Malgré leur récent succès à l'eurovision, le metal en Finlande s'avère loin de se limiter aux monstres de Lordi. Comme en témoigne cette victoire, le pays est même plutôt ouvert sur la scène saturée, favorisant probablement l'éclosion d'excellente formations telles qu'Insomnium ou Noumena. Déjà coupable de nombreuses démos ainsi que d'un EP il y a seulement quelques mois, le quintet signe avec Anatomy Of Life son troisième opus en plus de huit ans d'existence.
Bien que relativement inconnus pour ce qui est de la France , Noumena possède néanmoins de nombreuses cordes à son arc. Certes, Anatomy Of Life n'est en rien un monument d'originalité, et n'en a pas ailleurs nullement la prétention, mais s'avère diablement bien construit et orchestré. Si l'on peut sans problème coller une étiquette death mélodique sur le front de ces cinq musiciens aux noms imprononçables, leur musique reste peut-être encore plus facile d'accès que la plupart des groupes évoluant dans le même registre. Noumena équilibre en effet sa formule à l'envers. Si d'ordinaire le genre expose une bonne dose de death couplée à une louche moins importante de mélodies, Anatomy Of Life se veut être exactement le contraire (« Misanthropolis », « Retrospection »). Ce qui n'empêche pas ce second essai de présenter une lourdeur extrêmement pesante au niveau des instrumentions (« The Burning », « Fire And Water », qui débute dans la douceur avant de basculer dans les ténèbres), véritables tourbillons de sentiments sombres et intenses. L'écoute se veut de plus facilitée par la construction des compositions, car si Noumena ne s'approche absolument pas d'une structure radiophonique répétitive (les morceaux se s'étirant qu'à deux occasions au-delà des six minutes), l'auditeur n'aura à fournir aucun effort pour trouver ses repères dans les morceaux.
Tous ces points relatifs à une assimilation plus rapide ne sont néanmoins aucunement des aspects négatifs pour Noumena, qui conserve par ailleurs une totale authenticité et un niveau technique plus qu'intéressant. Les tirades de guitares s'envolent toutes les trente secondes, les musiciens ralentissant la cadence avant de repartir avec frénésie (« Marionettes »), couchant sur bande neuf morceaux vallonnés et totalement prenants. Mais le plus surprenant se trouve peut-être dans de la voix principale qui reste typiquement death, n'exposant à absolument aucun moment une quelconque envie de chant clair. Le timbre de Antti Haapanen est en effet caverneux et profond (« The Burning », « Triumph And Loss »), ce qui contraste fortement avec certains choix opérés au niveau des instrumentations. La formation trouve une nouvelle fois la parade au sentiment de lassitude que celle-ci pourrait provoquer à la longue, en greffant à ses tirades gutturales une multitude de voix secondaires. Les deux guitaristes Tuukka Tuomela et Ville Lamminaho, tous deux dotés par mère nature d'un organe vocal plus mélodieux, viennent donc apporter leur soutien à quelques moments clés, sans abuser sur le nombre de leurs interventions. Une présence féminine vient également apporter un semblant de grâce à l'ensemble, amenant sur trois titres (« Monument Of Pain », « Triumph And Loss » et « Through The Element ») des cassures cristallines et bienvenues.
Avec Noumena et ce très bon nouvel opus, la scène Finlandaise prouve une nouvelle fois et à peine six mois après la claque assénée par Insomnium tout son potentiel. Les groupes de metal originaires de ce pays se bousculent au portillon, et on ne risque pas de s'en plaindre si le niveau demeure aussi élevé.
.: Tracklist :.
01. Misanthropolis
02. Burden Of Solacement
03. Retrospection
04. The Burning
05. Monument Of Pain
06. Triumph And Loss
07. Marionettes
08. Through The Element
09. Fire And Water