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Chronique : Kidneythieves – The Mend

Le succès est parfois étonnamment capricieux.  Formé à la fin des nineties, Kidneythieves avançait assurément tous les arguments pour exploser. Riffs costauds, décharges indus à la NIN, chant mélodique, aérien et puissant. Du tout bon. Sans verser dans les facilités néo de l’époque, les Kidneythieves déroulent en début de carrière deux albums exigeants, accessibles et indispensables. Deux pièces maîtrisées et sublimées par la voix unique de Free Dominguez. Malgré une mise en lumière via quelques OST grand public – Queen of the Damned, Bride of Chucky –, la formation se dissout… pour mieux renaître quelques années plus tard. En autoprod, Kidneythieves poursuit depuis son bout de chemin.  Longuement attendu, The Mend surprend. Une fois de plus.

Affranchi de tout label, Kidneythieves bosse comme ses deux musiciens l’entendent. Resserré autour du binôme historique Free Dominguez – chant – / Bruce Somers – tout le reste –, le groupe tourne peu, communique uniquement au besoin, enregistre sans pression. Lien de cause à effet direct : Kidneythieves prend son temps. Cinq longues années séparent donc ce quatrième full-lengh de The Invisible Plan, EP d’une rare qualité mais néanmoins rachitique – 5 titres, basta –. Pour The Mend, les deux zicos doublent le menu mais ne font pas dans l’excès. 10 compos, environ 40 minutes. C’est court, d’autant plus lorsque l’on constate a qualité d’écriture dont profite l’album. Non contents de répliquer la formule du passé, les Kydneythieves trompent leur monde le temps d’un titre d’ouverture dopé aux amphétamines avant de dérouler les boucles électroniques, les samples et autres bidouillages synthétiques. La guitare de Somers hante le tout de façon presque fantomatique, explose certes de ci et là mais sans vraiment prendre le pas sur les machines. Déroutant de prime abord – « In Love with a Machine », pur instant de dérive  sous acides –, le disque reste pourtant fidèle à son l’approche initiale : celle d’un groupe qui expérimente, explore, conjugue à l’envie rock, trip-hop, indus. Si The Mend lorgne davantage vers l’électro – tout le contraire de Invisible Plan – , Somers et Dominguez parviennent à conserver le « son » Kidneythieves. La touche noire, envoûtante et hypnotique qui tient pour beaucoup dans le chant, une nouvelle fois virtuose.

Free Dominguez virevolte. Littéralement. Habitée par la grâce, cette dernière navigue haut, très haut. Ses lignes vocales ne sont pas sans rappeler quelques figures incontournables de la scène trip-hop anglaise – Lamb, pour ne citer qu’un groupe culte – et donnent corps à un chapelet de refrains redoutables d’efficacité. La chanteuse témoigne ici de toute l’expérience acquise sur ses albums solos, plus épurés, en prouvant qu’elle peut aussi bien illuminer un morceaux de néo-rock à l’ancienne – le fameux « Fist Up » d’ouverture – qu’une compo mid-tempo dépouillée en grattes , exercice forcément ultra-exigeant – « Kushcloud », « The Solution is in the Trees » –. Remarquable.

Financé pour partie par les fans via une campagne Kickstarter, The Mend n’est disponible que via le site du groupe. Une bien faible exposition pour un disque qui explose avec une telle maestria les barrières. Les Kidneythieves proposent ici une expérience intense, bardée de contrastes et dépourvue de temps mort. Un chef d’œuvre.

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