Un an après Three Imaginary Boys (premier album suivant le mouvement post-punk alors entamé par Siouxsie And The Banshees et Joy Division) et l’unique 45 Tours du projet parallèle Cult Hero, The Cure, devenu quatuor avec la participation éphémère de Matthieu Hartley, se détache radicalement de ses racines avec la sortie de Seventeen Seconds en 1980. Un disque qui imposera définitivement la noirceur du groupe (« A Forest ») et, à l’instar des deux suivants (Faith et Pornography), deviendra mythique pour toute une génération.
A des années-lumière de ce que deviendra par la suite The Cure avec Kiss Me, Kiss Me, Kiss Me ou Wish, Seventeen Seconds repose essentiellement sur le minimalisme et la spontanéité. Un album qui impose le style du groupe : dichotomie entre la simplicité et la structure complexe.
La majorité des morceaux composant Seventeen Seconds prendront par la suite une autre dimension en live, toujours particulière, et dont le plus beau témoignage reste à ce jour l’album Paris (avec le monumental « Play For Today »), enregistré en octobre 1992 au zénith de la capitale française. Peut-être parce que l'essence de cet opus coule sur un style purement punk, sous-jacent mais purement punk.
Seventeen Seconds, tout comme Faith et Pornography, est un disque incontournable qui comporte malgré lui quelques défauts, défauts qui ont paradoxalement façonné l’originalité des premiers albums de The Cure. Outre une direction quelque peu rectiligne, Seventeen Seconds souffre d’une partie batterie beaucoup trop simpliste (d’aucuns doutaient à l’époque d’une batterie électronique), lui donnant une monotonie un peu excessive, et qui a indéniablement fait vieillir l’ensemble du disque.
Malgré ça, la teneur musicale de cet album a sonné les prémices du rock minimaliste (« In Your House »), de la pop atmosphérique (« Play For Today »), ou encore de la cold-wave (« A Forest », premier hit du groupe), aux côtés de Joy Division et son chef-d’œuvre Closer. La grande particularité de Seventeen Seconds se tient, évidemment, sur la lourdeur noire des synthés et les rythmes peu enjoués de la batterie, mais aussi, voire particulièrement, sur le son des guitares et des basses, empli de réverb' et nouveau pour l’époque.
Cet opus va surtout permettre à Robert Smith et ses acolytes d’accoucher de ce qui restera l’un de leurs meilleurs albums l’année suivante : le brumeux et suicidaire Faith, suite logique à Seventeen Seconds qui verra naître dans la formation ses premiers élans de synth-pop. L’aventure The Cure commence pour trois décennies, hautes en surprises…
.: Tracklist :.
01. A Reflection
02. Play For Today
03. Secrets
04. In Your House
05. Three
06. The Final Sound
07. A Forest
08. M
09. At Night
10. Seventeen Seconds