Cela faisait dix ans qu’on l’attendait. Autant vous dire qu’à la réception de Anthems For Doomed Youth, on a manipulé l’objet avec précaution. Tout fin et avec une jaquette pas très palpitante, ce troisième disque des Libertines fait peur. Est-ce une pépite ? Ou bien une arnaque commerciale qui signe la fin définitive de ceux qui ont redonné au rock ses lettres de noblesse au début des années 2000 ? C’est donc avec le cœur palpitant qu’on a inséré l’album, dédié à Alan Wass, Amy Winehouse et Robyn Whitehead, dans notre lecteur CD.
C’est avec soulagement que l’on écoute « Barbarians », premier morceau de l’opus. On y retrouve la magie Libertines avec le mariage des voix de Carl Barât et Pete Doherty, à la fois hasardeux mais tellement plein d’évidence. « Gunga Din » confirme cette impression mais, il faut bien se l’avouer, le quatuor a perdu de sa fougue. « Iceman » est également un titre très réussi et en plus, paraît-il, le préféré de Pete Doherty sur l’album. On y découvre les quatre musiciens visiblement plus posés et plus sages. A noter, le bruit des vagues à la fin qui laisse une sensation de quiétude très agréable. De même, « Anthem For Doomed Youth », hommage probable au poème du même nom de Wilfred Owen sur la Première Guerre Mondiale, a un faux air de doux ping-pong verbal entre les Bonnie & Clyde du rock’n’roll.
« Fame And Fortune » convainc beaucoup moins par contre. Malgré des paroles qui narrent la carrière des Libertines des débuts aux unes de tabloïds, ce titre est plus lisse, voire un peu monotone, par rapport aux autres chansons. On retrouve le même sentiment sur « Belly Of The Beast ».
Anthems For Doomed Youth renferme bien d’autres surprises. On peut citer la très touchante « You’re My Waterloo » qui comporte un arrangement très étrange. Certains passages ressemblent en effet aux sons préenregistrés sur les synthés bon marché. « The Milkman’s Horse » et « Dead For Love » sont quant à elles des ballades très bien arrangées, peut-être trop par rapport à ce que l’on connaît des Libertines, mais quoiqu’il arrive d’une très grande beauté. Enfin, impossible de ne pas parler de « Fury Of Chonburi », clin d’œil à la région thaïlandaise où le groupe a séjourné pour enregistrer cet album. Rock à souhait, les Libertines nous gâtent à coup de guitares furieuses. Il en est de même avec « Glasgow Coma Scale Blues » et « Heart Of The Matter » où on jurerait être de retour en 2002 et écouter Up The Bracket.
L’édition « Deluxe » offre quatre titres supplémentaires. Parmi eux on peut découvrir « Love On The Dole », un morceau un peu bluesy très réussi avec un côté américanisé que l’on a très peu l’habitude d’entendre dans la musique du groupe. La voix de Carl Barât s’affirme ensuite sur la décadente « Bucket Shop » et on ne peut que laisser nos oreilles s’extasier. D’ailleurs, en aparté, si vous êtes de passage à Londres, sachez que les Libertines ont réellement ouvert une boutique du nom de Bucket Shop à Camden. « Lust Of The Libertines », hommage au Marquis de Sade (rien que ça), est une vraie pépite. Enregistrée, semble-t-il, en condition live, ce morceau est une véritable bouffée d’oxygène. On y retrouve le son typique de The Libertines, leur album éponyme sorti en 2004. Enfin, « 7 Deadly Sins » est à l’origine sur le B-side du single de « Time For Heroes » paru en 2003.
Que dire en conclusion ? Et bien, que c’est bon de les retrouver ! Anthems For Doomed Youth rappelle à quel point cette terrible association de Carl Barât, Pete Doherty, John Hassall et Gary Powell nous avaient manqué.
.:Tracklist :.
01. Barbarians
02. Gunga Din
03. Fame And Fortune
04. Anthem For Doomed Youth
05. You’re My Waterloo
06. Belly Of The Beast
07. Iceman
08. Heart Of The Matter
09. Fury Of Chonburi
10. The Milkman’s Horse
11. Glasgow Coma Scale Blues
12. Dead For Love
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13. Love On The Dole
14. Bucket Shop
15. Lust Of The Libertines
16. 7 Deadly Sins
