Autant l’annoncer d’entrée de jeu : rarement une démo enregistrée en auto-production ne s’était avérée aussi prometteuse. Formé au cours de l’année 2002, Rageart n’aura pas hésité à tenter l’expérience du studio dès les premiers mois avec un premier essai du nom de Prélude, assurant par ailleurs le show partout ou l’occasion lui en était donnée. Un rythme de vie effréné qui porte aujourd’hui ses fruits avec ce second EP de neuf titres.
Un peu à l’image d’un Fear Factory, Rageart explore les différents genres métalliques, saupoudrant sa recette d’une dose d’électronique bien sentie, mixant de nombreuses et différentes sonorités qui cohabitent sans se bousculer. En à peine quelques secondes, Virtual captive, hypnotisant l’auditeur dans un tissu complexe, qui bien que radicalement éloigné des standards, n’en reste pas moins accessible. Les boucles électroniques lancinantes viennent se greffer à merveille sur les accords sur les accords des deux guitares, chaque élément venant trouver sa place sans jamais paraître superflu. Le groupe n’hésite pas à camoufler l’orage par des nappes envoûtantes et synthétiques, laissant quelques instants plus tard échapper un véritable déluge de sons saturés (« Virtual », l’envolée sous acides « Paradise »). Un voyage à travers des montagnes russes d’ambiances loin d’être offert par toutes les formations jouissant pourtant d’un support médiatique important, et d’autant plus remarquable lorsqu’il s’agit de cinq jeunes espoirs de la scène metal. Car proposer de telles variations dans un si court essai, voire bien souvent dans une unique composition, relève d’un véritable talent de composition, qui pourrait bien devenir encore plus redoutable avec les années.
D’une plage atmosphérique (« An Other Way »), Rageart se permet de dériver sans aucune cassure dans l’homogénéité de son disque vers un morceau aux enluminures reggae-rock (« People »), muant quelques mesures plus tard sur un tabassage rythmiques savamment relevé de hurlements qui ne manqueront pas de déclencher un savoureux sursaut. Si le quintet maîtrise déjà parfaitement sa formule au niveau des instrumentations, le travail apporté sur les vois d’Ostro et de Manu s’avère tout aussi soigné. Mélodiques et bien souvent superposées, les incursions de hurlements sur les lignes de chant n’en sont que plus percutantes et fédératrices (les refrains de « Virtual », les explosions en crescendo de « My World »). Les voix évitent également d’envahir tout l’espace, laissant lorsque cela s’avère nécessaire le champ libre à la beauté des instrumentations. Pour le peu de moyens dont dispose le groupe, la production reste de plus très bien effectuée, reflétant parfaitement les différents contrastes amenés par la musique de Rageart.
D’un point de vue strictement commercial, Virtual n’aura peut-être rien pour concurrencer les grosses pointures de l’industrie musicale. D’un point de vue artistique, si. Et même plutôt mille fois qu’une.
.: Tracklist :.
01. Intro
02. Virtual
03. Paradise
04. An Other Way
05. Warp Sting
06. My World
07. Cocoon
08. People
09. Fever