transistor ». L'incroyable « Blind » sur lequel Jonathan éructe une dernière fois toute sa haine fermera la danse. A la suite d'un album qui n'a pas pourtant pas fait l'unanimité, les quatre leaders du mouvement néo-métal sont pa
rvenus à opérer une véritable renaissance avec cette nouvelle tournée. Malgré une prestation un peu trop courte en comparaison des dates à Bercy de 2002 et 2004, Korn nous a fait partager ce soir un moment aussi magnifique que grandiose… Les absents peuvent s'en mordre les doigts.