Précurseurs de la fusion et figure de proue des musiques énervées des années 90 en France, No One Is Innocent démarre une nouvelle vie en 2004, en se reformant autour de Kemar, son chanteur emblématique. Deux albums, Revolution.com (2004) et Gazoline (2007) voient le jour avec un succès plutôt mitigé malgré des textes toujours aussi revendicatifs. Avec Drugstore, No One Is Innocent semble se renouveler en proposant des compositions au style propre.
Si vous avez en tête les deux précédents albums du groupe, vous vous rappellerez probablement de l’influence conservée de la première époque du groupe : des grosses guitares, un chanteur très présent et une volonté de mettre en avant une fusion des genres rappelant très souvent Rage Against The Machine ou quelques grands noms. Pour la première fois depuis la reformation de No One Is Innocent, le groupe semble vouloir nous proposer une nouvelle direction artistique. Plus d’originalité, plus d’exploration et plus de singularité dans les compositions sont les maitres mots de Drugstore.
Le titre introductif de l’album, « Cheri Moog », est révélateur de cette volonté d’essayer de nouvelles combinaisons. Ce morceau lent tient essentiellement sur l’utilisation des machines, Kémar est absent ainsi que les guitares. Une révolution pour No One Is Innocent ? On commence à le croire avec les morceaux suivants, « Drugs » et « Paris », qui laissent eux aussi beaucoup de place aux mélodies dansantes, écartant les standards rock du groupe. Lorsque les guitares pointent le bout de leur manche, il est rare que les notes soient agressives, No One Is Innocent imagine plutôt de nouvelles combinaisons mélangeant le rock à la techno, au blues et à la chanson. Le résultat est efficace : des textes incisifs sur une base instrumentale dansante. « Le Monde Entier » redonne vie à l’énergie du groupe et sera probablement l’un des titres phares de la tournée du groupe ; tandis que « Johnny Rotten » qui raconte l’histoire de la rencontre de No One Is Innocent avec les Sex Pistols au festival de Bobital, sera probablement le titre défouloir du groupe sur scène : son sourd, batterie épileptique et guitares extatiques. A noter l’apparition brève de Guizmo (Tryo) sur le morceau « Qui je suis ». Morceau blues, rappelant les origines arméniennes de Kémar et abordant la profondeur d’une crise identitaire.
Drugstore est un album plus personnel qui exprime toute la singularité de No One Is Innocent dans le paysage musical français. Sur la piste de danse, les enragés construisent des barricades.
.: Tracklist :.
1. Cheri Moog
2. Drugs
3. Paris
4. Le Monde Entier
5. Les Opposants
6. Qui Je Suis
7. Come On
8. Hurry Up (city boys)
9. K.O
10. The Doll
11. Johnny Rotten