fbpx
Vacarm.net
Image default

Festival Papillons de Nuit – Live Report J2

Sous le ciel morne de Saint Laurent de Cuves, le public décuve. Si la moitié de la Normandie a été mise K.O. par les festivités de la veille, l’autre moitié est toujours en t-shirt rouge en train d’errer entre deux stands de saucisse : on trépigne ! Ce soir, c’est Louise Attaque et ils sont quasiment autant attendus qu’Indochine. Par Monique et les nouveaux fans, qui ont craqué sur le dernier album et attendent de danser sur des samples radio, mais aussi par Gustave et les anciens qui préparent quasiment le tribunal au groupe de Gaëtan Roussel. Qu’il claque la porte de son cynisme passé, soit, mais en solo ; reste à savoir si on trace un trait (un point ?) définitif sur le mal-être ironique et furieux de Louise Attaque de 1997 en live aussi.

Papillons de Nuit 2016 jour 2 : Louise Attaque attendus au tournant

Moustache du jour : Arthur Teboul (Feu! Chatterton)

Le programme de Tata Monique : Nekfeu (parce que sa fille y va), Louise Attaque (« leur dernier album est super »)
La découverte coup de coeur de Tata Monique : Rover et Feu! Chatterton (« on a dansé, il y avait une super ambiance ! », par contre Nekfeu ça passe toujours pas)

Le (gros) programme de Gustave le blogueur influent : Jahen Oarsman, Puts Marie, Feu! Chatterton (déjà vus 4 fois et il s’en lasse pas), Jeanne Added, Synapson, Last Train, Jabberwocky
Le plaisir coupable de Gustave : Louise Attaque (« quand même jouissif, on leur pardonne leur dernier album »)

Pour le moment et en ce début d’après-midi, Monique se dandine en entendant Jahen Oarsman un peu plus loin ; sacré par le prix Ampli Ouest-France en 2016, le compositeur-interprète du coin emmène pourtant quelque part entre les champs du fin fond du Texas et une fête sur une plage de Méditerranée. Un genre de pop-folk-indie-dansante pas chiante et teintée d’un petit quelque chose qui reste dans la tête : parfait pour chauffer un public avant un concert, se disent sûrement les programmateurs, mais vraiment, il y a un truc en plus. Un parcours à surveiller, parce qu’on a envie d’entendre Jahen Oarsman plus longtemps qu’en festoch’ ou en première partie.

Rover de son côté fait péter les watts, un peu trop pour les plus fragiles qui ne s’entendent plus hurler à 200 mètres de là ; quelques bébés normands béats regardent les enceintes vibrer, sous leurs casques de location qui les font ressembler à de petits aliens.

D’autres bébés qui ont déjà bien poussé s’agglutinent devant la scène principale : en quelques mois, Nekfeu a fait gonfler le nombre de ses adeptes, et ils sont fidèles à ses lives. Pour celui-ci, un son pas toujours au poil qui brouillera les phrases du parolier. Dommage pour Tata Monique qui fait la gueule : elle n’en retiendra que l’ambiance gangsta agressive, et que « Jennifer fait vraiment sa crise d’ado d’écouter des trucs pareils ».

Personnages récurrents du paysage, les désoiffeurs et les vendeurs de ballons Bob l’Eponge gonflés à l’hélium ajoutent encore aux couleurs de la foule qui se presse devant Feu! Chatterton. Pas forcément très connu du public aux âges divers, le groupe attire au début par curiosité… Au début ! Arthur le dandy chanteur a vite fait d’emballer tous les sceptiques avec sa poésie absurde et son jeu de scène grandiloquent : « cadavres incandescents, pour vous servir ». C’est probablement ce concert-là qui a le plus réchauffé les cœurs et les fessiers à force de danses improvisées ; on sait qu’on sera moins unanimes ce soir, parce que les engueulades vont déjà bon train dans le public. Louise Attaque va bientôt monter sur scène, et personne n’est d’accord sur ce qu’on va (veut ?) voir.

Photo d’archive provenant du concert de Feu! Chatteron aux Solidays 2015

Alors, la formation au violon a t-elle perdu son âme ? Eh bien c’est un grand et magistral « non ». Les bras se décroisent, parce qu’il n’y a rien à redire au concert. Peut-être que coïncidentalement, Louise Attaque a la même sincérité dans son éclectisme que Papillons de Nuit. À l’aise dans les paroles très universelles et les accents électro qu’ils utilisent de manière complètement assumée malgré les détracteurs. À l’aise aussi dans les morceaux Je t’emmène au vent ou Ton invitation, mis en scène et joués avec la fureur qu’on a tant aimée, jusqu’à péter les cordes du violon, jusqu’à reprendre les intonations d’avant. J’ai bien envie de faire mes excuses au groupe, parce que même si le nouvel album, c’est pas mon kiff, autant de sérénité dans ces choix (ren)force le respect et ouvre les chakras quant au reste.

Pour la suite, c’est un nouveau coup de cœur qui remplace l’ancien : Jeanne Added. Prodige au son indéfinissable, la lutine androgyne est une furieuse des festivals cette année, et c’est arrêt obligatoire à Papillons de Nuit. C’est la 2e artiste à la formation classique du week-end, après les L.E.J. : son jeu de scène aux pas bondissants trahit jusqu’à ses cours de danse… Que ce soit la chanteuse ou son univers, c’est en tous cas une sacrée découverte en live. Énergique, intense, angoissante parfois, le public ressort lessivé de son set, des étoiles plein les yeux faute d’en voir dans le ciel : gros nuages et pluie à l’horizon pour la fin de soirée.

C’est donc bien sous l’eau qu’on voit Fat White Family, Synapson, Last Train et Jabberwocky. Le public a tout de même crié « présent », signe clair de la qualité des prestations et du plaisir de voir des artistes aux identités si marquées. A 2h30, la foule éparse dansait encore sous les gouttes et les dernières notes de la soirée. On ramasse les copains qui se sont endormis dans un buisson et on va dormir quelques heures… Demain y a Polnareff !

Article : Marine Pellarin

Photos : Ugo Schimizzi

Vous pourriez aussi aimer...

Laissez un commentaire

Le webzine qui fait du bruit
Vacarm.net est un site d'actualité musicale. Chaque jour retrouvez de nouvelles chroniques des dernières sorties d'album, des interviews de vos artistes rock / metal favoris et des live report des meilleurs concerts et festivals français.