Révolutionner le petit monde du death mélodique aux encornures thrash relève presque du coup de génie tant les formations tendent aujourd’hui à reproduire leur son à l’infini. The Haunted s’y est risqué avec brio, perdant néanmoins une partie de ses auditeurs au passage. Les musiciens de The Duskfall ne se sont pour leur part jamais engagés dans l’épineux chemin du changement, livrant avec leur précédent opus Lifetyme Supply Of Guilt un disque dépourvu de toute originalité qui en avait laissé plus d’un sur le carreau. En sera-t-il autrement pour The Dying Wonders Of The World ? La Réponse tend vers la négative.
The Duskfall reste The Duskfall, et les trois années séparant ce nouvel opus de son prédécesseur n’auront en rien endiguées la volonté des musiciens de livrer un album qui s’inscrira directement dans la veine de leurs livraisons antérieures. Car c’est presque devenu une tradition, The Dying Wonders Of The World ne présente une nouvelle fois aucune volonté d’innovation. Et ce n’est finalement pas un mal, tant ce disque s’avère explosif, direct et bien ficelé, suffisamment concis (neuf titres au compteur) pour ne pas donner l’impression de tourner en rond. L’album n’est peut nullement être reçu comme une déception dans le sens ou l’on attendait guère plus de la part du quintet, qui s’acquitte donc une nouvelle fois de sa mission avec les honneurs et balance une série d’uppercuts bien sentis, malgré une similarité à tel point flagrante que l’on peine à différencier chaque titre de son prédécesseur. The Duskfall livre en effet avec The Dying Wonders Of The World neuf morceaux à l’efficacité renversante, certes battis autour d’une ossature couplet / refrain / couplet sans déborder des timings standards mais posés sur bandes avec un savoir faire indéniable et une science de la composition qui cogne dur. The Duskfall est un pur groupe comme seule la suède pouvait en produire, concentré énergique de death et de thrash virulent directement inspiré des travaux d’In Flames période pré-Soundtrack To Your Escape, le tout témoignant néanmoins de mélodies cependant hautement abordables pour un néophyte. Seule nouveauté plus qu’anecdotique, The Duskfall teinte de si et là ses instrumentations d’incursions de clavier (« I've Only Got Knives For You »), instrument plus que discret qui sans desservir la musique du quintet n’amène aucune valeur ajoutée à celle-ci.
Pour le reste, les riffs acérés et saccadés prodigieusement mis en valeur par la production dopée aux amphétamines de Daniel Bergstrand sont déroulés sur une rythmique épileptique qui galope quasiment sans temps mort. Un tempo relevé qui ne se voit interrompu qu’à l’occasion de quelques refrains ultra-catchy et rebondissants évitant heureusement le piège du surplus de mélodies faciles (le très bon « The Option And The Poison », « Deep In Your World », un « Paradises Into Deserts » puissamment écrasant) ainsi que pour un morceau de conclusion plus que réussi amenant cette fois des évolutions majeures de part son penchant très mélodique ainsi que la superposition des couches instrumentales comme vocales. Le dangereux traquenard du chant clair incohérent est soigneusement écarté des tirades vocales de Kai Jaakkola, et pourtant ce titre de conclusion laisse planer la certitude que le frontman en est plus que capable. Qu’importe, tant celui-ci parvient à moduler son spectre vocal grave et hurlé à merveille afin de ne faire preuve à aucun moment d’un quelconque sentiment de répétitivité (« The Wheel And The Blacklight », « Sealed With A Fist »). The Dying Wonders Of The World est d’autant plus recevable qu’il est une nouvelle fois emballé dans une virtuosité technique appréciable, la paire de guitariste se fendant sans rechigner d’envolées solistiques d’obédience old-school passés les deux tiers du morceau.
The Dying Wonders Of The World est au final un excellent disque dans son registre, ainsi que l’un des meilleurs pondus par la scène suédoise ces derniers mois. En supprimant les mots évolution et originalité de son langage, The Duskfall se ferme définitivement les portes d’une future érection aux panthéons des groupes qui comptent véritablement, mais met par ailleurs de côté le sentiment de déception procuré par les changements parfois mi-figue mi-raison dont se sont rendus coupables d’excellents groupes comme In Flames.
.: Tracklist :.
01. Paradises Into Deserts
02. The Wheel And The Blacklight
03. Deep In Your World
04. Some More Sin On My Burden
05. Shadows And Cancer
06. Bring Us Your Infected
07. The Option And The Poison
08. Sealed With A Fist
09. I've Only Got Knives For You