Biffy Clyro, par chez nous, on connait toujours aussi peu. Mais ceux qui ont eu vent de l’énergie du combo à défendre leur musique ne peuvent qu’espérer une percée dans l’hexagone. Et ça ne serait que justice au vu de la qualité de leurs albums, ayant évolué d’un post-hardcore de chiens fous à une power-pop ultra addictive. L’album Puzzle avait convaincu, n’importe quel groupe en devenir aurait vendu son âme pour composer un tel réservoir de tubes. Peu de raisons pour le combo écossais de revenir à leurs débuts, car, bien qu’ayant du mal à faire leur nid chez nous, ils font maintenant partie du paysage rock d’outre-manche. Only Revolutions, leur dernier bébé, est donc un nid de promesses.
On avait entendu apparaître des orchestrations sur Puzzle, Only Revolutions les voit prendre une place conséquente. Dès le morceau d’ouverture, « The Captain » la grosse cavalerie de cuivres débarque, et décontenance un peu par son aspect un peu plastoc. Pourtant, le pré-refrain fait honneur au morceau, qui finit par nous embarquer. Pas de retour aux sources pour cet album, on en est maintenant certains. On navigue entre la ballade pop-folk de « God & Satan », très BO de teenage movie mais appréciable comme un bonbon, à la power-pop d’un Foo Fighters ou d’un QOTSA en plus mélodique. Le titre « That Golden Rule » apporte ce côté épique qu’a su développer Biffy Clyro au fil du temps, avec un final dantesque, qui suit un morceau aux couplets rauques et aux refrains plus nuancés. « Boom, Blast & Ruin » fait penser à Puzzle, pour son côté simplement efficace, sans fioritures, et qui impose le groupe comme un des nouveaux maîtres de cette scène alt-rock engliche pour ados sous amphètes. On pourrait presque penser aux compatriotes de Hundred Reasons. Mais Biffy Clyro, sur certains morceaux, place la barre plus haut. « Bubbles » se lance dans le grand défi « composez le refrain le plus addictif de l’univers sans tomber dans le potache » tenté par tant de groupes, et réussit son coup. Assurément le highlight de l’album.
Cependant, contrairement à Puzzle, l’album n’est pas d’une égalité parfaite dans sa durée. Déjà entendu il y a plus d’un an de ça, le poussif « Mountains » et sa deuxième partie de refrain pourtant pas dégueu n’arrive pas à mettre le feu à nos âmes. « Know Your Quarry », qu’on imagine composé très simplement, avec une bonne gratte sèche, souffre de l’enrobage clavecins-guimauve qu’on lui a affublé en studio. Quelques morceaux « vraiment pas mal, mais bon », tel que le très poppy « Shock Shock » ou le semi-groovy « Born On A Horse » nous font dire que le groupe tient quelque chose, mais qu’il pourrait pousser la composition un pue plus loin. Il nous le prouve pourtant par ailleurs, notamment avec l’inattendu « Cloud Of Stink », qui mélange très grosses grattes, rythme soutenu, entrelas de voix complètement fun sur l’intro, bref, un morceau à tiroirs vraiment bien foutu et sans prétention.
Les Biffy Clyro ont une espèce de science infuse lorsqu’il s’agit de pondre des tueries addictives. Sans prendre le créneau du rock faussement rebelle pour jeunes adultes (Bloc Party, Arctic Monkeys…) ni tomber dans l’emo-midinette, la troupe de Simon Neil fait juste du bon son, accessible, à peu près sincère, et s’inscrit dans une bonne petite scène alternative anglaise (Reuben, Hundred Reasons, 65daysofstatic…). Leur tournant moins braillard et plus digeste est tout à leur honneur. Mais si, sur Puzzle, la pilule passait en douceur, on sent que le potentiel n’est pas exploité à fond ici. Il y a des perles, mais aussi un poil de remplissage, un peu trop gnangnan à notre goût. Dur de réitérer quand le saut d’avant était un record, hein ? Reste que vous pouvez vous mettre Only Revolutions dans les oreilles sans crainte, y’aura forcément un peu de matos qui vous donnera le sourire.
.:Tracklist:.
01. The Captain
02. That Golden Rule
03. Bubbles
04. God & Satan
05. Born on a Horse
06. Mountains
07. Shock Shock
08. Many of Horror
09. Booooom, Blast & Ruin
10. Cloud of Stink
11. Know Your Quarry
12. Whorses