Jeudi 10 mai 2012 – Alors qu’un léger acouphène continue de siffler après les prestations électriques de Guns of Brixton et Dub Trio, la veille à Glazart, nous découvrons la salle du Bataclan complètement transformée pour accueillir High Damage, la rencontre inédite de deux piliers de la scène dub française : High Tone et Brain Damage. Au niveau de la régie, Martin Nathan, l’ingénieur du son de Brain Damage anime le sound system avec une foule amassée en cercle autour de lui. En façade, les projections vjing et les effets de lumière se multiplient alors que Martin use de tout son corps pour motiver la foule.
La soirée sera longue pour lui, puisque quelques minutes après la fin de son set de chauffe, High Tone apparait face à lui, sur la grande scène du Bataclan. Derrière des voiles sur lesquelles se projettent les ombres des musiciens, les membres d’High Tone entrent tour à tour en lançant le set avant de faire vrombir rapide la salle avec de grosses basses bien senties à l’instar de « Brain Tone », « Stereovision » ou « Shake up », et de superbes projections colorées. Vu du fond de salle, le concert est magnifique avec cette disposition très particulière, Martin de Brain Damage faisant face à High Tone, le public pris en étau entre les vibrations de chaque formation.
Ce même soir, Filastine joue dans le 13e arrondissement de Paris, au Petit Bain à quelques mètres du Batofar, pour promouvoir son deuxième album, Loot, une autre sortie majeure de Jarring Effects. Véritable cocktail molotov, Filastine produit un son vibrant et original, brisant les frontières entre hip hop, electro et musiques ethniques. Il faut dire que les membres du trio appartiennent chacun à un continent différent ; son leader Grey Filastine est né à Los Angeles et vit actuellement à Barcelone, la chanteuse Nova est indonésienne et la violoncelliste est française. Face à un immense écran, ce groupe complètement DIY évolue dans un univers visuel très urbain, projetant des images très contrastées d’immeubles en noir et blanc ou des extraits de journaux télévisés aux tonalités bleues. Outre les dérives bruitistes de son leader, martelant un caddy avec fureur, la chanteuse à la voix sibylline s’avère être une multi-instrumentiste talentueuse, usant alternativement de percussions, de claviers, d’un étrange instrument à cordes tapées ou de machines. Si le concert se terminera par le profond « Colony collapse » aux basses pachydermiques contrastant avec la voix légère de Nova, on reconnaitra quelques titres du précédent album, Burn It.
Ces deux soirées auront ravi deux publics différents, démontrant une nouvelle fois la qualité de la direction artistique du label lyonnais Jarring Effects, très actif en ce moment avec deux autres projets artistiques en développement. Le prochain rendez-vous est pris le 17 mai au Nouveau Casino, pour le concert de Ben Sharpa. L’artiste sud-africain, s’associe à Pure Solid pour donner corps à un projet audiovisuel nommé 4th Density Light Show ou 4DLS pour les intimes, collision entre hip-hop militant, rythmes électro-dub et projections multimédia taillées sur mesure. Ce concert sera l’occasion de découvrir en avant-première ce nouvel album, disponible dans les bacs à partir du 21 mai. R ;Zatz aussi est très attendu, pour la promotion de son troisième opus sorti en février, Cruel Summer, mélangeant rock et trip hop, aux confluences de PJ Harvey et de The Notwist. Les compositions légères de ce nouvel essai flirtent avec la simplicité mélodique et marquent un changement clair de direction pour R ;Zatz qui nous avait habitué à des compositions beaucoup plus froides et complexes. Aucune date parisienne n’est annoncée pour l’instant, dommage, eux aussi nous auraient probablement fait planer ce soir !