Culture de masse, tribu, communauté, le Hard Rock s’affirme comme l’un des courants musicaux majeurs de ces trois dernières décennies. Nicolas Bénard dessine les contours, les limites, les liens internes, les origines et les représentations d’une pratique culturelle souvent décrite comme violente ou dangereuse. Un ouvrage adressé à un large public pour découvrir un univers complexe.
Nicolas Bénard, docteur en histoire, a décidé d’effectuer un retour aux origines du Hard Rock, orthographié avec une majuscule pour définir un courant et non pas un sous-genre musical. De Black Sabbath à Obituary en passant par Led Zeppelin, Metallica ou Jimi Hendrix, l’auteur trace la cartographie d’un vaste courant musical rejetant l’ensemble des codes de la culture dominante. Du hard rock au black metal, en passant par le glam, le néo, le death ou le trash, Nicolas Bénard nous initie aux différences et aux liens qu’entretiennent ses genres musicaux entre eux. De nombreux rappels historiques et anecdotes complètent une analyse de l’évolution du courant musical et de ses querelles de clocher.
Nicolas Bénard explore à la fois l’histoire, les imaginaires et le business qui entourent le Hard Rock. Cet ouvrage bien documenté, accessible à tous, vulgarise des pratiques qui peuvent parfois paraître complexes. L’approche reste assez normative, quelques arguments plus économiques auraient été les bienvenus. Les adeptes de Hard Rock ne s’attarderont pas sur ce livre qui ne leur apprendra pas grand-chose, certains faits sont parfois trop simplifiés, notamment en ce qui concerne l’explication du dénigrement et du rejet par la culture dominante. L’auteur attache ce rejet à seulement quelques faits : les incendies d’églises en Norvège et les débuts du black metal. Sur ce sujet plus précis de l’émergence du black metal, nous vous conseillons Les Seigneurs du Chaos (Michael Moynihan, Didrik Soderlind – Camion Blanc) ou sur la culture tribale Tribus musicales, spiritualité et fait religieux (Jean-Louis Bischoff – L’Harmattan)
Cependant, Nicolas Bénard démontre que le Hard Rock est un courant musical tout à fait légitime. Il condamne les critiques virulentes qui peuvent être effectuées à son égard en constatant que ce mouvement est très mal connu. La meilleure partie du livre reste celle qui concerne les imaginaires. « De telles représentations, où le macabre tient ostensiblement sa place, mettent sous les yeux de l’opinion publique les peurs profondes et les aspirations parfois extrêmes d’une partie de la jeunesse, qui entend bien se différencier des goûts les mieux partagés et qui rejette un héritage traditionnel – religieux, notamment – jugé aliénant. Au modèle social dominant que construisent des références collectives tributaires du christianisme et de l’humanisme, les métalleux préfèrent soit un monde ancré dans les civilisations ou des époques révolues, soit un univers tourné vers « les forces du mal ». »
En bref, cet ouvrage est idéal pour une première approche d’un courant musical complexe ou pour une lecture rapide (150 pages …).
