fbpx
Vacarm.net
Image default

Festival Rétro C Trop, 1e édition : Bikers et pin-ups en Picardie

L’été picard se fait chaud comme un moteur de grosse cylindrée : Scorpions, ZZ Top et H-F. Thiéfaine ont investi le domaine du château de Tilloloy le week-end des 25 et 26 juin 2016. Petit festival, première édition… le Rétro C Trop a quasiment fait un sans-faute.

Tu n’as pas entendu parler de Rétro C Trop ? C’est normal, ça commence tout juste et c’est bien caché dans les champis picards. Le château de Tilloloy, c’est le genre d’endroit où tu rêverais d’organiser un gros événement : un terrain surplombé par un bâtiment très classe, des statues de lions et des champs à perte de vue dans la trouée de la forêt. L’équipe de Rétro C Trop y a installé une grande scène, des stands de bière et d’andouillette, des vieilles Américaines (les voitures, pas les dames) et un marché vintage. C’était tout ce qu’il fallait pour attirer les curieux à cette toute première édition aux têtes d’affiche alléchantes : Scorpions, ZZ Top et H-F. Thiéfaine.

Ce dernier a attiré beaucoup de fans : prenant la suite des légendes de Woodstock de Ten Years After, Thiéfaine a rassemblé un public mêlé d’afficionados et de hippies curieux. Il est accompagné par son fils Lucas à la guitare : la prestation en prend un coup de jeune et c’est pour le mieux (malgré quelques coupures de courant qui ont mis à l’épreuve l’humour du chanteur).

Parce que ne nous voilons pas la face : Rétro C Trop vise un public plus mature que les festivals d’été classiques. Créneau original et indéniablement à prendre : la moyenne d’âge est à la fin de quarantaine, l’ambiance calme et sympathique. Les bikers à barbe croisent les hippies aux pieds nus et aux longs cheveux plus sel que poivre ; ce qui les rassemble ? La musique qu’ils ont découvert quand je n’étais même pas née, et qu’ils ne comptent pas arrêter d’écouter.

Rares étaient ceux qui n’avaient jamais vu Scorpions parmi les 5 000 spectateurs du samedi soir et l’ambiance était plus aux retrouvailles nostalgiques qu’à l’hystérie. Les Allemands ont livré un spectacle à la hauteur des attentes : session karaoké sur We built this house, sourires à foison de Klaus Meine le chanteur, la flying V avec pot d’échappement… et une sacrée pelletée de baguettes, médiators et autres bidules balancés au public. C’est un peu comme Disneyland : chacun repart avec son souvenir à l’heure de la fermeture, des étoiles plein les yeux après un Rock you like a hurricane bien envoyé. Scorpions est mythique, Scorpions est magique.

Les organisateurs ont joué de malchance avec la météo : malgré la pluie qui a majoritairement épargné les concerts, le terrain de camping s’est vite retrouvé impraticable, de même que le champ prévu initialement pour les voitures. Le dimanche a vu se transformer le petit village de Tilloloy en parking géant. Pas de quoi déranger les habitants, qui étaient de toute manière tous conviés à la fête.

Ben Miller Band a ouvert le deuxième jour du Rétro C Trop avec un bluegrass entraînant et un look seventies un peu bordélique (impossible de détacher les yeux de la chevelure infinie de la violoniste). Le public s’est étoffé de curieux et aussi de plus jeunes… En salopette. C’est l’uniforme des Finlandais de Steve N’Seagulls, et si Michel et Jean-Marc n’ont aucune idée de qui sont ces zozos-là, l’internet est tout à fait au courant.

Les pécores au banjo sont des petits génies de la reprise metal, et on en a eu pour notre argent : les chapeaux animal-mort, l’accordéon, le merveilleux jeu du blind test, les costumes et accessoires… et des classiques qui ont fait hurler de rire et de bonheur les connaisseurs. Mention spéciale pour Ich will (Rammstein) et Seek and Destroy (Metallica) qui ont bien dynamisé la foule, et la flûte traversière sur un Born to be wild qui sentait fort le patchouli… De quoi annoncer Ian Anderson et Jethro Tull.

Qui se souvient encore de Jethro Tull ? Du nom, plus tant de monde que ça. De la musique par contre, c’est une autre paire de manches. Ce rock progressif aux claviers et à la flûte d’Ian Anderson est resté unique en son genre. Complexe, étudié et construit jusqu’à la narration en albums, il a fait s’asseoir un public attentif devant la grande scène. Des montagnes en cuir gravé Harley Davidson qui écoutent en tailleur comme des gosses devant un spectacle de contes, c’est un moment unique. Si Ian Anderson a annoncé la fin de Jethro Tull en 2014, c’est une bonne chose qu’il continue à raconter en son nom des histoires aux grands enfants, avec sa voix de lutin des Highlands.

La tête d’affiche du dimanche, c’est ZZ Top ; et étonnamment, les barbus ont rassemblé plus de public que les mythiques-magiques Scorpions. L’énergie n’y est pas, mais ça n’empêche en rien d’être pro et ça ne dérange pas les spectateurs : ils sont venus pour écouter de la musique, pas pour sauter comme des lapins. Le public est là pour entendre les tubes, mais reste happés pendant les chansons moins connues. Reste que La Grange, c’est La Grange, et ça ravira toujours tout le monde de l’entendre « en vrai ». Ahan han han han.

Le Rétro C Trop a ouvert un espace dédié à la musique et à la culture retro, et c’est un succès : le petit festival qui voyait 9 000 entrées en a fait plus de 11 000 grâce à ses belles têtes d’affiche. Malgré des erreurs classiques de première édition (4 stands de bouffe = 1h30 d’attente pour un burger) et des tarifs un peu chers, le festival a trouvé son public. Alors pour l’été 2017 et la seconde édition, offrez une place à Papa : il va revenir avec un sourire jusqu’aux oreilles.

Article : Marine Pellarin

Photos : Ugo Schimizzi

Vous pourriez aussi aimer...

Laissez un commentaire

Le webzine qui fait du bruit
Vacarm.net est un site d'actualité musicale. Chaque jour retrouvez de nouvelles chroniques des dernières sorties d'album, des interviews de vos artistes rock / metal favoris et des live report des meilleurs concerts et festivals français.