Faire du vieux avec du neuf ou faire du neuf avec du vieux, l’industrie du disque se perd dans les méandres d’un revival rock désincarné. Le label Discograph réussit pourtant à signer des groupes surprenants par leur fraîcheur dans un paysage musical stéréotypé. Le filon largement exploité des sonorités anciennes interprétées par de jeunes étalons chevelus, mais pas trop, et hallucinés, par les drogues saveur Nutella, ne tarit pas. The Elderberries ou la chronique d’un album qui (ne) sort (pas) de l’ordinaire.
Discograph signe ici une formation au talent qui ne pourra être remis en cause que lors du prochain album. Après un maxi qui, personnellement, ne nous avait pas transcendé, sorti en plein milieu de la vague revival entre un Hushpuppies décapant et un Kill The Young à l’énergie juvénile, le nouvel album de The Elderberries intitulé « Nothing Ventured, Nothing Gained » est une surprise. Cadeau inattendu, nous avions désapprouvé par avance cet opus qui semblait aussi neuf qu’une pierre du mur des lamentations. Vous pouvez désormais ranger vos albums poussiéreux de Led Zeppelin pour laisser place, une année – peut-être deux -, à une formation un peu moins courbée par l’arthrose.
Combien de temps durera le succès de The Elderberries, élevé avant sa puberté, au statut de groupe incontournable des ondes radios ? Personne ne peut le dire, encore moins eux, mais il est incontestable que cet album arrive au meilleur moment. Alors que The Shins ou The Klaxons font un carton avec un rock de minets aux jeans artificiellement usés, qui se réincarnera probablement en yé-yé du deuxième millénaire, The Elderberries allume un ampli crade et s’installe aux commandes d’une batterie assommante. Associez à cela un chanteur que l’on appellera « Monsieur 100.000 volts ». Wo-oh-Ouh-oh. Knock-Out. Le rockband nous met à terre avec ses lignes tendues de guitare, à chaque fois à la limite d’un stoner façon Queens Of The Stone Age ou d’un hardrock de famille, cocktail Black Sabbath.
Solos rares et pour l’occasion endiablés, The Elderberries met à sac la sensibilité ou le tact des formations politiquement correctes actuelles. Les cinq, moitié chevelus, moitié pantalon moule-bijoux-de-famile, sont (pré)formatés pour casser de la pop de dandys trônant au sommet des charts. On peut douter de l’arrivée en playlist d’un titre comme « Double Demons », à l’odeur de sueur fermentée qui pique les nasaux. Ne prenez pas de douche avant la fin de l’album, vous aller transpirer d’excitation. Du rock’n’roll qui ne veut pas s’arrêter. Une sorte de The Elektrocution sans le côté underground qui tâche, un frère de The Hushpuppies avec des couilles. Un lapin Duracell en train de limer après s’être pris un coup de jus.
Jeunes, féroces et avec l’envie de bouffer du bitume, les cinq membres de The Elderberries ne devraient pas tarder à vous toucher, vous aussi, car personne n’est à l’abri d’une tarte dans sa gueule, comme disait Freud… euh … Fred.
.: Tracklist :.
01. Laying low
02. Once or Twice
03. Runnig for life
04. I Wanna bit
05. Double Demons
06. Like a bull
07. Gotta get me good
08. The little house
09. What you gonna do ?
10. Looking for a place to go
11. Overdose
12. Shoot for the money