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[LIVE-REPORT] This Is Not A Love Song #3

En ce dernier week-end du mois de mai, quatre options se présentaient aux festivaliers qui cherchaient des décibels en puissance pour attaquer l’été sur une bonne note : le Primavera Sound à Barcelone, We Love Green à Paris, This Is Not a Love Song à Nîmes et la fête des mères chez Tata Christine. Ne parlant pas un mot d’espagnol, n’étant pas vegan, et étant bien déterminé à fuir un repas de famille interminable, je suis donc allé tâter l’ambiance autour de Paloma, multiplexe impressionnant autour duquel se déroulait pendant 3 jours la troisième édition d’un festival qui ne cesse de prendre de l’ampleur.

En route pour Nîmes donc, en arpentant l’A9 thermostat 8 direction la sortie 24 pour découvrir ce que nous a concocté Come On People pour cette année, à savoir pas mal de découvertes et quelques belles têtes d’affiches ; mais pas que.

A la quête du Rock à Nîmes, c’est parti !

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VENDREDI, TOUT EST PERMIS

Malgré une bonne file d’attente en plein cagnard afin de retirer le précieux bracelet pour les 3 jours à venir, direction l’intérieur du site. Là, on apprend un changement de programme, Swans ouvre la partie dans la grande salle (initialement prévu plus tard) en remplacement de Kevin Morby ; ce qui décale un peu les horaires des groupes prévus en début de soirée. C’est un peu la confusion, tout le monde cherche qui joue quand et où alors que les guides-programmes n’ont pas été mis à jour. De loin, les premiers festivaliers à être rentrés ressemblaient à une bande de touristes cherchant son chemin dans les couloirs du métro parisien, et les premiers râleurs commençaient à se plaindre sur les réseaux sociaux.

Pas le temps de s’extasier devant la décoration extérieure où de faire la queue déjà grandissante pour des tickets boissons, direction l’intérieur pour voir Morgan Delt et ses trois derniers morceaux dans une salle loin d’être comble. Assez triste de constater que c’était déjà la fin, mais en même temps, faire commencer les concerts 10 minutes après l’ouverture des portes alors que des centaines de personnes font la queue à l’extérieur du site pour pouvoir rentrer n’est pas très astucieux. Tant pis, il y’aura plein d’autres groupes pour rattraper le coup, mais bon.

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Je sors du club un peu décontenancé, et croise Morgan Delt au merch, un peu décontenancé lui aussi du peu de monde face à sa prestation. Je lui échange quelques mots en lui expliquant que tout le monde n’a pas pu encore rentré et je lui prends un de ces stickers gratuits car je n’ai pas un rond pour lui acheter un skeud. Il sourit compréhensivement.

Il est temps d’aller voir les fauteurs de trouble, Swans, qui jouaient dans la « grande salle » juste à côté. C’est d’ailleurs le seul groupe du festival à avoir un set de 2h. Je n’ai pas tenu tant. De l’expérimentation musicale pure et dure, qui m’a un peu fait penser au Velvet Underground de la belle époque. Attrayant au premier abord, mais difficile de grimper dans le vaisseau spatial alors que celui-ci a déjà décollé depuis un petit moment et que les morceaux dépassent facilement la dizaine de minutes. J’écoute, je regarde. Je prends 2-3 photos, je me questionne. J’ai besoin d’air, je sors.

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Avec la chaleur qu’il faisait, il était important de s’hydrater. Le temps de retirer quelques tickets boissons et de prendre une petite Grimbergen (merci de ne pas servir de la Heineken chaude et dégueulasse) qu’on m’annonce qu’Ought va bientôt commencer.  Et c’est là que le « club », salle à capacité de 300 personnes, s’annoncait être un véritable problème pour ces trois jours. A peine le concert commencé qu’il fallait déjà faire la queue à l’extérieur de la salle pour pouvoir espérer entendre quelques bribes de morceaux à l’intérieur. Bon, faisons la queue alors. Mais après 10 minutes dans le couloir face à des gens qui n’avancent pas en se contentant d’apercevoir le chanteur sur la pointe des pieds en bloquant le passage, j’ai renoncé et pris la direction de la sortie dans laquelle j’étais déjà, contre mon gré.

Autant vous le dire de suite, Mikal Cronin et Kevin Morby devaient jouer dans ce « club » et je les ai aussi raté à cause de ce détail. J’ai longtemps pleuré dans les toilettes histoire de faire passer ma déception. Mais ressaisissons-nous, Thurston Moore va bientôt commencer, dehors. Juste de quoi me laisser le temps d’apercevoir ce que vaut Shamir en live.

En séchant mes larmes, je me rappelle du programme qui décrivait ce jeune « prodige » comme « faisant du hip-hop » et « ayant une voix comparable à celle de Jevetta Steel». Je me remets à pleurer. Mes oreilles commencent à saigner aux échos de « On The Regular », et mes yeux à halluciner face à l’immobilité du public face à cet alien. Prenons la fuite discrètement, et allons voir Thurston Moore comme initialement prévu ; je n’aurai pas du faire ce détour. J’ai essayé de prendre des photos en plus, ça a foiré, et c’est pas plus mal, car c’était autant flou musicalement que photographiquement.

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Certes, ce n’était pas les Sonic Youth qui m’attendait dehors vu que Kim Gordon n’était pas là  (remplacée par la bassiste de My Bloody Valentine), mais c’était un concert dans la même veine que ce que proposait le groupe des années 80. Un bon moment, un des meilleurs de la soirée.

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Et on retourne à l’intérieur dans la grande salle, une fois que Shamir en a fini, pour voir Gaz Coombes, le chanteur de Supergrass version solo. Il a la classe d’un dandy anglais, parfaitement fringué jusqu’au bout du chapeau, et nous embarque dans un répertoire assez calme et folk, bien loin de ce que proposait Supergrass. C’est joli, mais mes jambes commencent à souffrir à force de rester en place du fait de ne pas danser. J’immortalise le moment et vais faire de la balançoire dehors afin de rétablir la circulation sanguine dans mes mollets.

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En plein mouvement de balancier et en admirant le coucher de soleil, j’entends que Caribou commence son set sur la scène extérieure. A croire que la majorité des gens à être venus ce jour-là l’étaient pour eux. J’écoute un bout, deux-trois morceaux, puis décide de les snober pour aller voir DBFC ; car oui, il faut soutenir la scène française face aux géants, c’est important. Et c’est tant mieux, car le « petit club » était facilement accessible vu que tout le monde était dehors pour Caribou, hallelujah. D’ailleurs, DBFC se définit non pas comme un groupe mais comme un « club », c’est parfait. Un savant mélange entre synthétiseurs analogiques et guitares électriques dont il est assez difficile de résister quand on voit le résultat sur scène. Mes jambes se portent mieux.

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Place au groupe le plus attendu de la soirée, les fameux Thee Oh Sees et son chanteur déluré John Dwyer. Du bon rock californien comme on l’aime. Séparé de sa femme, qui jouait du synthé et du tambourin tout en chantant, c’est une nouvelle formation que l’on découvre, avec deux batteries à la pointe de la synchronisation et une basse.  Un bon set frénétique d’une heure pendant lequel les titres s’enchainaient, explorant la vaste discographie du groupe. D’ailleurs, pendant « Toe Cutter / Thum Buster », un gars a même essayé de monter sur scène, intercepté par 4 gars de la sécurité. On aurait cru assisté à une mise à mort d’un pauvre gars bourré à qui on aurait mis les menottes. Le chanteur, habitué au contact proche avec son public, n’arrêtait pas de lancer des « C’est bon les gars, y’a pas mort d’homme, du moment qu’il casse rien ». Ca c’est rock.

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A peine le temps de dire ouf et de procéder à un mélange de sueurs dans la foule que le concert est déjà fini. Il est un peu plus de 2h du matin, la navette pour le centre-ville de Nîmes est censé arrivé une heure plus tard, le temps de se prélasser sur le site quasi-vide et de faire un petit karaoké en chantant « You Really Got Me » des Kinks. Vu le bordel pour chopper le bus, qui est arrivé avec 45 minutes de retard, on rentrera en stop les prochains jours. Il est plus de 4h, au lit.

 

SAMEDI, C’ETAIT UN PEU PLUS FOUILLI

Réveil, 13h. Merde, le premier groupe commence dans une heure, et je suis loin d’être prêt. La faute à un couchage tardif. Louant une maison avec des jeunes bordelais rencontrés la veille, on préfère s’allumer un barbecue et entamer l’apéro plutôt que de courir pour être à l’heure pour assister aux concerts gratuits de l’après-midi, mes excuses aux groupes concernés.

On arrive sur place pour Ariel Pink, et si j’avais un trophée à lui remettre, ça serait celui du son le plus dégueulasse entendu pendant le festival. Alors, reste à savoir si c’était volontaire, car il utilisait un nombre de pédales incalculable pour sa voix, ou bien si c’est l’ingé-son qui est parti manger à ce moment-là, mais c’était assez déstabilisant. Du coup, difficile d’apprécier pleinement le concert et l’univers de ce blond décoloré.

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Le seul moment Rock/Garage de la soirée nous attendait au club, avec Wand. Cette fois-ci, hors de question de rester coincé dehors comme la veille, je viens en avance dans la salle, pendant les balances. Et j’ai bien fait. Une bonne grosse claque pleine de décibels qui fait secouer la tête, surtout durant leur irrésistible « Flying Golem ». Clairement une des révélations de cette année 2015.

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Ce concert s’est enchaîné par une autre révélation cuvée 2015, mais française cette fois, avec Bagarre. C’était assez marrant de les voir chanter leur chanson « Mourir au club » dans une salle qui s’appelle « Club ». Les membres du groupe sont polyvalents, contrairement à la plupart des autres groupes. Pendant le même concert, ils vont s’échanger les instruments et les rôles, ce qui est assez épatant, et témoigne d’un certain niveau du groupe. Alors que d’apparence, tous habillés en jogging avec chaînes en or exhibés en mode racaille, on est loin de s’imaginer ça. Chapeau, ou du moins, casquette.

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Après quoi, on se trémousse un petit peu devant The Juan Maclean, juste derrière les mecs de Wand en feu, puis direction la sortie du site. On a pas trop envie de se retaper la galère de la veille avec le bus et on décide de faire du stop. On tombe sur un gars qui veut bien nous ramener, mais qui est trop soûl pour conduire. On lui pique sa caisse, et on rentre largement plus tôt que la veille. Ca tombe bien, car le dernier jour du festival semble le plus prometteur, il nous faut du repos.

DIMANCHE, LE JOUR DE LA REVANCHE

On arrive sur le site sur fond d’Unknown Mortal Orchestra, en extérieur, ce qui est assez plaisant et relaxant vu le répertoire assez calme du groupe.

20h, premier dilemme de la soirée, Viet Cong et The Soft Moon jouent en même temps. Le monde est cruel. Faison moitié-moitié et commençons par le club avant qu’il ne soit blindé, avec Viet Cong. C’était sans m’attendre à la claque que j’allais prendre. Un mélange de post-punk et rock progressif, mélangés à de passages instrumentaux qui dure des dizaines de minutes, de quoi foutre les poils et laisser bouche bée n’importe quel amateur du genre, ce qui était mon cas. C’était assez hypnotique. Dans la salle, on m’a d’ailleurs raconté que le groupe s’était vu annuler certaines dates aux Etats-Unis à cause de leur nom un peu trop évocateur de la guerre du Vietnam. Ils sont bien cons, ils savent pas ce qu’ils ratent.
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Après la claque purement musicale, place la claque visuelle, avec The Soft Moon. Je ne sais pas si sans tout ces jeux de lumières le rendu aurait été le même, mais qu’importe, ça collait parfaitement à l’ambiance un peu sombre à la Joy Division du groupe. Un moment hypnotique, comme Viet Cong, mais avec des stroboscopes en supplément.

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© Lucie Zède

Place à Foxygen… Le groupe qui m’a laissé le plus perplexe du festival, mais qui était le plus agréable à regarder étonnement. Mais il faut croire que la mise en scène a primé sur la musicalité et l’authenticité de la prestation. Arrivée remarquée du chanteur qui était dans la fosse et qui est monté sur scène en escaladant la crash-barrière (en se faisant éjecter par la sécurité), enquillage d’une bouteille de whisky sur scène cul-sec (le commun des mortels n’y survivrait pas, je pense que c’était du jus de pomme), danseuses/choristes sur scène… Un joli spectacle, c’est tout.

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© Lucie Zède

 Et c’est Allah-Las qui est venu clôturer ces 3 jours de festival, avec leur musique surf californienne. Un peu étrange de finir sur un concert aussi « calme » après avoir vu des groupes plus « violents » plus tôt dans la soirée, mais c’était loin d’être déplaisant de se laisser emporter par les chœurs et les riffs atypiques et planants du groupe.

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En comparaison avec l’édition de l’année dernière, c’était moins rock, mais ce n’était pas pour autant moins inintéressant, car il y’a toujours autant de découvertes, et c’est pour ça qu’on aime ce festival, car on en sort toujours avec de nouveaux groupes à écouter et qui passe rarement ailleurs en France.

On y retournera l’année prochaine pour sûr, surtout s’il y’a un camping comme le disent les rumeurs !

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