La frénésie rock s’est emparée de 20.000 furieux ce week-end. Le Furia Sound Festival a séduit un large public grâce à plusieurs atouts : sa programmation éclectique, son cadre exceptionnel et un véritable état d’esprit. Entre John Butler Trio, Keny Arkana et Le Peuple de l’Herbe, ce sont des dizaines de groupes qui se sont produits sur trois scènes. Une unique déception, le concert annulé d’Aaron accompagné d’un orchestre symphonique. Retour sur ces deux jours ponctués de décibels.
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La raison d’un tel succès s’explique facilement. L’équipe du Furia se compose d’agitateurs de talent, de dénicheurs de perles rares ou tout simplement de passionnés. Un véritable repérage est effectué en amont de la programmation. Cette année encore, un appel a été lancé à « Toutes les formations de musiques actuelles qui se revendiquent de la scène alternative/ indépendante/ innovante […] elles s’inscrivent dans l’idée d’une certaine liberté face aux systèmes industriels existants ». Le message lancé, il fallait s’attendre à être surpris, une fois de plus, par les talents cachés de certains artistes. {multithumb thumb_width=400 thumb_height=500}
Ce fut le cas de Comets on Fire. Incroyable quintet, signé sur le mythique label Sub Pop, venu directement de San Francisco pour nous délivrer un ouragan sonore entre rock, folk et expérimentations à la manière d’un Sonic Youth dans ses meilleurs jours. Avec un chanteur électrisé, comme s’il avait mis par mégarde les deux doigts dans la prise, et le reste d’une formation à la fièvre des mélodies démentielles, Comets on Fire, c’est LA surprise de ce festival. Et comme les meilleures choses se savourent, c’est face à un public restreint que le groupe s’est produit. Seulement 70 à 80 personnes s’étaient rassemblées sous le chapiteau. Le reste du public étant devant le show édulcoré des Panic at the Disco.
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Les japonais d’Envy poursuivront quelques minutes plus tard dans la voie de l’originalité. La formation Tokyoïte surgit d’une épaisse fumée pour nous asséner leur post-hardcore très ambiancé. Avec une puissance peu commune et une audace rare, la prestation d’Envy résume assez bien l’adage « Le calme après la tempête ». Les explosions de décibels succèdent à des passages planants. Entre Isis et Converge, Envy est un véritable typhon.
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Souvenez-vous de Sherkan. En 2001, ce groupe du Val d’Oise s’imposait comme l’une des révélations Nu Metal alors que la Team Nowhere, le collectif Coriace, Watcha ou Mass Hysteria se partageaient leur heure de gloire. Sept ans plus tard, voici Sherkan sorti d’un coma forcé. C’est l’occasion de se faire une idée sur le deuxième album d’une formation qui décape même le métal le plus encrassé. Groupe unique entre néo-metal et hardcore, Sherkan nous démontre toute sa détermination à occuper le devant de la scène. Un retour réussi.
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De son côté, Eths se lance une nouvelle fois dans un set théâtral. Emmené par la charismatique Candice, le groupe issu du collectif Coriace, reçoit un accueil enflammé. Le succès des disques se confirme par une prestation scénique à toute épreuve. Bien évidemment, les adeptes du « true » metal crieront à l’infamie, mais Eths prouve que la scène metal en France est bien vivante et capable du meilleur. C’est face à un jeune public visiblement transcendé que le groupe marseillais lance ses compositions sulfureuses issues de son dernier album (Tétralogie) sans oublier les titres qui ont fait le succès de la formation (« Samantha »).
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La scène « électro-dub » française n’est pas en reste pour cette nouvelle édition du Furia Sound Festival. Trois des meilleures formations de ce courant (souvent trop générique) vont se succéder durant ces deux jours : Le Peuple de l’Herbe, High Tone et Zenzile. {multithumb thumb_width=450 thumb_height=200}
Fraîchement débarqués d’Angers, les cinq trublions de Zenzile investissent le chapiteau afin de présenter Living in Monochrome, leur cinquième album. Foncièrement rock, la musique du groupe s’est définitivement détournée du dub de ses origines pour s’agrémenter d’une volonté post-punk, voire new-wave. Apparemment séduit par ce virage à 360, le public se laisse emporter au gré des multiples dérivations sonores du quintette, qui, à l’occasion du festival, accompagne ses instrumentations des voix très british de Jamika Ajalon et David Alterman. Quelques digressions donnent néanmoins satisfaction aux nostalgiques de l’époque dub de la formation : « Revolution At », l’intro du Zentone « The Source » et surtout « War Still a Run ».
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Frères de route des premiers, les membres d’High Tone délivrent à travers leur set une prestation tout aussi intense qu’hypnotique, dans la lignée de leurs diverses productions. Sonorités orientales, basses saturées, vibrations électroniques et riddims enivrants : le son des lyonnais plonge la foule dans une transe exaltante, que ce soit sur le mythique « Bad Weather », « Zentown » (tiré lui aussi de l’album commun de Zenzile et d’High Tone) ou « Understellar ». Le triptyque d’écrans présent en fond de scène contribue d’ailleurs à soutenir les élucubrations technoïdes d’High Tone en une synesthésie aussi bien audio que visuelle.
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S’éloignant tout comme Zenzile d’une certaine mouvance dub, les fortes têtes du Peuple de l’Herbe quant à eux, enflamment littéralement l’ambiance du Furia. Des influences roots de « Judge Not » au funky « Plastic People », tout en passant par l’explosif « The Fall », le Peuple balance tour à tour les morceaux de son Radio Blood Money dans la fosse. Il n’hésite pas pour autant à revenir sur ses premiers essais : « Herbman Skank » et sa trompette jazzy, « Mission » et sa voix hip-hop éraillée, « No Escape » et sa drum’n’bass déchaînée… C’est donc à un véritable melting-pot stylistique auquel auront droit les festivaliers. En témoignage de leur contentement, ces derniers reprennent d’ailleurs tous en chœur le refrain entêtant du titre éponyme « Le Peuple de l’Herbe », sous la houlette du chant charismatique de Sir Jean.
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Entre revendications sociales et pamphlets révolutionnaires, la très engagée Keny Arkana vient apporter à la programmation du festival une dimension plus militante. En fustigeant de ses mots le racisme institutionnel (« Réveillez-vous »), la globalisation économique (« Ordre Mondial ») ou encore la sois-disante démocratie française (« Nettoyage au Kärcher »), la jeune rappeuse réussit ainsi à réveiller un semblant de conscience politique chez les membres du public. Elle adoucit néanmoins « La Rage » qu’elle porte en elle en octroyant à certains de ses morceaux une énergie positive et quelques influences reggae (« Ils ont peur de la liberté » et « Cinquième Soleil »).
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Le public du Furia Sound Festival allongé dans l’herbe aura également apprécié la prestation de Kaolin. Un concert aux élans de pop fraîche, décomplexée et souriante. La formation de Montluçon interprète les titres de son dernier album Mélanger les couleurs et son tube « Partons Vite » avant de jouer de nouvelles compositions. L’exercice périlleux est réussi. Les élans poétiques de Kaolin provoquent un agréable vent frais sous le soleil de Cergy.
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Plus ou moins dans le même registre, les Stereophonics, emmené par Kelly Jones, vont fédérer un public endormi. La voix éraillée de son leader et des guitares accrocheuses vont subjuguer la foule qui chante en cœur les refrains efficaces. La setlist est une véritable collection de tubes étalée sur une décennie de composition, allant de Words Get Around à Pull the Pin. Il faudra du cran à Kelly Jones pour se lancer seul face au public du Furia Sound Festival dans l’interprétation de « Maybe Tomorrow ».
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Le moment phare du festival restera probablement la prestation de John Butler Trio. L’australien connu pour son engagement écologiste va nous donner une grande leçon de musique. Accompagné de musiciens talentueux, c’est néanmoins vers sa 12 cordes que tous les yeux sont rivés. Le virtuose barbu, dreadlocké au look roots va nous emmener dans une transe presque shamanique. Etonnant, surprenant, ahurissant, sa prestation dansante est un cocktail savoureux de jazz et de funk, de folk et de reggae. Un métissage musical et artistique moderne qui concorde à son discours contestataire. John Butler Trio, c’est la communion entre la substance et le symbole, entre le fond et la forme, entre le corps et le verbe. Vous l’aurez compris, ce concert fut un instant magique.
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Si vous aussi vous étiez présents, vous avez succombé aux « good vibrations » et que lundi matin vous aviez mal aux mollets à force d’avoir escaladé la colline de la base de loisirs de Cergy, laissez des commentaires à la suite de cet article. Partagez avec nous votre expérience du Furia Sound Festival !
Un (très) grand merci à l'équipe Nin Nin Rose, au serveur de l'espace VIP et à toute l'équipe du Furia !
Article rédigé par Cap'tain Planet & Jihef.