Retour sur une très bonne surprise électro-rock de l'an dernier : MGMT, ex-The Management, qui est en train d'exploser dans les oreilles de tout le monde en laissant un beau bordel derrière son passage dans les salles de concerts. A l'occasion de leur tournée prévue novembre 2008 en France, avec passage à l'Olympia s'il vous plaît (ce qui fait toujours « class » même si on laisse jouer vraiment n'importe qui là-bas de nos jours), l'occasion est donc bienvenue de s'en farcir une tranche de plus, en attendant le prochain bébé.
« Tiiiiime to pretend, Tiiiiiiiiiime to pretend ! » Ben non, ils ont pas fait que celle-là. Précisons tout de suite que si Ben Goldwasser et Andrew VanWyngarden sont les deux membres de MGMT que l'on voit le plus, sur les affiches, à la télé ou dans le magazine posé à côté de votre royal trône, la formation compte aussi d'autres artistes, tout aussi importants mais simplement plus en recul, du simple fait que ce sont les deux premiers qui sont réellement à la base du groupe. En 2007, après cinq ans d'hésitations, de créations, etc, ils sortent donc Oracular Spectacular sous l'égide de Sony Records. Succès immédiat. On se les arrache, on les veut partout, et ils vont partout. Tournée après tournée, leur réputation s'affirme, et MGMT apparaît aujourd'hui comme le groupe capable, selon les chemins qu'ils prendront, de poser de nouveaux jalons et peut-être même de faire oublier les sacro-saints Justice qui sont… on ne sait trop où, d'ailleurs.
Oracular Spectacular est un album aux sonorités très rock, bien qu'électriques. S'il s'écoute aisément et commence avec " le " titre « Time To Pretend », devenu un hymne rock par excellence, on sent très bien aussi que le talent émanent de l'album est dû à un gros travail de production, qui a aidé MGMT au moins presque autant que le potentiel créatif de ses artistes à se forger une identité sonore bien définie. Une des clefs du succès, d'ailleurs. On sera peut-être surpris de constater, dès la première écoute, la maturité musicale de ces jeunes musiciens, qui proposent un travail évident de recherche au travers de titres comme « Pieces Of What » ou « Electric Feel », au refrain entêtant et potentiellement diffusable autant sur Radio Nova que dans les clubs électros de la Côte d'Azur. On sent encore cependant un album « multi-facettes » au niveau de la création proprement dite. Il suffit pour cela de comparer un titre comme « Time To Pretend », construit dans le ressenti, à « Of Moons, Birds and Monsters », qui présente un son bien plus pensé dans son élaboration.
Dès lors, quid de l'évolution future d'une formation à l'évidence de qualité, mais qui n'a pas fini de creuser ? Comme les chercheurs d'or du Yukon, qui ne savaient certainement pas où ils allaient mais y allaient quand même, MGMT sillonne les galeries des perspectives qui s'ouvrent à eux, et il y a fort à parier qu'ils extrairont une pépite bien plus grosse que celle qu'ils ont déjà ramené de leur univers étrange et lointain. Le prochain opus est donc très attendu, et il sera intéressant de voir comment MGMT, lancé à deux cent à l'heure par le succès d'Oracular Spectacular, aura négocié un tel virage. Au vu de ce premier album, il serait en tout cas étonnant de voir le groupe américain s'embourber dans le stérile, car résolument, quand on sort un premier coup de griffe aussi caractériel, nul doute que la patte qui se cache derrière dissimule un monstre d'ingéniosité musicale.
.: Tracklist :.
01. Time to Pretend
02. Weekend Wars
03. The Youth
04. Electric Feel
05. Kids
06. 4th Dimensional Transition
07. Pieces Of What
08. Of Moons, Birds, and Monsters
09. The Handshake
10. Future Reflections